Oiseau de nuit - l
The Bat
Une vieille demeure va devenir le théâtre d’évènements crapuleux, une pièce secrète renfermant un important butin. La propriétaire des lieux, accompagnée de sa nièce, va demander l’aide de l’inspecteur Moletti afin de faire la lumière sur les véritables intentions de chaque personne se trouvant dans sa gigantesque maison. La présence du policier ne sera pas superflue car il semblerait que le célèbre voleur se faisant surnommé « la chauve-souris » soit également intéressé par le butin caché…
Au départ, The Bat est une célèbre pièce de théâtre qui connut un très grand succès en 1920. Roland West décide de l’adapter pour le cinéma et c’est en 1926 que le film mettant en scène le personnage de « la chauve-souris » sort sur les écrans. Avec son déguisement et son masque le faisant ressembler au petit animal nocturne, la « chauve-souris » ne sait pas qu’il va inspirer un certain Bob Kane, ce dernier étant le papa d’un super-héros ultra connu, Batman, ni plus, ni moins ! On retrouve d’ailleurs dans The Bat une scène qui ne manquera pas de frapper l’esprit des fans du « Cape Crusader », quand un halo de lumière avec un logo de chauve-souris à l’intérieur est diffusé sur les murs de la maison ! C’est juste le fameux Bat-Signal, 16 ans avant sa première apparition dans le « Détective Comics 60 » de février 1942 ! L’ombre de Fantômas plane également sur notre voleur surdoué et acrobate.
Les influences dans The Bat sont nombreuses ; le métrage est avant tout un film policier à suspense, mettant en scène de nombreux personnages, qui s’avèrent être des coupables potentiels. La propriétaire de la demeure passe son temps à tricoter, quel que soit l’évènement qui se produit autour d’elle ; sa nièce fait engager en tant que jardinier son fiancé, serait-ce pour mieux l’aider à découvrir le butin ? Le majordome est un curieux chinois ; le docteur de la famille semble connaître bien des secrets et en savoir plus qu’il n’en dit sur le trésor que recèle la maison ; la gouvernante est-elle aussi stupide et trouillarde qu’elle veut le faire croire ? Bref, Roland West truffe son film d’éléments et de protagonistes aux comportements pas nets qui dynamisent le déroulement de l’action et ne laisse pas le temps aux spectateurs de s’assoupir. Rebondissements, fausses pistes, mystère, The Bat assume pleinement son côté « chiller and mystery » et fait la part belle à l’enquête et à la recherche d’indices.
Mais The Bat n’est pas seulement un film policier. Roland West a inclu des éléments de comédie, principalement dus à la présence de la gouvernante qui n’en rate pas une pour nous faire sourire, de par son comportement de froussarde, bien mis en avant par le jeu de l’actrice qui l’interprète. Le film joue aussi dans la cour des « Old Dark House », soit des films de maisons hantées pour les néophytes. Chandeliers qui s’éteignent tout seul, passage secret, vision de mains qui ouvrent des portes ou appuient sur les boutons d’éclairage, visages horrifiés et apeurés des personnages féminins devant une menace invisible pour l’œil du spectateur et j’en passe, Roland West peaufine son ambiance et s’amuse à créer un climat d’épouvante qui vient contrebalancer l’aspect comédie policière de son long métrage. Bref, The Bat a beaucoup de choses à vous proposer. Evidemment, le jeu des acteurs se montre très théâtral dans son ensemble, les froncements de sourcils ou les regards sont surjoués mais nous sommes dans le cinéma muet et cet aspect outrancier participe pleinement à donner au film un côté expressionniste, qui se développe dans la mise en scène et surtout les décors, avec ombres menaçantes se dessinant sur les murs, comme dans « Nosferatu le vampire » par exemple. Rappelons que ce film a été entièrement tourné de nuit, ce qui lui confère également cette touche sombre et lugubre si particulière.
Reste bien sûr à parler de l’élément le plus important du film, à savoir le fameux voleur se faisant surnommer « La chauve-souris ». Nous, spectateur menons l’enquête avec le détective Moletti et on en sait même plus que ce dernier puisque nous avons des vues sur certaines actions des protagonistes que ne voit pas le policier ; on a donc une longueur d’avance mais cela nous permettra-t-il de démasquer « la chauve-souris » avant lui ? Car notre voleur est particulièrement coriace, intelligent et surtout très doué pour l’escalade et les acrobaties et il ne se laisse guère impressionner par la présence de la police. Pourtant, certaines scènes vers les trois quarts du film devraient nous aider à y voir clair, notamment lors de l’entrée en scène d’un nouveau personnage. Avec un peu de réflexion, la solution devrait vous apparaître limpide. Mais comme il est demandé au tout début du long métrage, sachons garder un secret et ne dévoilons pas l’identité de « La chauve-souris » pour ne pas gâcher votre plaisir de cinéphiles.
* Disponible en Dvd chez HANTIK FILMS
* Remake en 1930 de Roland West lui-même sous le titre "The Bat Whispers"
* Remake avec Vincent Price en 1959