Digging up the Marrow

Digging up the Marrow

Alors qu’il assiste à une convention d’horreur, le cinéaste Adam Green est surpris par un envoi de William Dekker, un policier à la retraite, le contactant car il prétend avoir la preuve de l'existence de monstres. La femme de Green réagit avec scepticisme, mais le réalisateur s’intéresse néanmoins à Dekker et part l’interviewer chez lui. Celui-ci confirme bien avoir vu de nombreuses créatures et en avoir identifiées certaines, croquis à l’appui, tout comme il sait où se trouve l’entrée de leur antre (« The Marrow » du titre). Green et son caméraman Will Barratt se décident alors à aller explorer cette dernière se trouvant dans un cimetière perdu dans les bois. Vont-ils alors y découvrir quelque chose de convaincant ou bien est-ce que l’ex flic est un énième illuminé ayant une imagination fertile ?

Digging up the Marrow | Digging up the Marrow | 2014

A ceux qui redoutent les found footage movies en pensant que tout a déjà été fait depuis un certain "Le projet Blair Witch" (sorti en 1999, déjà !), on annoncera tout de go qu’Adam Green, le réalisateur, contourne intelligemment tous les poncifs propres à ce genre et nous propose un long-métrage assez original sur le fond. Rappelons que le cinéaste américain s’est fait connaître en 2010 grâce à "Frozen", un gentil petit survival, mais surtout par la trilogie ne faisant pas dans la dentelle côté gore, j’ai nommé "Butcher", ce qui lui a valu une place dans le groupe de réalisateurs indépendants à succès le « Splat Pack » aux côtés de James Wan, Alexandre Aja, Wes Craven ou encore Rob Zombie, rien que ça !

Pour Digging up the Marrow (qu’on pourrait traduire par « creuser la moelle »), il s’entoure pour sa distribution de gens très connus dans le milieu comme : Lloyd Kaufman, Tony Todd, Kane Hodder, Tom Holland, Mick Garris et Ray Wise pour un « documenteur » tourné façon found footage. Ici, Adam Green est censé réaliser un documentaire explorant la représentation des monstres dans les arts et la réalité à partir de laquelle les artistes créent leurs créatures fantastiques. Un beau jour, il part avec son caméraman Will à la rencontre de William Decker (joué par Ray Wise), un ancien détective de Boston l’ayant contacté et prétendant que les monstres sont réels et qu’il connaîtrait l’entrée de leur monde située non loin d’un cimetière.

Force est de constater que le film commence intelligemment lors d'une convention horrifique et nous avons droit à une excellente introduction mettant en vedette certains grands du monde de l'horreur, nous racontant ce qu'ils pensent des monstres. Cette scène donne ainsi adroitement le ton documentaire du film et contribue à lui conférer un sentiment d'ancrage dans le monde réel, quelque chose qui manque cruellement à beaucoup de found footage movies actuels ! Cela nous permet ainsi de croire pleinement qu'Adam va partir à la chasse aux monstres dans un bois effrayant avec un homme dont on ne sait pas grand-chose de prime abord.

L’individu en question, c’est William Decker, un « complotiste » classique, avec une maison pleine de photos, de coupures de presse, de grosses flèches rouges sur un mur reliant des preuves entre elles qui, pour lui, prouvent non seulement l'existence de créatures, mais aussi celle de leur repaire. Si ce personnage est formidablement interprété par Ray Wise (le frère fou Leland dans la série Twin Peaks, vu aussi dans "Jeepers creepers 2", "Excision" ou encore "Night of the living Deb"!) car comme Green, jusqu’au bout, on ne sait pas s’il dit vrai ou s’il est simplement fou. D’aucuns regretteront toutefois qu’il soit le seul personnage fictif du métrage car tous les autres jouent leur propre rôle, ce qui gâchera un peu l’immersion et l’aspect vériste de ce qui nous sera montré à l’écran !

Pour ce qui est de la mise en scène, tout est tourné façon documentaire avec force interviews de personnalités de l’horreur et du protagoniste principal ou de Green et de son caméraman, donnant un ton sincère à l’œuvre. Entre des séquences volontairement humoristiques (dont celle avec Kane Hodder s’interrogeant sur la véracité des images qu’il visionne), les coups de colère de Decker et les rushs tournés dans la nuit près du cimetière perdu dans la forêt, rappelant étrangement "Cabal" de Clive Barker, avec sa race de monstres vivant dans un havre souterrain, on n’aura pas le temps de s’ennuyer. De fait, le discours méta commence à faire effet, d’autant que les séquences de nuit filmées de façon subjective parviennent à susciter une petite appréhension et qu’une caméra (la numéro deux) a disparu des radars. Puis arrive la dernière partie, celle où l’on s’aperçoit que Decker cache quelque chose au réalisateur et à son caméraman car il se rend seul dans le cimetière et désactive toutes les caméras sauf une. Ainsi, on pourra apercevoir des monstres dont le design a été créé à partir de dessins d’Alex Pardee, dessinateur de BD qui a notamment travaillé avec Zack Snyder sur "Sucker Punch". Le moins que l’on puisse dire, c’est que leur look original change radicalement des créatures dont on a l’habitude. Mais sont-elles réelles ? Vous le saurez en regardant la toute fin, lorsque la caméra numéro 2 reviendra on ne sait trop comment entre les mains d’Adam Green…

Ainsi, Digging Up The Marrow, grâce à son méta angle, réussit à apporter quelque chose de nouveau et d'unique au genre usé jusqu’à la corde du found footage. Le film est, par ailleurs, hyper bien interprété par Green lui-même, les guest stars de luxe ou encore un Ray Wise génial, qui fera douter n’importe qui jusqu’au bout quant à ses véritables intentions et motivations. Parsemé de clins d'œil et de références à moult films d'horreur, Digging Up The Marrow, ne pourra que vous faire passer un bon moment à essayer de tous les repérer. Alors laissez-vous tenter par ce métrage tourné pour partie en caméra subjective pour le moins méconnu mais ô combien fascinant !

Digging up the Marrow | Digging up the Marrow | 2014
Digging up the Marrow | Digging up the Marrow | 2014
Digging up the Marrow | Digging up the Marrow | 2014
Bande-annonce
Note
4
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Vincent Duménil