Affiche française
INSIDIOUS | INSIDIOUS | 2010
Affiche originale
INSIDIOUS | INSIDIOUS | 2010
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Insidious

Insidious

Après un "Saw" qui a popularisé l'insupportable vague de Torture Porn, et un "Dead Sentence" véhiculant des idées plus que douteuses, James Wan revient avec Insidious, un thriller horrifique, entre possession et maison hantée [1].

Josh et Renai forment un petit couple modèle. Ils ont trois enfants, dont un en bas âge. Lui est prof, elle est musicienne. Ils viennent d'acquérir un joli pavillon en banlieue. Une famille sans histoire et ennuyante ? Presque. Leur nouvelle demeure semble cacher une présence maléfique. Les objets bougent, les planchers craquent et le grenier dégage une aura maléfique.

Un après-midi, Dalton, l'ainé des enfants, monte au grenier. Effrayé par une présence démoniaque il choit de l'échelle sur laquelle il était monté pour atteindre le cordon de l'ampoule. L'enfant n'est pas blessé, mais le lendemain matin il ne se réveille pas. Après un nombre d'examens à l'hôpital (merci "l'Exorciste"), les médecins déclarent forfait. Il n'est pas dans le coma, les analyses ne décèlent rien d'anormal. Il refuse juste de se réveiller.

De retour à la maison, le corps inerte de Dalton semble attirer les mauvais esprits. Les manifestations surnaturelles se multiplient, et se font de plus en plus agressives.

INSIDIOUS | INSIDIOUS | 2010

Dire qu'aller voir ce film ne m'enchantait que modérément relève de l'euphémisme. Après avoir vu "Dead Sentence" (et quelques-unes des interviews relatives au film), James Wan m'est devenu détestable, avec ses idées qui puent la milice privée et la vigilante. Peut-être ai-je eu tort. Peut-être pas. Abstraction faite de ce dégoût relatif du personnage, je me suis malgré tout laissé absorber par Insidious. Le réalisateur choisit un style inattendu : le film d'horreur pure, qui sur le papier lorgne largement vers le film d'épouvante.

Sur le papier, l'idée est plutôt alléchante : James Wan et son scénariste veulent nous terroriser. Grand bien leur en fasse. Sauf que dès le titrage du film, on comprend le subterfuge. Police kitsch et criarde, à la limite du mauvais goût, le tout sur un grincement de violon à vous en permanenter les poils du derrière. Ah oui ! La note d'intention en aurait presque fait oublier que c'est James Wan derrière la caméra. Adieu terreur viscérale et sobriété.
Bien évidemment, le reste d'Insidious est à l'avenant.

Insidious repose sur quelques partis pris qui sont soit des choix artistiques qui ne convaincront pas tout le monde, soit des erreurs de jugement... A moins qu'il ne s'agisse plutôt d'un penchant excessif pour les billets verts. Inutile de se cacher, Insidious est un produit savamment marketé, une machine à drainer du spectateur. "Par le scénariste et le réalisateur de "Saw", par les producteurs de "Paranormal Activity"." annonce l'une des affiches. Comprendre : "film de peur clippé et filtré à l'overdose formaté pour plaire à un public adolescent brouteur de maïs soufflé".

Effectivement, l'image est léchée à l'excès, jouant de filtres et d'effets divers et (a)variés. En résulte une plastique déshumanisée, qui donne au film un aspect toc. Tout est minutieusement travaillé, tape-à-l'œil jusqu'à la nausée. Comme si cela ne suffisait pas, des accessoires de l'intrigue permettent au réalisateur d'ajouter encore plus d'effets à ses images, et un montage encore plus syncopé. Mais ne noircissons pas trop le tableau, porté par une volonté de faire un film angoissant, James Wan, réussit à faire quelques plans calmes et posés. Youpi !

Afin de bien enfoncer le clou de la superficialité, Insidious apporte la peur par un seul et unique moyen : la surprise. Ici pas de malaise insidieux comme "Résidence surveillé" ou "Prince des Ténèbres" le proposent. Tout est outrageusement frontal et, tel le gonzo du cinéma de genre, Insidious envoie la purée en plein dans l'œil. Et ça brûle ! Rien n'est subtil, et le film se vautre dans la facilité avec une élégance pachydermique.

Ce qui ne veut nullement dire que le film ne fonctionne pas. Insidious est une véritable montagne russe. On est sur des rails, on ne sort pas d'un iota des sentiers battus, et pourtant, dans les descentes, on à les gonades qui remontent jusqu'aux yeux. Si l'on ne peut pas reprocher à Insidious de ne pas être efficace, on pourra lui reprocher d'être déloyal. Ici la peur ne vient que du double combo : apparition d'un élément perturbateur, et gros pic de son. C'est sûr, au premier coup de violon, toute la salle a fait un bond impressionnant. De quoi dévisser les rangées de fauteuil. Après ce coup en traitre, l'angoisse du film résulte dans l'appréhension de la prochaine apparition doublée d'un coup d'archet grinçant sur un violon surmixé. Toute la peur qu'inspire le film provient de ce procédé à la finesse éléphantesque.

Insidious pompe allègrement dans la culture du cinéma de genre, en absorbe quantité de clichés, et finit par se vomir sur le paletot. L'influence de "l'Exorciste" domine, notamment dans la progression du film. S'ajoute à cela une volonté de réussir un coup marketing à la "Paranormal Activity". Mais la sauce ne prend pas aussi facilement que prévu. Avec un début s'appuyant tant bien que mal sur le concept d'inquiétante étrangeté, le film rate une marche, et dévale les escaliers pour finir en série Z. Si la tension monte parfois assez haut, James Wan s'arrange toujours pour tout désamorcer avec une précision déconcertante (notamment avec son duo de pieds nickelés jouant à "Sos Fantômes"). Je me permets de faire l'impasse sur l'esprit démoniaque, tout droit sorti de Star Wars – c'est marrant je ne savais pas que Darth Maul avait un petit frère. Une performance qui n'était ni faite ni à faire.

Si vous cherchez un bon film d'horreur pour vous faire suer froid, vous faites fausse route. Mais si vous avez envie de terroriser votre petit(e) ami(e), ou de faire claquer tantine pour hériter, Insidious répondra à vos attentes.

[1] On oubliera "Dead Silence"...

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Note
3
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Colin Vettier