Affiche française
SUPER | SUPER | 2010
Affiche originale
SUPER | SUPER | 2010
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Super

Super

Frank D’Arbo n’a pas toujours eu une vie facile, loin de là. Humilié à de nombreuses reprises dans sa jeunesse, allant de misère en misère sans jamais pouvoir visiblement trouver la paix, le jeune homme désespéré pensait sa vie vouée à l’échec. C’est alors qu’il fit la connaissance de Sarah, une ancienne toxicomane, avec qui il filera le parfait amour et se mariera.

Mais le malheur le rattrapera rapidement quand sa femme quittera soudainement la maison après avoir succombé aux charmes d’un dealer. Exaspéré de ce monde pourri et surtout persuadé qu’il peut alors ramener sa femme sur le droit chemin, Frank décide de devenir un super-héros. Aidé par Libby, l’employée geek d’une boutique de comics, il va combattre le crime dans sa ville, une clé à molette dans la main comme arme de prédilection…

SUPER | SUPER | 2010

Présentant des similitudes évidentes avec "kick ass" (Monsieur tout le monde devient un super héros sans pouvoir et décide de mettre fin au crime avec une détermination à toute épreuve), le film de James Gunn ne plagie pas ce dernier comme nous pourrions le penser en lisant le résumé (d’ailleurs, le réalisateur affirme ne pas s’être inspiré du film de Matthew Vaughn, le scénario de "super" ayant été élaboré bien avant la parution publique de "kick ass" en comics et au cinéma) mais s’avère être au contraire une œuvre singulière, bien plus trash et osée que son soi-disant aîné.

Pourtant présenté dans plusieurs festivals européens en 2011 (BIFFF, NIFFF, Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, Etrange Festival, Absurde Festival…), le film de James Gunn ne réussira toutefois pas à se démarquer suffisamment aux yeux des festivaliers pour espérer percer auprès du Grand Public. Une bien belle déception que voilà, étant donné la qualité indéniable de "super", véritable petite bombe au mauvais goût parfaitement assumé et au scénario bien décalé vacillant volontiers entre comédie et tragédie avec une aisance remarquable, le tout porté par une musique entêtante et un casting détonant (Rainn Wilson, Ellen Page, Liv Tyler, Kevin Bacon et Michael Rooker).

D’ailleurs, quand on connait le début de carrière du réalisateur, James Gunn, on peut rapidement être tenté par l’expérience « super ». En effet, après avoir fait ses premiers pas dans le milieu du cinéma chez Troma, chez qui il participera tout de même aux scénarios de deux films phares de la firme américaine ("Tromeo et Juliet" et "terror firmer"), il rédigera les scénarios de "Scooby-Doo" et de "l’armée des morts" avant de se lancer dans la réalisation avec son sympathique "horribilis" en 2006 (8 ans avant son premier blockbuster, "les gardiens de la galaxie", qui le fera enfin connaître du Grand Public).

Bien qu’il ait été écrit en 2002, "super" ne verra pourtant le jour que huit ans après. En effet, James Gunn ne souhaitait alors pas à cette époque-là se lancer dans la réalisation d’un film alternatif sur les super-héros car il n’y avait pas encore eu à ce moment tous ces long-métrages issus des univers Marvel ou DC Comics et "super" n’aurait assurément pas eu le même impact sur le public.

Dès l’introduction du film (où absurdité et sexe commencent déjà à se mêler à l’histoire) et le générique de début (avec ses dessins candides plein de couleurs et sa musique rythmée), nous comprenons aisément que nous allons avoir droit à une comédie bien torchée où le mauvais goût sera à la fête.
Alternant entre film de super-héros, comédie dramatique et comédie noire, "super" est un véritable pot-pourri bien ficelé et suffisamment maîtrisé par l’équipe du film pour en faire un agréable divertissement où trash, violence et grandguignolesque sont légions (ai-je déjà dit que James Gunn a fait ses armes auprès de Lloyd Kaufman, fondateur de Troma Entertainment?...).

Bénéficiant d’un rythme fort bien soutenu (difficile de s’ennuyer devant "super" au vu de la grosse dose d’humour distillée tout au long du film, les scènes de baston mémorables et tout simplement la qualité du scénario sacrément captivant), le film de James Gunn nous plonge dans l’univers du nouveau super-héros Eclair Cramoisi (le personnage créé par notre cher Frank D’Arbo) et de son acolyte Cramoisette, deux êtres totalement différents qui vont combattre le crime dans leur ville (à la manière d’un Kick-Ass et d’une Hit-Girl ou encore d’un Batman et d’un Robin). A bord de leur Eclair-Mobile (oui, les clins d’œil aux super-héros de comics sont nombreux et nous retrouvons avec plaisir dans "super" beaucoup de code de ce genre ô combien prolifique depuis le début de ce nouveau siècle), c’est dans des excès de violence bien barrée que nos deux compères masqués vont faire régner l’ordre : entre les corps dynamités, les visages mutilés, les crânes frappés à coups de clé à molette, les gorges tranchées, les bras broyés sans oublier cette scène de défonçage de nuque contre le sol, Eclair Cramoisi et Cramoisette ne font clairement pas dans la dentelle !

Ce qui plait dans ce "super", bien plus encore que dans "kick ass" pour garder cette comparaison plutôt logique que l’on peut entretenir entre ces deux films, c’est ce duo Frank-Libby (alias Eclair Cramoisi et Cramoisette).

Dans un premier temps, nous faisons la connaissance d’un homme mal dans sa peau, pas très heureux dans sa vie, qui va soudainement s’entretenir avec Dieu himself (est-ce un alibi qu’il se trouve, voire une excuse pour se déresponsabiliser de son comportement à venir, ou tout simplement une hallucination dans cette période de détresse et de vulnérabilité où sa femme l’a quitté soudainement?) et devenir ensuite un super-héros. Ce costume, qu’il lui manquait jusque là, va alors lui permettre de sortir de cette bulle dans laquelle il était enfermé et d’acquérir de l’autorité et surtout du courage et de la détermination dans sa quête vengeresque (« pour être un super-héros, il suffit de combattre le Mal » entend-il). Véritable personnage tragico-comique, animé en grande partie par cette volonté de sauver sa dulcinée des griffes des vilains dealers (son but ultime), Frank alias Eclair Cramoisi a d’ailleurs bien du mal à contenir ses émotions et ses excès de « colère vengeresque » (il n’hésite pas à tabasser un pauvre gars qui vient de doubler des gens dans une file d’attente ou à débouler sans réfléchir et sans véritable arme face à des dealers armés de pétards). Le malheureux a l’air en effet bien perdu dans ce personnage qu’il s’est créé (inquiétude vis-à-vis de la Police, périodes de doute quant au sérieux du personnage d’Eclair Cramoisi qu’il représente…) et seuls les souvenirs de sa belle Sarah et les visions qui le tourmentent l’aident à aller de l’avant.

C’est d’ailleurs l’arrivée de Libby, une geek complètement décalée (une interprétation remarquable et hilarante de la talentueuse Ellen Page), qui va en quelque sorte, sans le vouloir, raisonner Frank et lui permettre de contrôler ses pulsions et son manque parfois de lucidité. A eux deux, ils vont s’entretenir moralement de par leurs comportements opposés. Alors qu’Eclair Cramoisi apprend à réfléchir avant d’agir grâce aux erreurs de Cramoisette (une sorte de psychopathe qui jure et tabasse presque par plaisir quand elle est dans son costume de super-héros), cette dernière de son côté va se voir inculquer des leçons de morale pour dissocier le Bien du Mal et ne plus s’emporter dans des élans de courage disproportionnés.

Une relation entre les deux super-héros qui pourrait presque par moments être assimilée à une relation père-fille (la fille intenable et le père qui tente de la raisonner et la calmer), si il n’y avait pas eu bien évidemment cette scène délirante où Libby veut (et va) se taper Eclair Cramoisi… Mais outre cette entraide morale allons-nous dire, Libby a beau être une pile sur pattes difficilement maîtrisable et peut-être à termes un frein dans la vie de super-héros de Frank, c’est tout de même elle qui paradoxalement va soigner Eclair Cramoisi (à sa façon) puis le sauver ensuite des coups de ses assaillants (quand l’élève aide le maître, cela ne vous fait pas penser une fois de plus à "kick ass" justement?...).

Il est également amusant de constater les deux mondes dans "super" que sont d’un côté la réalité avec Frank et ses problèmes personnels sans oublier le monde extérieur peuplé de dealers et de voyous dans lequel il vit (nous avons d’ailleurs droit dans « super » à une bien belle satire sociale) et d’un autre côté la fiction où se mêlent les apparitions de Dieu et du Vengeur Sacré (super-héros qui vient rendre visite à Frank lors de ses périodes hallucinatoires) et ce monde de super-héros que se sont créés Libby et Frank.

La culture geek est d’ailleurs ce qui relie en quelque sorte ces deux mondes : Frank en plein désespoir devient un super-héros en voyant le Vengeur Sacré, un super-héros de comics, tandis que Libby baigne déjà dans ce monde de super-héros de part cette geek-attitude qu’elle entretient (elle-même est déjà en grande partie déconnectée de la réalité à en croire ses réflexions délirantes ou encore son excitation quand elle parle de super-héros de comics…). Outre le fait qu’il soit question ici de super-héros, la culture geek et cet aspect très "comics" sont d’ailleurs très présents dans "super" avec notamment les bulles de dialogues et les dessins qui apparaissent à plusieurs reprises dans le film (notamment dans les scènes de baston), les passages se déroulant dans un magasin de comics avec ces quelques échanges entre Libby et Frank à propos des super-héros issus des Marvel et des DC Comics entre autres, sans oublier les nombreux clins d’œil aux comics tout au long du film comme déjà dit plus haut.

Injustement méconnu du Grand Public, "super" est pourtant un très bon divertissement. Tantôt drôle, tantôt émouvant, le film de James Gunn est très riche scénaristiquement parlant et vient indéniablement apporter une bien belle contribution au monde des super-héros au cinéma ! SHUT UP CRIME !!!!

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Note
5
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David Maurice