Odds - The
Odds - The
Une femme (la joueuse) et un homme (le facilitateur) dont nous ne connaitrons jamais les noms, se trouvent dans une pièce sombre d’un entrepôt. Très vite on apprend que les deux protagonistes font partie d’un jeu et que l'homme est là pour aider la participante à comprendre ses objectifs et l'accompagne pour s'organiser à atteindre ceux-ci. La jeune mère de famille est en compétition avec des joueurs invisibles situés dans d’autres lieux indéterminés, le vainqueur recevra un million de dollars. Pour gagner, chaque participant doit avoir un seuil de douleur élevé, car il sera soumis à une technique de torture différente à chaque tour. Le facilitateur est en communication avec les meneurs de jeu via une oreillette Bluetooth et une fois que trois joueurs ont abandonné, le défi est terminé. Et il y en aura sept comme cela. Notre joueuse arrivera-t-elle indemne jusqu’au bout ?
L'AVIS :
Vous l’aurez compris à la lecture de ce synopsis, on se retrouve ici dans un film façon «13 Tzameti» mais plus estampillé huis clos, à l’instar du superbe "Buried". De fait, pour qu’un tel long-métrage fonctionne, vous avez besoin de trois principaux ingrédients : un scénario solide, d'excellents acteurs et de bons effets spéciaux. Voyons donc voir si The Odds (qu’on pourrait traduire par « les chances », ici celles de survivre) est nanti d’au moins une de ces composantes !
On peut d’ores et déjà dire que le réalisateur et scénariste Bob Giordano dont c’est là le premier film, a déjà bien compris ce qu’étaient les contraintes budgétaires ! Effectivement, son histoire tourne autour de deux personnages engagés dans un duel psychologique et elle se déroule dans un lieu unique et sombre, à savoir un entrepôt lugubre avec une table et deux chaises, ce qui n’a pas dû coûter cher à la location ! On a le droit également à trois autres acteurs qui font figure de participants tant leur temps à l’écran est de courte durée. Quant aux personnages principaux, ils sont campés par deux américains : la ravissante Abbi Butler et le sémillant James J. Fuertes, n’ayant pas grand-chose de notable à signaler sur leur Curriculum Vitae hormis quelques films de série B n’ayant quasiment pas franchi les frontières de leur pays ! Si la première ne s’en sort pas trop mal dans le rôle d’une mère élevant seule sa fille et qui trouve donc dans le jeu une grosse motivation, le second (véritable sosie d’Emmanuel Chain en plus jeune mais sans mono sourcil !) qui interprète un facilitateur un peu trop sympa de prime abord, semble en faire un peu trop dans le côté mesquin et sadique car tout en la soignant entre deux épreuves, il lui propose à chaque fois un défi avec le sourire aux lèvres ! Si bien que l’on ne croit pas du tout à l’intimité créée entre les deux protagonistes au début ! Du coup, pas de syndrome de Stockholm à l’horizon malgré ce que Giordano a semble-t-il voulu instaurer, ce qui est préjudiciable car côté scénario, le reste ne tient pas non plus la longueur !
Certes, le film parvient à créer une atmosphère tendue au départ en amenant le spectateur à se demander ce qui va se passer par la suite. La tension presque tangible est aidée par l'utilisation de ce qui semble être de la lumière naturelle et une excellente bande sonore : la musique est utilisée avec parcimonie et le silence de la pièce - cassé seulement par l'eau qui tombe du plafond - transforme ainsi l'expérience du visionnage en un test stressant et claustrophobe. Toutefois, The Odds s’étire sur une période de 107 minutes. C’est une durée inutilement longue car c’est lassant puisque trop répétitif : la joueuse subit une épreuve, souffre, il la soigne, discute avec elle et on reprend ! De plus, depuis « Voyage au bout de l’enfer » avec Robert De Niro et surtout Christopher Walken, on n’a jamais vu une séance de roulette Russe aussi longue et peu crédible rappelant parfois les héros de "Intacto" qui ne meurent jamais car trop chanceux ! Alors quand en plus on a des longueurs entre les défis et surtout, des dialogues dispendieux, on se dit que ça aurait été tellement mieux en court-métrage de 30 minutes !
Mais le pire semble ailleurs car The Odds n’est en fait qu’un métrage à petit budget lorgnant sur les torture porn movies des années 2000 à la "Hostel" et autres "Saw" sans jamais aller vraiment au bout des choses, car on ne voit, en effet, pas voire très peu d’effusions de sang. Ainsi, certaines séquences très intenses et potentiellement dérangeantes sont balayées en un battement de cil ou même juste suggérées, donc hors-champ ! En outre, hormis la séance de roulette Russe, les défis ne paraissent pas si insurmontables que cela (mettre une main au-dessus d’une bougie, sa tête dans un aquarium rempli d’eau, son pied dans une boîte dans laquelle il y a un rat…). Tout cela est évidemment dû au faible budget, mais Giordano ne pouvait-il pas faire autrement ? Question sans réponse, malheureusement !
Ainsi, on ne recommandera pas vraiment The Odds : la plupart des fans d’horreur le trouveraient ennuyeux (pour de bonnes raisons) et même les personnes qui aiment les thrillers psychologiques pourraient avoir du mal à suivre ce film. Néanmoins, les deux acteurs jouent bien leur rôle avec la femme qui souffre de détresse physique et mentale tout en trouvant des moments de force intérieure et l’homme aux réactions ambiguës associant sourire charmeur à des yeux de tueur en série. Aussi, il faut tout de même espérer que Bob Giordano essaiera de nouveau car son idée de base était hyper intéressante et il a clairement compris comment travailler avec de petits budgets, ce qui pourrait potentiellement conduire à un bien meilleur film avec des producteurs compétents ou bien à un court-métrage de qualité, une fois le scénario de base bien dégrossi !