Cube zero
Cube zero
"Cube Zéro" est une préquelle à l’instar de "Ring 0" c'est-à-dire qu’il s’agit d’un film réalisé après "Cube" et "cube² : Hypercube" mais dont l’action se situe avant ces deux films.
Cinq personnes se retrouvent enfermées dans une pièce cubique et métallique. En cherchant une issue, ils vont découvrir qu’ils sont piégés dans un immense labyrinthe truffé de pièges. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que quelque part au-dessus de leur tête, des ingénieurs les surveillent et étudient leur comportement et leur progression.
Mais lorsque l’un d’eux, Eric Wynn, se rend compte qu’une femme se retrouve prisonnière sans son consentement, il commence alors à s’interroger sur les réelles motivations de ses employeurs. Déterminé à avoir des réponses à ses questions et à sauver un maximum de vie, il va entrer à son tour dans le cube...
Ernie Barbarash n’était pas satisfait par l’honnête "Cube² : Hypercube" qu’il avait produit et coécrit. Il a donc finalement décidé de produire un film reprenant l’idée du cube et de ses pièges meurtriers, tout en expliquant son origine. Naquit "Cube Zéro".
Le pari était risqué : "Cube", film culte de Vincenzo Natali, alliait à la perfection fantastique, interrogation, psychologie et claustrophobie sans donner d’explication. Le spectateur était alors en mesure de s’interroger sur le créateur du cube et ses motivations : le gouvernement ? les extraterrestres ? un milliardaire déséquilibré ?
Quant à "Cube² : Hypercube", film divisant beaucoup plus le public, les pièges étaient plus présents et la fin donnait déjà une réponse plus ou moins convaincante et compréhensible. On est alors légitimement en mesure de s’interroger sur ce "Cube Zéro" : Va-t-il répondre aux interrogations soulevées dans les deux opus précédents ? Les réponses seront-elles convaincantes ?
La réponse est non. Sans dévoiler quoique ce soit du film, "Cube Zéro" ne répond que partiellement aux questions des personnages de "Cube" mais les réponses restent à la fois floues et ne sont pas réellement convaincantes.
L’action est, cette fois-ci, essentiellement centrée sur les deux techniciens qui surveillent et analysent les personnes prisonnières du cube. Et c’est tant mieux ! Les protagonistes piégés dans le cube ressemblent en tout point à ceux vu dans "Cube" et "Cube² : Hypercube" : le black, leader du groupe, le médecin, etc... Aucun d’entre eux n’a une personnalité forte et on a l’impression de se retrouver face à des mous. On ne peut lire aucune surprise sur leur visage et leurs conversations n’ont pas beaucoup d’intérêt (c'est du vu et revu). Le jeu d’acteur est décevant, ils n’y mettent aucune réelle conviction. En bref, le même schéma se reproduit – et cela est sûrement volontaire – mais l’on a surtout l’impression de revoir les deux autres films, le plaisir fortement amoindri.
Les pièges sont également sensiblement les mêmes et n’innovent pas réellement : on retrouve les pièges déjà vu dans "Cube" comme le lance-flamme, les piques qui sortent de toute part, le jet d’acide, etc… Mais là où "Cube Zéro" se distingue, c’est par ses morts, plus violentes et plus sanglantes. Témoin, la première scène du film dans laquelle un homme, Ryjkin, se retrouve aspergé d’un liquide incolore et sans goût. Il pense alors qu’il s’agit d’eau et suce alors ses doigts mais très vite, il est pris d’une envie irrésistible de se gratter. Il réalise, trop tard, que son corps se décompose et se frotte jusqu’à s’arracher la peau.
Malheureusement, quantitativement, le film ne regorge pas vraiment de ces scènes et ne satisfera pas ceux et celles qui s’attendaient à des pièges sadiques. Dommage.
Ceux de "Cube" étaient, à la rigueur, crédibles. Mais dans "Cube Zéro", on tombe dans le n’importe quoi avec des sortes d’antennes géantes qui se déplient et créent un son dévastateur, entre autres… Je vous laisse la surprise mais vous risquez d’esquisser un sourire.
Restent enfin les passages où l’on suit Eric Wynn et Dodd, les ingénieurs chargés de surveiller les prisonniers du cube. Le jeu d’acteur est bien plus convaincant et l’on suit sans déplaisir leur quotidien. La dualité des personnages est également intéressante : l’un, Wynn, s’interroge tout le temps alors que l’autre, Dodd, n’exécute que les ordres.
Le concept est original puisqu’il permet au spectateur de prendre un plaisir presque malsain à "jouer" avec eux. Mais l’idée reste malheureusement sous-exploitée et bien trop fantaisiste. Une fois Wynn entré dans le cube, "Cube Zéro" tombe dans le grand n’importe quoi avec l’intronisation de nouveaux personnages dont on ne sait pas s’il faut en rire ou en pleurer (Jax ou encore les autres ingénieurs munis de leurs claviers). Les explications restent encore incomplètes, inutiles et parfois grotesques. Certaines scènes et personnages auraient très bien pu être supprimés car non essentiels à la progression du film.
"Cube Zéro" n’est donc pas un film utile à la compréhension de "Cube" ou de "Cube² : Hypercube" et se révèle hautement dispensable. Ses nombreux défauts risquent de repousser ou de faire rire le spectateur malgré de bonnes idées, mais trop souvent sous-exploitées ou mal exploitées. A force de vouloir expliquer les origines du cube, le film se perd.
Cependant, en dépit de ces nombreux défauts, certains fans des précédents opus pourraient apprécier : "Cube Zéro" a un certain charme, une ambiance qui peut plaire. Cela est d’autant plus regrettable puisque la fin accumule les clins d’œils au premier "Cube" et n’est pas franchement mauvaise.