Bait

Bait

Après avoir perdu son ami lors d’une attaque de requin, Josh déprime et quitte son travail de sauveteur secouriste sur les plages. Plusieurs mois après cet accident, un tsunami frappe la station balnéaire où il est à présent salarié d’un petit supermarché, inondant l’établissement des rayons jusqu’au parking souterrain.
Un malheur ne frappant jamais seul, deux énormes requins blancs avides de chair fraîche pénètrent dans le supermarché, nageant entre les rayons à moitié submergés sur lesquels se sont réfugiés une poignée de survivants.
Entre sauvetages et tentatives d’évasion, nos malheureux réfugiés vont rapidement comprendre qu’ici ils ne sont pas tout en haut de la chaîne alimentaire…

BAIT | BAIT | 2012

Remarque de la Rédaction : La critique qui suit porte sur le film visualisé en 2D.

Depuis le cultissime "les dents de la mer" ("jaws" pour les aficionados), le film de requin a souvent eu le vent en poupe. Capables de nous pondre de réelles bonnes surprises (en témoignent par exemple des "peur bleue", "la mort au large", "the reef", "open water" ou encore "shark 3D"), des bizarreries drôles mais parfois tout juste passables (la saga populaire des "sharknado" ou encore ces étrangetés que sont les "sharktopus" et les "mega shark") ou malheureusement aussi des petites (voire grosses) déceptions ("mort au large", "megalodon" ou encore la saga des "shark attack"), nos cinéastes tentent encore et toujours de surfer sur le succès du film de Spielberg, ce genre particulier qu’est le « shark movie » étant fort apprécié du grand public mais également des fins connaisseurs en la matière.
C’est donc aujourd’hui au tour de "bait", production mixte entre Singapour et l’Australie, de passer à la moulinette de horreur.com !

Alors qu’il devait réaliser ce fameux "bait", le réalisateur australien Russell Mulcahy ("razorback", "highlander", "resident evil extinction" ou encore "résurrection") laissa finalement sa place à un certain Kimble Rendall (à qui l’on doit bien des années auparavant un certain "cut"), faute de planning compatible avec la Production mais peut-être aussi de divergences artistiques… Notre cinéaste océanien demeura toutefois producteur exécutif sur "bait", un projet estimé à environ 20 millions de dollars qu’il est possible de visualiser en 2D ou 3D, à la manière d’un certain "shark 3D" sorti dans cette période également.

Que dire de cet énième film de requin ? Simple resucée de tout ce que nous avons déjà vu auparavant ou réelle bonne surprise ?
Hé bien en fait, c’est un peu des deux, le film de Kimble Rendall n’ignorant pas ses aînés et se permettant pas mal de clichés mais réussissant également le pari d’apporter un petit peu d’originalité à ce genre maintes fois usé au fil de ces dernières décennies.

Alors que "bait" commençait de la façon la plus classique possible pour un shark movie (une plage, des nageurs et une attaque soudaine alertant les gardes-côtes et les sauveteurs), montrant également déjà quelques maladresses dans son jeu d’acteur (la fille qui s’écrie « NNNOOOONNNNN » sur la plage, sautillant sur elle-même et frappant des poings dans l’eau, le regard porté au loin vers son frère qui semble ignorer que sous sa bouée nage un terrible prédateur), nous étions en droit de nous attendre à une belle bêtise bourrée d’ânerie, de poncifs et probablement même d’effets spéciaux risibles au possible. Erreur…

Certes, les incohérences sont parfois de taille (les survivants du tsunami dans le supermarché ne sont finalement que nos petits groupes de personnes présentées juste avant, aucun client ne semblant avoir survécu ; le supermarché est à moitié inondé mais le parking souterrain ne l’est pas entièrement ; nous fabriquons des tenues de protection à l’aide de caddies en un temps record et sans grande aide matériel au départ ; nos requins ont une sacrée détente mais quand ils le veulent uniquement…).
Oui, les personnages sont très stéréotypés (le bogoss écervelé, la blonde apeurée et son petit chien que l’on espère voir bientôt dans la gueule du squale, le vilain méchant tatoué à l’hygiène douteuse, au ricanement idiot et à la grossièreté naturelle, le gentil flic qui veut protéger sa fille kleptomane qui semble n’en faire qu’à sa tête, le braqueur finalement grand cœur, le méchant patron du supermarché qui s’en prend à tout le monde, sans oublier notre héros qui se transformera comme bien souvent en un véritable guerrier pour les besoins du script).
Oui encore, certains effets spéciaux sont très moyens et ces derniers sont bien souvent ceux réalisés numériquement (les effets permis grâce aux animatroniques sont quant à eux réussis en grande partie).

Alors oui, vous l’aurez aisément constaté dans mes quelques paragraphes précédents (se voulant volontairement négatifs sans pour autant être trop agressifs envers le film), nous ne pourrons pas faire que des éloges sur cette série B qu’est "bait". Mais il faut bien admettre que nous avons pourtant là un film de requin d’honnête facture qui vient apporter sa petite pierre à l’édifice sans trop d’encombres.

En effet, malgré un schéma narratif aux allures de déjà-vu, nous sommes surpris de constater que les rebondissements sont assez nombreux au final (tentatives d’évasion, relations humaines, attaques de requin multiples…) et que "bait" se suit agréablement bien, le rythme étant maitrisé et ne présentant pas de réel temps mort.
Nous avions peut-être un peu peur de voir toutes ces interactions entre personnages et tous ces caractères différents chez les protagonistes prendre le dessus sur nos requins et entacher quelque peu le suspense du film (problématiques familiales, complications amoureuses…) mais il n’en est finalement rien et c’est tant mieux! "Bait" ne fait pas dans le « dialogue de remplissage » ni trop dans le gnian-gnian et se permet même un peu d’humour noir bienvenu.

Au diable les bateaux/voiliers, les mangroves, les bayous ou encore les plages très prisées par les touristes, lieux dans lesquels se déroulent généralement les films de requins et de crocodiles : cette histoire se déroulant dans un supermarché tient de nombreuses promesses et permet quelques passages hautement sympathiques et rafraichissants dans ce genre pourtant surexploité (les problèmes d’électricité, les produits et matériels à disposition qui flottent dans l’eau, la présence d’un parking et donc de voitures pour se réfugier, les conduits et les tuyaux par où il est possible de s’échapper…).

Le casting est d’assez bonne facture également et ce malgré les stéréotypes (malheureusement presque inévitables aujourd’hui dans le cinéma de genre) cités avant. Pas de surenchères dans les expressions et réactions des personnages (si ce n’est quelques cris de détresse un brin exagérés) ni de comportement douteux (mis à part le fait de rester tout près de la flotte alors que chacun sait pertinemment qu’un requin sauteur peut les attraper en un coup de mâchoire) : notre galerie de personnages tient plutôt bien la route !

Enfin, en ce qui concerne notre requin (ou plutôt nos requins car ils sont deux), nous apprécierons leur modélisation. Certes, certains effets numériques piquent légèrement la rétine mais de manière générale le boulot est bien fait et nos squales font même parfois froid dans le dos, notamment en vision sous-marine (les scènes se déroulant sous l’eau sont très lisibles et pourront effrayer les moins habitués d’entre nous).
Quant aux attaques des requins, là aussi nos prédateurs ont la part belle du gâteau : membres déchiquetés, corps coupé en deux, effusions de sang… Le spectateur en aura pour son argent !

Comme quoi, même avec de nombreuses lacunes (que nous soulevons sans grande peine avec l’habitude), le film de Kimble Rendall s’avère fort divertissant et réussit même le pari de se hisser parmi les meilleurs shark movies de ces dix dernières années. Rythmé et agressif, "bait" est un film à découvrir !

BAIT | BAIT | 2012
BAIT | BAIT | 2012
BAIT | BAIT | 2012
Note
4
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David Maurice