Millenium
Man som hatar kvinnor
Ancien rédacteur de Millénium, revue d'investigations sociales et économiques, Mikael Blomkvist est contacté par Henrik Vanger, patriarche d'un puissant groupe industriel familial, pour relancer une enquête abandonnée depuis 40 ans sur la disparition de sa nièce Harriet.
Secondé par Lisbeth Salander, jeune femme rebelle mais hacker de génie, Mikael Blomkvist, cassé par un procès en diffamation qu'il vient de perdre, se plonge sans espoir dans les documents cent fois examinés, jusqu'au jour où une intuition lui fait reprendre un dossier.
En établissant un lien entre la disparition de Harriet et une série de meurtres abominables commis il y a plus de quarante ans, les deux enquêteurs découvrent une histoire familiale sombre et odieuse. Mais chez les Vanger on aime le secret et on n'apprécie guère de voir ce passé ressurgir.
Immense succès planétaire de librairie, la trilogie Millenium de Stieg Larsson n'a pas attendue longtemps pour que quelques producteurs misent leurs modestes économies afin de la porter à l'écran avec réussite pour le premier volet, du moins en ce qui concerne le nombre d'entrées.
L'adaptation se voulant fidèle, on ne pourra faire l'impasse sur la comparaison entre le livre et le long-métrage et comme bien souvent cela se fera au détriment, qualitativement parlant, de celle sur pellicule.
Bien que rares, il arrive que certaines tentatives de passages de la feuille à l'écran soient des réussites majeures et même, en de très rares cas, soient de qualité comparable voire supérieure à l'écrit initial. Deux règles semblent néanmoins s'imposer pour cela : un grand réalisateur avec une vision personnelle et une mise à distance substantielle par rapport au matériau de base. Citons par exemple les adaptations de Kubrick pour "Shining" ou "Orange Mécanique", ou encore Cronenberg avec "Le festin nu" ou "Dead Zone". Autant le dire tout de suite, ici ce ne sera pas le cas.
rrivé à ce stade de la chronique, je me rends compte avec effroi que je m'éloigne une fois de plus du sujet, or comme l'a proclamé le philosophe Schopenhauer lors de ses vacances en Bretagne lors de l'hiver 1812 après avoir abusé du Shushen local : "Ce n'est pas en s'éloignant du sujet que l'on va repeupler le Reich !".
La grande force du bouquin s'appuyait, principalement, sur une impeccable caractérisation des personnages. Stieg Larsson prenait en effet tout son temps pour nous les présenter. Les principaux autant que les secondaires nous devenant, de ce fait, rapidement familiers, avec leurs humanités diverses, leurs attentes, leurs espoirs, leurs angoisses et pour certains leurs déviances.
Hélas, le film ne s'embarrasse pas d'une telle patience narrative et expédie en quarante petites minutes (sur près de deux heures et quart) cette mise en place pourtant absolument nécessaire, préférant concentrer le récit sur les scènes chocs.
L'autre tour de force de l'écrit réside dans son implacable suspens et son sens du rythme qui font que l'on a bien du mal à lâcher le livre pour vaquer à d'autres occupations.
Si le scénario tente de retrouver cet esprit, il n'y arrive que rarement, ne s'arrêtant pas toujours sur les moments clefs de l'enquête, multipliant les ellipses dans la narration (quand il ne se livre pas carrément à de lourdes omissions ou des remaniements pas toujours du meilleur effet), si bien que l'on a parfois la désagréable impression de ne pas toujours comprendre les actions et les réactions de tels ou tels protagonistes. Brouillon, cela est.
Néanmoins, Millénium le film possède quelques atouts non négligeables, et ceux qui ne connaissent pas l'histoire devraient être tenus en haleine par cette sombre affaire de meurtres horribles, de sadisme froid, sur fond d'histoire nauséabonde de la Suède et de quelques-uns de ses plus hauts représentants.
Si, quant à elle, la réalisation s'apparente plus à un téléfilm de luxe qu'à un film de cinéma, les amateurs de thrillers malsains devraient, sans souci, y trouver leur compte. On est loin, tout de même, des meilleurs représentants contemporains du genre.
Notons aussi des acteurs plutôt en phase avec leurs personnages et notamment une certaine Noomi Rapace ( un nom d'emprunt qu'elle aurait choisit car, je cite, "elle s'identifiera à un oiseau de proie" ! Charmante jeune femme donc) dans le rôle difficile de Lisbeth Salander.
La dernière partie procurant de vrais moments de tension et si les passages de violences ne sont pas aussi forts qu'ils auraient pu l'être, ils n'en demeurent pas moins efficaces et crus comme un bon steak tartare.
Service minimum donc, pour le premier tome d'une trilogie qui méritait un meilleur traitement. Espérons que les suites annoncées sauront rehausser le niveau d'un globalement décevant premier opus cinématographique.