Affiche française
COLLINE A DES YEUX - LA | THE HILLS HAVE EYES | 1977
Affiche originale
COLLINE A DES YEUX - LA | THE HILLS HAVE EYES | 1977
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Colline a des yeux - la

The hills have eyes

C'est en se rendant en Californie que la famille Carter va être confrontée à son destin. En prenant un chemin de traverse à la recherche d'une ancienne mine, le père n'y gagne qu'un arrêt forcé au milieu de nulle part. Mais, pas vraiment seul. Du haut des collines, une famille de sauvages observe ces intrus qui empiètent sur leur territoire. La nuit s'annonce sanglante.

COLLINE A DES YEUX - LA | THE HILLS HAVE EYES | 1977

Dans les années 70, le nom de Wes Craven est attaché à plusieurs productions undergrounds : "La Dernière Maison sur la gauche" et "La colline à des yeux". Il faut se replacer dans le contexte de l'époque pour bien apprécier la portée politique et sociologique de tels films. Les Etats-Unis d'Amérique viennent de subir une défaite militaire au Viêt-Nam, et c'est là que certains se mettent à émettre des doutes sur la supériorité de l'homme dit "civilisé".
Pendant que Ruggero Deodato se lance dans le film de cannibales ("Cannibal Holocaust"), des néophytes réalisateurs américains (avec le peu de moyens dont ils disposent) font scandale. C'est dans la vague initiée par Tobe Hooper avec son "Massacre à la tronçonneuse" que se lance Wes Craven.

Pourtant rien ne prédisposait cet ancien professeur de littérature anglaise à se cantonner au cinéma d'horreur. Après "La dernière maison sur la gauche", Craven tente bien de réaliser une comédie, mais sans succès. Définitivement attaché au cinéma fantastique et d'horreur, le jeune metteur en scène va accepter la proposition de Peter Locke, un ami réalisateur : faire un film proche dans la thématique de "La dernière maison…". D'abord intitulé " Blood Relations ", c'est finalement le choix de "La colline à des yeux" qui est retenu.
Craven s'inspire pour son scénario d'une histoire remontant au XVème siècle, où une région reculée de l'Ecosse fut la proie d'une famille retournée à l'état sauvage, et qui s'adonnait au cannibalisme. La réaction de la monarchie fut implacable : condamnant les "sauvages" aux pires tortures (pieds coupés, brûlés vifs, etc.). Finalement, d'une histoire (vraie) écossaise, on en fit une histoire se déroulant dans le désert américain, dans des terres à l'abandon.

Avec un budget des plus minces (230 000 dollars), Craven et son équipe se mettent à tourner dans des décors réels, et des conditions qui seraient insupportables pour la moindre vedette hollywoodienne. La production a recours à des acteurs débutants, et qui ont tout à prouver. Parmi eux, nous retiendrons particulièrement Dee Wallace Stone (la future héroïne de "Hurlements" de Joe Dante) qui s'implique à corps et à cris dans son rôle. Une implication émotionnelle qui force le respect. Il est regrettable que parmi les autres acteurs jouant la famille "naufragée du désert", Robert Houston et Susan Lanier n'aient plus fait parler d'eux par la suite. Contrairement aux stéréotypes de n'importe quel film de "drive-in", la blonde Susan Lanier se trouve finalement assez forte pour surmonter les épreuves, dont celle de se faire violer, ou encore la peur de voir mourir son bébé. Du côté des cannibales, c'est la gueule de Michael Berryman (Pluton), qui passera à la postérité, contribuant à la célébrité de l'œuvre. Au petit jeu des références du second film de Wes Craven, l'on notera le clin d'œil fait aux "Dents de la mer" via une affiche représentant le requin géant !

Il serait vain de déceler dans "The Hills Have Eyes" une avalanche de scènes chocs : un chien avec les tripes à l'air (l'effet n'est pas truqué, il s'agit d'un vrai chien mort trouvé dans les environs du tournage), le père sacrifié de façon christique, Pluton attaqué par le chien… La force du film reposant sur une ambiance, parfaitement rendue par l'utilisation d'un décor rocailleux hostile. Le ciel au coucher du soleil est annonciateur d'une nuit hostile, de même que le vieil homme rencontré par la famille Carter.
Férocité et sauvagerie se retrouvent des deux côtés, et montrent à quelles extrémités l'homme est contraint pour assurer sa survie. Au final, l'œuvre choqua et dérangea les esprits. On n'est guère surpris de l'accueil négatif du film à l'époque (y compris encore de nos jours notamment dans un certain magazine -Mad Movies pour ne pas le citer- soit-disant défenseur du genre et qui crâche sur l'un des meilleurs représentants de l'étendard du cinéma horrifique).

Il n'est guère étonnant de voir le projet de remake de ce film (confié au prometteur Alexandre Aja), qui est le symptôme d'un pays malade. En tout cas aux yeux du démocrate Wes Craven, qui y voit là l'occasion de donner un coup de pied dans le train-train du conformiste de la middle class.

Oscillant entre le film documentaire (Cf. " La dernière maison sur la gauche ") et un film mieux maîtrisé (la bande son est purement géniale, et provoque encore bien des frissons), "La colline a des yeux" nous révèle qui nous sommes vraiment, nous, les hommes de la soit-disant civilisation. Bien qu'un peu vieilli sur le plan formel, l'impact du film reste sur le fond toujours d'actualité.

COLLINE A DES YEUX - LA | THE HILLS HAVE EYES | 1977
COLLINE A DES YEUX - LA | THE HILLS HAVE EYES | 1977
COLLINE A DES YEUX - LA | THE HILLS HAVE EYES | 1977
Note
4
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Gérald Giacomini