Gout du sang - le
Blood and chocolate
Vivian est une Lycan, une louve-garou. Encore enfant, elle a vu toute sa famille massacrée par les humains. Devenue une ravissante jeune femme, elle vit en Roumanie, à Bucarest, où sont regroupés tous les Lycans existants. Dirigée par Gabriel, la communauté tente de rester à l'abri du regard des humains afin de ne pas se faire exterminer. Vivian est promise à Gabriel mais celle-ci tombe sous le charme d'Aiden, un dessinateur venu faire des recherches en Roumanie sur les loups pour son roman graphique. Un amour qui n'est pas du goût de Gabriel et de la communauté, car représentant un danger pour la race des lycanthropes…
Tiens, un film de loups-garous réalisé par une femme. Ca peut être original. Bon, à la lecture de l'histoire, tout le monde aura compris que ça ne l'est pas. "Blood and Chocolate" utilise les récents schémas d'histoires d'amour entre un humain et un loup-garou, déjà vu dans la saga "Underworld" par exemple. Si William Shakespeare avait su que la trame de son "Romeo et Juliette" servirait même dans un film de loups-garous, il aurait sûrement aimé cette idée !
Disons-le de suite, "Blood and Chocolate" est clairement destiné à un public adolescent, mais aussi aux fans de "Buffy contre les Vampires" (vous avez noté que je distingue les fans de Buffy des adolescents, parce que même les adultes peuvent apprécier Buffy…) et de belles histoires d'amour impossibles. Très peu de violence, des effets spéciaux ultra sobres, et une partie "romance" assez développée. Bref, les fans de "Dog Soldiers" ou de "Hurlements" peuvent passer leur chemin, ça m'étonnerait que le film leur convienne s'ils sont venus chercher un pur film de loups-garous bien méchants…
Le titre "Blood and Chocolate" peut paraître étrange de prime abord, mais il s'explique rapidement par le fait que Vivian travaille dans une chocolaterie. Il suffisait d'y penser ! Ce ne sont d'ailleurs ni le réalisateur, ni le scénariste ou le producteur qui ont imaginé ce titre. Non, en fait, "Blood and Chocolate" est le titre du roman qui a servi de base au scénario du film. Un roman écrit par une femme également, Annette Curtis Klause, que le scénariste Ehren Krueger, déjà responsable des histoires de "Scream 3", "La Porte des Secrets", "The Ring – Le Cercle" ou bien encore "Les Frères Grimm" a donc adapté pour le grand écran avec l'aide de Christophe B. Landon. Bref, deux femmes au service de cette histoire, une romancière et une réalisatrice, ça explique que le côté romantique soit plus mis en avant que l'action ou le gore. Non pas que le romantisme soit réservé aux femmes, hein, James Cameron ou Victor Fleming ayant réalisé les deux plus beaux films romantiques de tous les temps avec "Titanic" et "Autant en emporte le Vent". Mais quand même, les femmes ont une petite touche "fleur bleue" qu'oublient parfois certains hommes.
Bon, après ces tergiversations sur le côté romantique des femmes (non, non, j'essaye pas de meubler ma critique parce que je n'ai pas grand chose à dire sur le film, n'allez pas penser ça…), si on parlait de "Blood and Chocolate" ?
La déception principale vient du fait que lorsqu'on visionne un film de loups-garous, on s'attend toujours à voir des transformations, belles ou ratées, mais des transformations quand même, avec nez qui pousse, canines qui sortent, oreilles qui grandissent et toutes les autres phases qui font qu'un humain devienne un loup-garou.
Dans "Blood and Chocolate", il n'y a rien de tout ça, hormis les yeux qui changent de couleur. Les transformations sont d'une sobriété à toute épreuve, puisqu'en fait, on a juste le droit à un grand halo de lumière blanche qui masque le corps humain et qui disparaît quand ce dernier est devenu un loup. Oui un loup. L'animal. Pas une grosse bête féroce qui se tient sur deux jambes comme dans "Hurlements" ou "Dog Soldiers". Non, juste un loup. Les fans de "Wolfen" aimeront sûrement, surtout qu'il y a aussi un splendide loup blanc dans le film. Mais les autres trouveront quand même ce procédé un peu gentillet et décevant. Même si, au final, passé cette déception de ne pas voir de beaux loups-garous, le résultat à l'écran reste tout à fait acceptable.
Niveau personnage, Vivian est interprétée par la charmante Agnes Bruckmer, qui donne à son personnage la touche de sensibilité nécessaire pour le côté romantique de l'histoire. Responsable de la mort de ses parents, Vivian est tiraillée entre son désir de vivre son histoire d'amour avec un humain, et le fait qu'elle fasse courir un danger à sa communauté. L'actrice se montre particulièrement touchante lors de la scène où elle se fait blesser sous son apparence de loup.
La communauté comporte deux personnages principaux. Le leader, Gabriel, qui n'est pas très charismatique malgré un pseudo look de beau ténébreux et une façon de parler qui fait très théâtrale, et le cousin de Vivian, un jeune homme impulsif, qui n'hésite pas à "chasser" sans permission quelques jolies filles. Personnellement, ce personnage m'a un peu irrité, même s'il nous donne la meilleure scène du film, à savoir son combat contre l'humain dans une église.
Quelques petites scènes sympathiques viennent égayer la vision du film, comme la scène de chasse à l'homme par exemple. L'histoire d'amour naissante entre nos deux tourtereaux se laissent également suivre sans déplaisir mais il manque malheureusement un souffle épique sur cette romance, qui aurait donné un cachet supplémentaire au film, qui reste dans son ensemble assez plat et sans grand relief.
Le roman "Blood and Chocolate" est apparemment assez connu et en faisant des recherches, on s'aperçoit vite que c'est même un livre très souvent lu par les adolescents, et qu'il est très apprécié par ceux-ci. Je ne sais pas s'ils trouveront leur bonheur dans cette adaptation cinématographique, ne l'ayant pas lu. Pour ma part, le film s'avère correct mais ne parvient véritablement jamais à décoller, à nous emmener avec lui. Il lui manque une dimension épique, un souffle lyrique, malgré une musique assez réussie. A réserver aux romantiques.