LA SAGA HELLRAISER

- Dossier de Gérald Giacomini -

 

1°) Hellraiser-Le Pacte, de Clive Barker (1987)

2°) Hellraiser II: Les écorchés, de Tony Randel (1988)

3° )Hellraiser 3, d'Anthony Hickox (1992)

4°) Hellraiser: Bloodline, de Kevin Yagher (aka Alan Smithee) (1996)

5°) Hellraiser 5: Inferno, de Scott Derrickson (2000) DTV

6°) Hellraiser: Hellseeker , de Rick Bota (2002) DTV

7°) Hellraiser: Deader, de Rick Bota (2005) DTV

8°) Hellraiser: Hellworld, de Rick Bota (2005) DTV

9°) Hellraiser : revelations, de Victor Garcia (2011) DTV

10°) Hellraiser : Judgement, de Gary J. Tunnicliffe (2018) DTV

 

Dans l'univers très stéréotypé des boogeymen, Pinhead et sa clique de créatures (que l'on nomme communément les Cénobites) sorties des Enfers, occupent une place à part. Nés de l'imaginaire de l'écrivain britannique Clive Barker (né en 1952), ils sont dotés de ressorts psychologiques – surtout Pinhead, dont la genèse nous sera expliquée dans les films–, qui les rendent beaucoup plus intéressants à étudier, que leurs homologues américains, Michael Myers ou Jason Voorhees. S'il fallait faire une comparaison, Pinhead serait, au final, plus proche d'un Freddy Krueger. Une créature certes sans pitié, mais douée de la parole et n’agissant pas de manière mécanique.

A l'origine de cette histoire adaptée par Clive Barker d'un de ses propres romans, se trouve un cube, qui lorsqu'il est manipulé, ouvre un monde de souffrances et de plaisirs. Les deux expériences étant cumulées dans un rapport où l'érotisme sadomasochiste est la règle. En tout cas, c'est dans cette fièvre des corps entrelacés que s'exprime pleinement le premier Hellraiser(1987), adaptation d'un roman peu connu de l'écrivain londonien, et pour cause, il venait d'être écrit, mais pas encore publié.

Par la suite, les rapports entretenus par Clive Barker envers le milieu du cinéma, se feront de plus en plus distants, et il s'éloignera même de sa propre franchise Hellraiser .On notera de lui un certain talent de réalisateur : son Cabal (1990) ou son Maître des illusions (1995), malgré le charcutage par les producteurs de ces deux longs-métrages, en font des films plus que recommandables, et qui véhiculent leur lot de fans.

 

I / HELLRAISER - LE PACTE de Clive Barker (1987)

 

C'est en  1987, avec Hellraiser-Le Pacte, que Clive Barker se lance dans la réalisation d'un film pour la première fois.  L'introduction du film nous montre en quelques plans que c'est la boîte qui ouvre les portes des Enfers. Nous voilà plongés dans le bain sanglant d'une histoire d'où l'on ressent de suite les potentialités horrifiques où s'entremêlent douleur et jouissance suprême. Le cadre du film ne quittera plus jamais son ambiance glauque et sale. La maison familiale où emménagent Larry et son épouse Julia, est dans un état de déliquescence et d’insalubrité avancée : insectes grouillants, saleté crasse, etc. Elle fait en quelque sorte écho à la situation bien triste du couple mal assorti. Présentée comme frigide et froide, Julia (magnifiquement interprétée par Clare Higgins),  s'est en fait adonnée à des pulsions secrètes avec son amant, Frank, le frère de son mari. La grande force de ce premier opus est de nous faire suivre ce couple qui a succombé au péché. Ce n'est pas pour rien si c'est Julia, qui découvrant les différentes pièces de sa nouvelle demeure, y voit des statuettes religieuses, comme si ces dernières étaient là pour l'avertir du chemin dangereux qui l'attend. Mais, le désir charnel sera finalement le plus fort. Elle va succomber à toutes les tentations pour retrouver son amant et l'aider à reprendre forme humaine.

Face à ce couple du mal, il y a le mari de Julia, Larry, et la fille de ce dernier, Kristy - qui contrairement aux autres productions horrifiques de la même époque n'est pas au cœur du récit - qu'il a eue d'un précédent mariage. Pour affronter leurs péchés, on trouve face à eux des créatures qu'on nomme les Cénobites. Pinhead (Doug Bradley qui va être fidèle à ce rôle jusqu'à Hellraiser: Hellworld en 2005) y joue le rôle le plus charismatique. Qui se souvient encore de Chatterer, Butterbal et autres monstruosités ? Peu de monde à part les aficionados du Mythe.

 

II / HELLRAISER - LES ECORCHES de Tony Randel (1988)

 

Après un tel premier volet qui connut un succès immédiat, il y avait tout à craindre de la mise en chantier d'une séquelle, d'autant plus que cette suite sort dès l'année 1988. Toutes nos craintes se révélèrent infondées. La même équipe rempile : Clive Barker à la production, Peter Atkins au scénario et niveau casting, on retrouve Doug Bradley, Clare Higgins ou encore Ashley Laurence. La modification notable provient du poste de réalisateur, qui est confié à Tony Randell (Amityville 1992, Ticks). Ce dernier certainement bien chapeauté par Barker lui même, reste dans la droite lignée de l'original. Ce qui fait d' Hellraiser II -Les écorchés (1988) une suite, qui prolonge et explore le film matriciel. Passé l'introduction des nouveaux personnages - le docteur Channard, son assistant Kyle, la jeune Tiffany - le film ne perd pas temps et nous emmène explorer l'Enfer des Cénobites. C'est aussi ce qui rend cette suite unique dans la saga  Hellraiser. Visiblement inspiré de l’œuvre du néerlandais Escher qui a produit des gravures sur bois inspirées des mathématiques, le labyrinthe infernal est le lieu de perdition des différents personnages au travers de leurs enfers personnels.

Servant de fil d'Ariane, on a une jeune fille autiste, Tiffany, qui va être une sorte de guide pour Kristy. A elle d'affronter ses démons et d'y vaincre son Minotaure. Le rapport aux légendes se trouve renforcé par le rôle que s'est attribuée Julia, qui dans sa modestie, se déclare Reine des Enfers, devenant l'équivalent des reines (marâtres) des contes de fées. Les effets horrifiques versent encore plus dans le gore que lors du premier Hellraiser, notamment les maquillages des écorchés dont l'extraordinaire rendu a su traverser les âges.

Les deux premiers Hellraiser forment un parfait diptyque et se complètent à merveille. Néanmoins, la version DVD française de l'opus 2 est largement raccourcie et les passages les plus gore du film ont disparu comme l'a montré l'édition TF1. La sortie Blu Ray chez ESC est venue réparer cette injustice, rendant à ce film tout son lustre.

 

III / HELLRAISER 3 - HELL ON EARTH de Anthony Hickox (1992)

 

Avec Hellraiser 3 d'Anthony Hickox (Waxwork, Waxwork 2,Warlock: the Armageddon) en 1992, on franchit un pas dans l'américanisation de la franchise. Le cadre du film se veut plus grand, moins intimiste et prend place au sein d'une grande métropole, à savoir New-York. Plus ambitieux donc comme le révèle son script, toujours signé par le fidèle Peter Atkins, c'est grâce sa toute dernière partie que le film acquiert un petite réputation : entre le massacre de la boîte de nuit et les effets pyrotechniques de la poursuite entre des Cénobites déchaînés et l'héroïne du film qui est Joanne (Terry Farrell, plus connue pour ses interprétations dans des séries comme Star Trek: Deep Space Nine), une jeune journaliste en mal de scoop. L'ambition du film se voit aussi via les flashbacks sur la guerre du Vietnam en l’occurrence. Mais, il aurait fallu une réalisation plus en adéquation avec son sujet, car celle d'Hickox, est très impersonnelle. Son cadre semblant trop étriqué. Contrairement aux deux premiers Hellraiser, il n'est pas aidé par une caractérisation des protagonistes assez bâclée et dont les réactions sont du niveau d'un slasher lambda. De son côté la prestation de Doug Bradley, qui n'est pas sans rappeler le Freddy Krueger de Renny Harlin (Le cauchemar de Freddy  de 1988), contribue à rapprocher le personnage de son homologue de la rue Elm en termes de bouffonnerie. D'ailleurs-comme dans ce Freddy 4- on y retrouve une scène se situant dans une église. Ainsi, les punchlines et les gestuelles de Pinhead font mal à entendre et à voir : quand une de ses proies lui dit «Seigneur Dieu», il lui rétorque «Pas tout à fait», ou ses prestations scéniques quand il se cloue tel le Christ sur la croix.

Ayant peu de liens avec ses prédécesseurs – juste un caméo via une cassette vidéo d'Ashley Laurence,Hellraiser 3, se révèle distrayant tout en ayant laissé de côté les aspects les plus glauques et macabres de l'univers qu'il dépeint. La réalisation trop téléfilm d'Hickox n'arrangeant rien, on se contentera tout juste d'apprécier l'apparition de nouveaux Cénobites.

 

IV / HELLRAISER 4 - BLOODLINE de Kevin Yagher (1996)

 

N'ayant pas retenu les leçons du précédent volet, un quatrième volet encore plus ambitieux -puisqu'une partie du film prendra place dans l'espace- est mis en chantier par Cliver Barker et Peter Atkins afin de conclure définitivement (pensaient-ils) la Mythologie Hellraiser. Le script a pour ambition de nous raconter le destin de la famille de Paul Merchant à travers les siècles : depuis la création de la fameuse boîte jusqu'au 22ème siècle où le dernier membre du descendant du concepteur de la boîte tente de régler définitivement son compte à Pinhead et ses comparses.

L'ambition d' Hellraiser Bloodline est posée dès le départ et c'est ce qui va poser des problèmes car le budget du film sera trop serré (4 millions de dollars) pour ce qu'il a à nous raconter. Parmi les trois époques proposées, celle qui restitue au mieux l'ambiance crade, c'est celle se déroulant au 18ème siècle, avec un noble féru de magie noire et d'occultisme. Ce dernier grâce à la création de la boîte, espère faire surgir des profondeurs des Enfers, un démon. C'est là qu'entre en scène la sublime Valentina Vargas (Le nom de la rose, Bloody Mallory) dans la peau d'Angélique, que nous allons suivre à travers nos trois histoires intimement liées.

Les effets spéciaux sanglants sont confiés à Gary Tunniclife, l'un des artisans les plus en vue du cinéma d'horreur (Waxwork 2, Candyman, Warlock: the armageddon, Le maître des illusions, Halloween 6», Wishmaster, Candyman 3, Dracula 2001, Mimic 2», etc), notamment lié au studio Dimension Films. C'est l'un des points forts du long métrage. Ce  n'est pas pour rien qu'il finira à son tour par réaliser un film de la saga, Hellraiser : Judgement en 2018.

Il n'en va pas de même de l'animatronique : un chien démoniaque moins crédible surtout lorsqu'il est filmé en plan large, la dernière partie dans la station spatiale qui fait réellement cheap.

Mais heureusement, par rapport à son prédécesseur, Pinhead redevient l'être cruel des débuts. Nous avons même, de manière parcimonieuse, le retour des visions de l'Enfer.

Cet Hellraiser-Bloodline a la réputation d'avoir connu une production chaotique. Plusieurs réalisateurs de renom furent pressentis : Guillermo Del Toro (à qui Dimension Films confiera peu après Mimic) ou encore Stuart Gordon (Re-Animator, From beyond, Dolls, Fortress). Le projet tombe entre les mains de Kevin Yagher - un spécialiste des effets spéciaux - qui a travaillé sur plusieurs Freddy, Vendredi 13 et autres Chucky.  Le résultat final lui échappant, il décide de se retirer du projet, et des scènes furent retournées par Joe Chapelle (qui galérait alors sur le montage final d'Halloween 6 - La malédiction. Ce dernier fut chargé justement aussi du montage du film initié et en grande partie réalisé par Yagher. Mais lui aussi décida de retirer son nom du générique, et c'est pour ça qu'on retrouve à la réalisation un certain Alan Smithee. Pseudonyme bien pratique en cas de départ houleux de réalisateurs. Pourtant, quand on regarde le résultat final, ce quatrième Hellraiser est loin d'être honteux. Mal vendu, mal distribué, l'échec au box-office enterrera les ambitions de la saga au cinéma. L'avenir des Cénobites passera à l'avenir par la case des simples direct-to-video.

 

V / HELLRAISER - INFERNO de Scott Derrickson (2000)

 

Déboule en 2000 un nouvel opus qui flirte plus du côté thriller que du côté horrifique. C'est le début d'une nouvelle vie pour la saga qui va s’intéresser à des histoires plus centrées sur les enquêtes policières. Hellraiser : Inferno a encore la chance d'être confié à un réalisateur qui a le sens du cadre et qui sait créer une atmosphère : Scott Derrickson. Il n'était pas encore un nom connu dans le domaine du fantastique et de l'épouvante, mais ces films suivants connaissent des sorties au cinéma : L'exorcisme d'Emily Rose, Le jour ou la Terre s'arrêta, Sinister, Délivre nous du mal, Docteur Strange. Il fait ses preuves sur ce cinquième épisode d'une saga, que l'on croyait morte après la déconfiture d' Hellraiser IV. Derrickson apporte son savoir-faire et compose des séquences de rêves horrifiques des plus réussies. Il est aidé aussi par Craig Sheffer (Dracula 2) qui tient le rôle principal de l'inspecteur Joseph  Thorne, impeccable dans la peau d'un policier corrompu, voleur et peu aimable envers son coéquipier. C'est une gageure de suivre un personnage aussi antipathique. Sa descente dans les Enfers n'en est pas moins rude. Son orgueil est mis à rude épreuve par  les Cénobites qui s'en prennent à son entourage (parents, femme, même enfant, coéquipier). Il se retrouve de plus en plus isolé, au point qu'on peut douter de sa raison mentale. Son enquête sur l'ingénieur va le mener à sa chute, qui sera le seul vrai reproche du film car elle se révèle un tantinet moralisatrice. Lorsqu''il tombe entre les mains de Pinhead, c'est finalement une punition de tous ses pêchés, et ils sont nombreux. Hellraiser : Inferno est le dernier bon épisode d'une franchise qui ne va que quasiment décliner dorénavant.

 

VI / HELLRAISER - HELLSEEKER de Rick Bota (2002)

Le sixième opus confié à  Rick Bota (directeur de la photographie jusqu'alors : Le cavalier du diable,Les contes de la crypte,La maison de l'horreur, Mortelle Saint-Valentin) s'éloigne tellement de la mythologie initiée par Clive Barker qu'on reconnaît à peine l'univers qui nous est décrit, mais quelle surprise d'y retrouver Ashley Laurence, délaissée par les scénaristes depuis le second épisode ! On la retrouve essentiellement dans la séquence d'introduction et plus tard, grâce aux cassettes enregistrées par Trévor (Dean Winters : Terminator: les chroniques de Sarah Connor), son mari. Les ressorts scénaristiques tournent autour des mêmes procédés (les rêves éveillés) et finissent par tourner en rond. Ce procédé perd vite de son intérêt. On suit Trevor qui a peu de souvenirs de l'accident et d'un peu tout ce qui lui arrive. Cette amnésie est une grande facilité pour permettre de maintenir l'intérêt du spectateur. La lourdeur du résultat fait que nous sommes un peu perdus car l'enquête est assez mal amenée. Au point que c'est Pinhead en personne qui est appelé à la rescousse pour nous dévoiler le fin mot de l'histoire. Cette terrible vérité est la seule motivation qui vaille la peine de visionner ce film dans son intégralité. Le script ne repose que sur ce retournement final surprenant mais qui reste  problématique en termes de caractérisation des protagonistes.

 

VII / HELLRAISER - DEADER de Rick Bota (2005)

 

Malgré un accueil peu favorable, Dimension Films refera appel à Rick Bota pour les deux épisodes suivants : Hellraiser: Deader»  & Hellraiser: hellworld.

Petite curiosité dès le début du générique d' Hellraiser : Deader, le nom de Stan Winston apparaît en tant que producteur. Spécialiste des effets spéciaux (on lui doit entre autres Terminator 2, Relic, Lake Placid, Iron Man, etc.), il n'avait rien à voir avec les épisodes précédents. Mais du fait de sa notoriété, il s'est mis alors à produire quelques petites productions horrifiques bien sympathiques (She creature, Earth vs spider, «Teenage Caveman). Cette fois-ci, contrairement aux deux opus précédents, le septième chapitre suit un personnage principal féminin, une journaliste. Du fait de sa profession qui la pousse à la curiosité, cela fait d'elle une proie toute trouvée pour Pinhead et ses acolytes. C'est à l'actrice Kari Wuhrer (Anaconda, Arac Attack) qu'échoit le rôle de la reporter Amy Klein. Assez convaincante, comparée au protagoniste principal du sixième volet (cela reste donc relatif), on suit littéralement sa descente en Enfer dans les bas-fonds de la Roumanie. On retourne ainsi aux premières amours de la franchise : le décor européen, qui semble bien plus propice à la manifestation des Cénobites. Les décors sont plutôt crades et bien glauques (dont, notamment un wagon de tous les plaisirs avec un érotisme particulièrement prononcé). Le scénario - qui a été rattaché à la mythologie des Cénobites alors qu'au départ il se concentrait uniquement sur la secte des Deaders - a lui tendance à multiplier les  séquences cauchemardesques qui se révèlent efficaces. Sans être inventifs, les effets gore fonctionnent et renvoient à l'ère des premiers Hellraiser.

 

VIII / HELLRAISER - HELLWORLD de Rick Bota (2005)

Décidé à épuiser le filon jusqu'à satiété, Dimension Films, sort la même année le huitième épisode de la saga. On se demande bien ce qui a pu passer dans la tête des producteurs pour donner le feu vert au scénario du prolifique tâcheron Joël Soisson (qui a travaillé sur Dracula 2001 et ses séquelles, les suites de Mimic, Prophecy 3, Pulse 2, Pulse 3, L'homme sans ombre 2) qui a fait les heures de gloire du marché de la vidéo horrifique dans les années 2000. Au vu du résultat, cet Hellraiser 8 n'a rien à voir avec le reste de la saga et semble avoir été posé là par inadvertance. La trame s'oriente clairement vers celle d'un slasher, avec éradication de jeunes crétins à la clé. Tout cela pour une banale histoire de vengeance. Rick Bota fait ici clairement le minimum syndical en termes de réalisation. Tout y est moche : meurtres peu démonstratifs, jeu d'acteurs frisant le néant : le sympathique Lance Henriksen (Terminator, Aliens le retour, b>Scream 3, la série Millennium)  et Hennry Cavill (Les Tudors Man of Steel, Batman vs Superman, Justice League), promis à un bel avenir malgré une prestation catastrophique.

L'idée de faire une petite mise en abyme de la mythologie Hellraiser, paraissait bonne sur le papier, mais le résultat est franchement loin d'être à la hauteur. Il est grand temps que Rick Bota passe la main. Il aura été le seul à œuvrer sur plusieurs épisodes de la franchise.

 

IX / HELLRAISER - REVELATIONS de Victor Garcia (2011)

 

Rick Bota abandonne la réalisation de Hellraiser: revelations après avoir commis des épisodes qui se sont bien éloignés de la mythologie de Clive Barker. Exsangue, la saga est reprise en main par un certain Victor Garcia. Ce dernier a œuvré sur des direct-to-video comme Retour à la maison de l'horreur ou Mirrors 2. Cette fois-ci, nous suivons deux jeunes fils de bonne famille qui font une virée au Mexique à la recherche de plaisirs. Loin d'être désagréable, on sent la volonté de renouer avec le film matriciel : pas mal d'effets gore, le matelas à nouveau qui permet le passage entre le royaume des Cénobites et le nôtre, retour du plaisir (carrément délaissé au profit de la souffrance dans nombre d'épisodes précédents) en s'inspirant de la relation Julia/Frank. C'est surtout l'occasion de pointer l'hypocrisie bourgeoise de la famille américaine dans un final particulièrement sanglant. Mais ces bonnes idées ne sont souvent qu’effleurées, peu aidées par des acteurs guère convaincants et une réalisation fonctionnelle.  De plus, le film de Victor Garcia marque aussi une césure importante car Doug Bradley, l'interprète inoubliable de Pinhead cède sa place à un certain Stephan Smith Collins. Bien moins charismatique que le Pinhead d'origine. Un changement qui a choqué les fans qui ont conspué copieusement ce neuvième épisode.

 

X / HELLRAISER - JUDGEMENT de Gary J.Tunnicliffe (2018)

 

Il se passe de plus en plus de temps entre chaque nouvel opus. Gage de qualité ? Dans le cas présent, c'est en partie vrai. Le nouveau film est réalisé par Gary J.Tunicliffe, un habitué de la saga, chargé des effets spéciaux depuis Hellraiser 3 et qui avait écrit le scénario un peu retour aux sources d'Hellraiser: Revelations. Étant impliqué depuis longtemps dans la saga infernale, il part avec de sérieux atouts. C'est dans la forme qu' Hellraiser: Judgement excelle. Cela faisait longtemps que les scénaristes n'avaient pas créé de nouveaux Cénobites, qui ont même de l'importance dans le récit, détrônant Pinhead, comme l' auditeur qui prend les notes tel un flic des aveux des futurs condamnés et le secrétaire qui doit avaler leurs déclarations. Très glauque, on y trouve trois jeunes femmes nues chargées de délibérer de la culpabilité des prévenus en mettant leurs mains dans un liquide peu ragoutant. Cette partie horrifique malsaine contraste avec la partie enquête policière bien plus convenue et qui se permettra une conclusion hasardeuse. Comme dans Hellraiser: Inferno, l'intrigue s'attache à suivre des policiers, qui recherchent un certain Précepteur, tueur en série de son état. La cruauté de ce meurtrier n'a rien à envier à ceux de Seven ou de Saw. Un twist final surprenant nous apprend quelle est son identité. Le long-métrage aurait pu et aurait dû s'arrêter là mais il nous offre une conclusion, trahissant clairement la mythologie initié par Clive Barker, visant à transformer Pinhead en simple employé des Enfers, alors qu'il en était jusque-là le chef d'orchestre. Un changement de paradigme qui peut effrayer pour les futures suites. A noter, un petit caméo qui ravira les nostalgiques, celui d'Heather Langenkamp (Les Griffes de la nuit).

Gérald Giacomini - 12/2018