Evil dead
Evil dead - the
Cinq copains, trois filles et deux garcons, partent se reposer dans une vieille cabane perdue au milieu des bois. Pendant le repas du soir, une trappe s'ouvre et les deux garcons, Scott et Ash, descendent visiter le sous-sol. Ils remontent avec un vieux magnétophone à bande et un étrange livre. Ash met en route le magnétophone. Sur la bande, un homme parle de démons, du livre qui s'appellerait le "Livre des Morts" et qui contiendrait des incantations magiques écrites avec du sang humain. Puis l'homme lit les incantations. Au fond de la forêt, une "force" maléfique semble émerger des entrailles de la terre et se dirige vers la maison, dévastant tout les arbres sur son passage. Une des filles, Cheryl, est attirée dans les bois par une force inconnue et se fait violer par des branches d'arbres devenues vivantes. Réussissant à s'échapper, elle parvient à retourner à la cabane et demande à Ash de la ramener en ville, mais la route est devenue impraticable à cause des arbres. Une nuit d'horreur attend les infortunés jeunes gens....
A peine âgé de 19 ans, Sam Raimi décide avec ses deux amis Robert Tapert et Bruce Campbell de réaliser un film d'horreur. Après avoir eu cette idée, il se passera trois longues années de galère et de joie, pour aboutir au film définitivement culte que le monde connaît sous le titre de "EVIL DEAD".
Ce film tient une importance bien particulière à mes yeux puisqu'il s'agit du premier film d'horreur que j'ai vu de ma vie, et au cinéma s'il vous plait ! J'étais âgé de 11 ans et le film repassait dans un cinéma de quartier en 84. Mon papa a bien voulu m'y emmener. Je peux vous dire que la semaine qui a passé a été placé sous le signe du cauchemar et de la nuit blanche, tant le film m'avait impressionné. Deux ans plus tard, on me l'a offert en vidéo-cassette et j'ai du le regarder plus d'une centaine de fois depuis. Car qu'on le veuille ou non, malgré le poid des ans, "Evil Dead" reste une date à marquer d'une pierre blanche dans le cinéma d'horreur et il tient une place à part dans le coeur de ceux qui l'ont découvert comme moi au milieu des années 80.
Bien sûr, certains adultes fans du genre avaient pu déjà voir des films d'horreurs sanglants, comme ceux de Fulci, "Frayeurs", "L'enfer des zombies", qui allaient déjà très loin dans l'horreur visuelle. Mais "Evil Dead" avait un petit truc en plus qui fit que la sortie du film eut l'effet d'une bombe parmi les amateurs du genre !
"Evil Dead" dispose d'un scénario assez classique : des jeunes gens se retrouvent seuls dans une cabane abandonnée dans la forêt et des démons vont s'emparer de leurs corps. On a déjà lu ça auparavant, c'est sûr. Mais le traitement qu'en a fait Sam Raimi confère au film une dimension de jamais vu. De par des mouvements de caméra totalement inédits, évoquant l'avancée à une vitesse folle d'une force démoniaque, de par le fait que la victime principale est un Homme, et non une femme comme il est courant dans ce genre de productions, de par le fait d'une horreur graphique très poussée, où la censure ne semble pas être intervenue, "Evil Dead" se démarque rapidement du lot.
Raimi nous livre également des séquences hallucinantes, comme l'attaque végétale, où les branches des arbres violent une jeune femme ! Une séquence qui marque les esprits de manière définitive car jamais vue dans une telle intensité ! La montée du suspense se fait également de manière très astucieuse, jouant avec les codes du genre (le copain du héros se cachant dans la cave pour lui faire une farce, l'horloge qui s'arrête, la porte de la cave qui s'ouvre d'un coup...), jusqu'à l'impressionnante première scène de possession, qui cloue littéralement le spectateur sur son fauteuil, de par sa soudaineté, sa rapidité, sa violence ! La musique apporte également beaucoup à cette séquence, qui ne sera que les prémices de futures débordements gores et de folie à l'écran.
Le choix de faire des femmes les premières victimes de la présence démoniaque est original car de statut de "femmes qui ont peur", elles passent au statut de "femmes très dangereuses" puisque possédées par le démon et deviennent ainsi plus fortes que les hommes. Il faut voir avec quelle facilité elles envoient le pauvre Ash (Bruce Campbell) valdinguer dans les quatre coins de la cabane. En plus d'être beaucoup plus fortes physiquement de par leur nature de démon, elles sont aussi machiavéliques lorsqu'il s'agit de faire subir une torture psychologique au héros. Ricanant sans cesse, redevenant humaine pour mieux piéger, nos trois démones rivalisent d'intelligence pour parvenir à leur fin.
Les effets spéciaux peuvent apparaître aujour'hui comme largement démodés. Il n'empêche que je les trouve largement plus efficace que certains effets dans des films récents. Les maquillages sont fort réussis, et le sang gicle vraiment beaucoup ! Les amateurs de gore devront largement être comblés, car Sam Raimi ne nous épargnent rien et la violence n'est pas encore aseptisé, comme elle la sera dans les deux volets suivants, où l'humour et le côté bande-dessiné prendront le dessus. Il y a aussi de l'humour dans "Evil Dead", attention, mais il est moins cartoonesque que dans le second volet par exemple. "Evil Dead" reste avant tout un film d'horreur sérieux, avec un héros anti-héros qui provoque le rire mais au niveau du film lui-même, c'est de la violence brut de chez brut ! Ca hurle, ça tranche, ça hache, ça gicle ! Et c'est du pur bonheur !
"Evil Dead" fait-il encore peur de nos jours ? Le connaissant tellement par coeur, il ne me fait plus d'effet à ce niveau. Mais les personnes à qui je le montre encore et qui ne le connaissent pas décollent toujours autant du canapé que lorsque je le montrais à mes copains d'école dans les années 80. Preuve que le film est quand même resté un fleuron du genre, qui a gardé tout son potentiel auprès des personnes n'étant pas fans du genre, et qu'il peut encore aujourd'hui faire décoller le trouillomêtre à un niveau assez élevé ! A éviter tout de même la nouvelle version française, refaite pour être plus d'actualité, pour faire plus jeune, et donc, dénaturant tout le film, comme ça a été le cas pour la sortie de "Massacre à la tronçonneuse" en Dvd. Mieux vaut vous procurer une copie Vhs d'époque, ou mieux, pour les fans, l'édition BOOK OF THE DEAD du film, bénéficiant de la VF d'origine, et dont le Dvd est placé dans un livre reproduisant le fameux Necronomicon, le fameux Livre des Morts ! J'étais sous le choc dans les années 80, je le suis et resterai toujours devant ce film, invention d'un petit surdoué de la caméra qui nous a livré, d'après Stephen King, "le film d'horreur le plus féroce et le plus original de ces dernières années". Même le King le dit, alors...
* Le tournage dura trois ans en raisons de divers problèmes financiers qui stoppèrent la production de nombreuses fois.
* Les pauvres actrices étaient obligées de porter des lentilles de contact opaques qui leurs couvraient entièrement l'oeil. Pour répéter les scènes, elles étaient obligés de fermer les yeux car le port des lentilles les rendraient complètement aveugles.
* Les plans d'effets-spéciaux ont nécessité 11 semaines de travail.
* Pour représente la "force maléfique" qui avance dans les bois, Sam Raimi attacha la caméra au guidon d'un cyclomoteur. Roulant a vive allure, les techniciens devaient ouvrir les portes au bon moment pour lui permettre de pénétrer dans les différentes pièces de la maison !!
* Au générique de fin, le film est aussi titré "The Evil Dead, the Ultimate Experience in Grueling Horror".
* On peut apercevoir une affiche de "La Colline a des Yeux" accrochée aux murs dans la cave de la maison.
* On notera que pour une fois, ce sont les hommes les victimes qui hurlent sans cesse !