Deathgasm
Deathgasm
Dans une petite ville paisible, le jeune Brodie décide de monter un groupe de métal répondant au doux nom de « Deathgasm » avec ses deux amis et un certain Zakk, rencontré dans un magasin de musique quelques temps auparavant.
Ensemble, ils vont essayer de jouer une partition découverte chez un ancien chanteur de groupe de métal et dont ils ignorent totalement les origines. Sans le savoir, nos musicos vont alors déchainer les Enfers, cette partition maléfique permettant au plus puissant des démons de venir sur Terre pour y semer le chaos. Très vite, une partie de la population de cette petite ville pourtant si calme et si tranquille va se transformer en démons assoiffés de sang !
Ah la Nouvelle-Zélande ! Outre ses paysages de toute beauté (que nous pouvons admirer en partie dans la fameuse trilogie du « seigneur des anneaux »), cette petite nation de l’autre côté du planisphère nous concocte parfois de bien belles surprises dans le domaine du fantastique et plus particulièrement dans la comédie horrifique. Trash, gore, humour décalé… Plusieurs films ont déjà percé dans les festivals internationaux, laissant derrière eux une belle empreinte et de très bons souvenirs pour les festivaliers, ravis d’avoir pu rire aux éclats dans des salles bien souvent remplies au taquet. Citons bien-entendu les chefs de file que sont les fameux "bad taste" et "braindead" de Peter Jackson mais n’oublions pas également d’autres curiosités très recommandables que sont par exemple "black sheep" ou "what we do in the shadows" et pourquoi pas aussi un certain "housebound".
Plus connu pour ses travaux chez Weta Digital en termes d’effets spéciaux numériques dans des films tels que "avengers", "prometheus" ou encore la trilogie du "Hobbit", Jason Lei Howden est également passé à la réalisation avec un premier film intitulé "deathgasm".
Projeté dans de nombreux festivals en 2015 (citons principalement le SXSW Festival, le Fantastia Film Festival, le Frightfest London, le Fantasy Film Festival Germany sans oublier le PIFFF et le NIFFF), le premier film de Jason Lei Howden a fait couler pas mal d’encre (publicités, sites Internet, magazines spécialisés) durant quelques mois avant de tomber dans l’oubli.
Plusieurs mois après sa première apparition en festival, revenons le temps de quelques paragraphes sur ce petit phénomène ayant fait le tour du globe.
Gore, fun, rythmé, décalé... Tant d’adjectifs fleurissèrent sur le Web pour qualifier le film de Jason Lei Howden suite à ses diverses projections en festivals. Et effectivement, le film sent bon le gros délire parfaitement assumé et ce dès les premières minutes qui nous plongent dans le quotidien de notre héros Brody. Un quotidien peu habituel fait de tracas en tous genres, de moqueries à l’école, d’amourettes compliquées et de divergences artistiques au sein de sa propre famille, mais un quotidien surtout rythmé au son des guitares électriques, à la percussion des batteries et aux voix de ses chanteurs de métal préférés.
Car oui, et c’est la grande particularité de notre film chroniqué ici, "deathgasm" nous entraîne dans l’univers très bruyant du métal mais plus particulièrement du grindcore, du black metal, du death metal et autres joyeusetés qui font bien souvent fuir les parents peu habitués à écouter dans les décennies précédant les eighties ce genre de musique.
Difficile pour notre réalisateur de cacher son attirance pour ce genre musical qu’est le métal tellement les clins d’œil sont nombreux tout au long de son film. Votre rédacteur ayant lui-même grandi avec ce style de musique bien particulier (je me rappelle encore avoir ramené en CM2 à une maîtresse quelque peu prout-prout la chanson « the trooper » d’Iron Maiden en guise de musique préférée à partager avec l’ensemble de la classe... Mais bon ceci est une autre histoire !), c’est avec plaisir que nous découvrons ici les sympathiques clins d’œil à des formations telles que Metallica, Manowar, Kiss, Immortal, Cannibal Corpse et autres Ozzy Osbourne. Il faut bien l’avouer, cela fait un bien fou d’être plongés dans ce type d’ambiance trop peu présente au cinéma (nous pouvons retenir principalement le cultissime "spinal tap" ou encore plus récemment "cradle of fear" et "the devil’s candy" pour les bandes originales typées métal notamment...).
Ambiance métal oblige, nous parcourons le monde des métaleux au travers d’une boutique de vinyles (ah ces fameuses pochettes de vinyles très graphiques, tantôt gores tantôt sombres et macabres !), en passant par l’enregistrement de morceaux dans le garage familial, le tournage d’un clip dans la forêt avec peintures sur le visage façon Kiss ou encore Immortal (pour ne citer qu’eux) sans oublier le peut-être trop cliché penchant vers l’occultisme et les histoires de démons dont font preuve nos insouciants métaleux.
Et c’est bien de cela que l’on va parler dans "deathgasm" : des démons. A la manière d’un "evil dead" ou encore "le couvent", nous allons rapidement nous retrouver plongés dans une invasion de personnes possédées, dans un déferlement de séquences gores, inventives et carrément jouissives pour certaines!
Grosse surprise à noter : bien qu’ayant fait ses preuves dans la réalisation d’effets spéciaux numériques, c’est bien ici dans les effets « à l’ancienne » que va exceller Jason Lei Howden ! Quel plaisir de voir de bons vieux effets spéciaux sortis tout droit des années 80 et non pas ces horribles giclées de sang numérisées que l’on nous balance à tour de bras dans de trop nombreuses productions ces dernières années ! Trash et gore, "deathgasm" l’est carrément : attaques à la meuleuse, à la tronçonneuse, à la hache ou encore aux sextoys (godes, vibromasseurs et boules de geishas s’avèrent de redoutables armes et nous offrent là l’une des meilleures scènes du film avec en prime un sympathique clin d’œil à "orange mécanique" avec un phallus en guise d’assommoir !!!), démembrements, décapitations, explosions de crânes, tête coupée de haut en bas, mâchoire arrachée, sexe sectionné ou encore énucléation seront au programme de ce bon gros délire comico-gore.
Mélange de geek-attitude et d’ambiance métal, "deathgasm" réussit à distraire son public grâce à un humour plutôt bien dosé (pas trop lourd, sans trop de gros pétard mouillé), un casting d’honnête facture, des scènes délirantes et saignantes à souhait, sans oublier les sempiternelles poitrines dénudées parsemées par-ci par-là dans notre long-métrage, histoire d’aller émoustiller encore un peu plus la gent masculine, déjà bien excitée dans le canapé devant ces massacres sous fond de hard-rock, la bière à la main et le poing en l’air !
Alors oui, le film peine parfois à garder un rythme soutenu et certaines séquences mettant en scène nos démons peuvent de temps en temps se montrer répétitives. Oui, le scénario ne casse pas trois pattes à un canard reconnaissons-le et semble bien trop se reposer sur cet univers du métal et sur le dégommage de démons à tout va. Mais soyons francs : "deathgasm" se suit agréablement bien et remplit son contrat qui était de proposer à son public un véritable défouloir déjanté, sanglant, trash/gore et drôle tout en conservant cette ambiance métal visiblement chère à notre réalisateur (et clairement réussie il va sans dire).
Dans la culture du heavy metal et du hard rock en particulier, le signe des cornes que nous pratiquons en levant vers le ciel notre index et notre auriculaire est un geste d'approbation et de complicité entre les fans. Alors oui je lève sans hésitation les deux doigts en l’air pour approuver ce bon petit film sacrément rafraîchissant !