COMPTE-RENDU FESTIVAL DE GERARDMER 2022

Par David Maurice

 

 

Du 26 au 30 Janvier 2022 s’est déroulée la 29ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer. Après une 28ème édition qui s’était faite en virtuel en raison de la crise sanitaire (une édition qui d’ailleurs fut un véritable succès d’un point de vue technique), nous étions heureux de revenir en terres vosgiennes pour profiter du festival en présentiel !

Alors certes, la Covid a laissé des traces lors de cette 29ème édition : port d’un bracelet témoignant de notre pass vaccinal, contrôles du port de masque, gel hydroalcoolique à l’entrée des cinémas, mise en place d’un centre de dépistage, respect de jauges ou encore interdiction de boire et/ou manger durant les projections. Rien de plus logique pour éviter tout risque de créer un cluster dans les Vosges (tout le monde se souvient de celui survenu notamment pas très loin, à Charmes, dans une discothèque bordant l’autoroute…) et la Sécurité était là pour surveiller le bon respect des gestes barrières.

Une édition durant laquelle il a fait relativement bon : certes nous avons eu froid (les -5°C la nuit nous ont fait grelotter) mais la neige annoncée le vendredi n’est finalement pas beaucoup tombée en journée, tout comme la pluie prévue sur le week-end qui se sera surtout montrée une partie du samedi. Pas de blizzard non plus, un lac pas entièrement gelé cette année mais une sympathique brume et un joli petit manteau neigeux autour du lac qui contribuaient au cadre si typique de ce festival de cinéma fantastique.

 

Du côté des personnalités, Julie Gayet était la présidente du Jury Long-Métrage. A ses côtés, elle avait toute une équipe pour l’aider à départager les dix films en compétition : le réalisateur/scénariste/producteur Alexandre Aja, les comédiennes Mélanie Doutey et Suliane Brahim, le réalisateur/scénariste Bertrand Mandico (avec qui j’ai rapidement discuté au Grand Hôtel, notamment pour le féliciter pour son second film "After blue" présenté en hors-compétition), la réalisatrice/scénariste/comédienne Valérie Donzelli, l’auteur/réalisateur Pascal-Alex Vincent et le comédien Grégory Montel.

Du côté des courts-métrages, ce fut le duo de réalisateurs/scénaristes Ludovic et Zoran Boukherma (à qui l’on doit le film "Teddy" présenté à la 28ème édition du festival) qui présida la compétition, en compagnie du réalisateur/scénariste Antonin Peretjatko, de la comédienne Shirine Boutella et de la comédienne/auteure Saïda Jawad.

Autres personnalités à rejoindre la Perle des Vosges, Nicholas Meyer et Edgar Wright furent de la partie et ce furent sept films qui firent projetés durant le festival : "C’était demain", "Star Trek 2" et "Star Trek 6" pour le premier, "Shaun of the dead", "Le dernier pub avant la fin du Monde", "Scott Pilgrim" et "Last night in Soho" pour le second.

 

Qui dit « Festival » dit également « Films ».

 

Du côté des projections, comme chaque année, le festival de Gérardmer est l’occasion de revoir des classiques du cinéma fantastique sur grand écran. Cette année nous aurons droit à une nuit asiatique avec les films "Audition", "Ring" et "Dark water", une sympathique rétro avec "Bruiser", "Hurlements" et "Possession", et enfin une séance spéciale avec "Les yeux sans visage". Une bien belle brochette de films que voilà !

Mais bien évidemment, le festival est l’occasion de voir des films nouveaux et à ce titre nous avons eu droit à une jolie compétition avec 10 films projetés venant d’horizons différents et qui ont tous été visionnés par votre rédacteur lors de ce festival, comme d’accoutumée pourrais-je dire.

Du côté du hors-compétition, ce furent 8 films (dont 2 présentés en Nuit Décalée), 4 films d’animation et 2 documentaires. Votre rédacteur aura visionné les huit films ainsi qu’un film d’animation, soit neuf films présentés en hors-compétition.

Tous les films visionnés seront critiqués comme d’habitude dans la seconde partie du compte-rendu du festival qui revient sur les cinq journées dans l’ordre chronologique.

Parmi les films présentés, plusieurs étaient très attendus par votre rédacteur. Tout d’abord bien évidemment le norvégien "The innocents" (qui a remporté l’Octopus d’Or et le Prix du Public à Strasbourg ainsi que le Prix Nouveau Genre à L’Etrange Festival l’année précédente) mais également le taïwanais "The sadness" (très souvent sélectionné en festival sur 2021 et apparemment très saignant et déjanté), l’espagnol "La abuela" (qui marquait le grand retour de Paco Plaza) ou encore le français "After blue" (qui a récolté le Prix de la Critique Internationale au Festival de Locarno, le Prix du Meilleur Film au Fantastic Fest d’Austin ainsi que le Prix spécial du Jury et le Prix de la Critique International à Sitges).

J’étais également pressé de voir le dernier né d’Ana Lily Amirpour "Mona Lisa and the blood moon" (après notamment son très sympathique "A girl walks home alone at night"), le dernier Takashi Shimizu "Jukaï : la forêt des suicides" (après son Prix du Jury à Gérardmer en 2020 pour "The howling village" sans oublier la saga des "Ju-on" / "The grudge") ou encore certains films intrigants dans leurs scénarios comme le finlandais "Ego" et l’hongrois "Post mortem".

Du côté des courts métrages, j’attendais forcément le nouveau court-métrage "Friandise" (Prix du Public à L’Etrange Festival 2021) de l’ami Rémy Barbe qui nous avait présenté "Et le diable rit avec moi" quelques années auparavant : un Prix remporté à la Perle des Vosges que nous avions fêté avec le réalisateur sur horreur.com à l’occasion d’une interview. Mais "La verrue" de Sarah Lasry était là aussi pour tenter un doublé après sa belle victoire à Paris (l’Oeil d’or et le Prix du Jury ont été récoltés par la cinéaste l’année précédente). Un beau combat en perspective entre les deux favoris de cette compétition !

 

Mais le festival de Gérardmer c’est également des expositions, des rencontres avec des écrivains/dessinateurs ou encore des stands de goodies dans la salle du Grimoire (déplacée cette année pour laisser la place à un centre de vaccination).

L’occasion de revoir ce cher Loïc Bugnon (créateur du Bloody Week-End, une convention annuelle réunissant des centaines de fans de cinéma fantastique) comme chaque année et de lui acheter deux-trois choses sur son stand haut en couleur où figurines côtoient masques, tee-shirts et autres goodies et vêtements (tasses, casquettes…).

N’hésitez pas à parcourir son site en ligne : LAQUATRIEME DIMENSION.FR

 

Cette année j’ai jeté notamment mon dévolu sur deux artistes, Gilles Henriot et Snail. Tous deux exposaient à la Villa Monplaisir : le premier des toiles très colorées avec en fond à chaque fois un crâne humain tandis que le second nous présentait de jolies illustrations de vilains méchants de films d’horreur.

N’hésitez pas là aussi à aller sur leurs sites Internet :

gilleshenriot.blogspot.fr

LaCaverneDeSNAIL sur Facebook

 

Pour ma part, mes quelques achats seront les suivants : deux packs de figurines Neca et un tee-shirt Alien chez Loïc Bugnon ainsi que l’excellent livre "Horror epics" de Snail (dédicacé bien évidemment) dans lequel sont illustrés les grands méchants du cinéma fantastique et dont j’ai à tout prix voulu avoir un exemplaire après avoir découvert ses quelques illustrations dans la Villa MonPlaisir.

 

 

Alors que les décorations étaient assez peu nombreuses cette année chez les commerçants de la ville (très peu de vitrines décorées), l’Espace Lac (la plus grande salle de cinéma du festival) avait fait peau neuve avec un joli plafond entièrement refait et la commune avait installé non loin de l’hyper-centre, entre les salles de cinéma du Paradiso et de la MCL, un petit village de commerçants avec son manège pour les enfants. Sympa !

 

Niveau restauration, j’ai gardé mes chouchous comme chaque année (la baraque à frites/sandwich au bord du lac "La Fringale", la boulangerie Les Petites Douceurs ou encore le kebab de chez Salim). Sinon, je conseille comme souvent la brasserie Le Grizzly, le restaurant Le Pub ou encore le salon de thé Pâtisserie Arnould qui sont idéaux pour manger bien et vite pendant le festival (oui, je suis client donc je fais un peu de pub : le compte-rendu n’est pas fait que pour parler cinéma mais de tout ce qui entoure le festival !)

Sinon, rien ne vous empêche d’aller faire un tour au Grand Hôtel pour boire un coup et pourquoi pas rencontrer quelques membres du Jury, quelques cinéastes de passage par le festival ou encore des ami(e)s. C’est notamment au Grand Hôtel que nous avons tourné un podcast d’1h30 avec Malik Keloua (confrère du site ohmygore.com) et ses deux acolytes Luc et Pascal le dimanche soir en toute fin de festival.

Mais le festival c’est aussi l’occasion de se faire une petite bouffe entre potes le soir comme ce fut le cas avec toujours Malik entre autres lors d’une raclette party puis d’un apéro bien grassouillet à base de saucisson et de chips !

C’est ça l’ambiance festival : des rencontres dans les files d’attentes, des bouffes entre potes, des discussions à n’en plus finir… et bien évidemment des films !!!

Allez, il est donc temps à présent de rentrer dans le vif du sujet et de revenir sur les 19 films et les 5 courts métrages visionnés. Bonne lecture !

 

 

MERCREDI 26 JANVIER 2022

Le festival a commencé avec sa traditionnelle cérémonie d'ouverture. Et c'est dans une salle non remplie (la Covid aura freiné de nombreux festivaliers manifestement) que l'on a eu droit aux sempiternels discours avec notamment les prises de parole du préfet des Vosges Yves Séguy, du Président du Conseil Départemental des Vosges François Vannson, du Maire de Gérardmer Stessy Speissmann, du Président de l'Association du Festival Pierre Sachot (qui en profitera pour rendre hommage à l’acteur Gaspard Ulliel décédé dernièrement) ou encore (grande première) du Directeur du festival Bruno Bardé. 

Puis vient le moment de présenter le Jury de la compétition des longs métrages présidé par Julie Gayet avec le réalisateur/scénariste/producteur Alexandre Aja, les comédiennes Mélanie Doutey et Suliane  Brahim, le réalisateur/scénariste Bertrand Mandico, la réalisatrice/scénariste/comédienne Valérie Donzelli, l’auteur/réalisateur Pascal-Alex Vincent et le comédien Grégory Montel. Un rapide discours de la Présidente, les poses traditionnelles pour les photos et c'est au tour (chose nouvelle une fois de plus) du premier hommage de cette 29ème édition.

Et c'est Nicholas Meyer (réalisateur, scénariste et écrivain) qui est à l'honneur, l'occasion de reparler de films tels que "Star Trek 2", " Star Trek 6" ou encore "Le jour d'après" et "C'était demain". Après un discours fait en français s'il vous plaît, notre homme recevra des mains d'un chroniqueur et animateur radio un trophée pour sa carrière. 

Clap de fin pour cette ouverture de festival en format rallongé cette année. Place à présent au premier film de la compétition : " Eight for silver"

 

Film 01 : EIGHT FOR SILVER (Compétition, film d’ouverture)

 

Une mystérieuse menace qui semble avoir une origine surnaturelle pèse sur un petit village de la France rurale du 19e siècle. John McBride, un jeune pathologiste, se rend sur place afin d’enquêter et d’exorciser par la même occasion ses propres démons…

 

Réalisé par Sean Ellis ("The broken", "Cashback"...), "Eight for silver" est un film de loups-garous singuliers (des bêtes qui détestent l'argent manifestement mais dont le traitement diffère de ce que nous voyons généralement chez ces monstres poilus) qui nous transporte en pleine campagne française du XIXème siècle (l'un des points forts du film résidant dans cette ambiance bien retranscrite, que ce soit dans le reflet de la vie d'antan, les costumes, les jeux de couleurs utilisés...).

Une narration simple mais plutôt efficace qui vient mêler film de loup-garou, malédiction et folk horror avec une grosse pincée d'Histoire de France. Et bien que certains SFX soient en-deçà de nos attentes, la majeure partie sont maîtrisés (Sean Ellis semble prendre du plaisir à nous balancer quelques petites touches saignantes par-ci par-là histoire de donner un peu d'adrénaline au spectateur, et ce dès l'intro de son film avec le retrait de balles dans l'abdomen d'un soldat en gros plan puis lors du sort cruel réservé à un bohémien à qui l'on coupera les quatres membres sans aucune pitié, l'une des scènes mémorables du film assurément) , nous faisant penser à du "The Thing" (une scène d'autopsie réussie) mêlé à du Gordon/Yuzna, rien que ça!

On pourra certes reprocher au film quelques longueurs (possibilité de retirer 15-20min), deux-trois incohérences scénaristiques (on pense à ce passage où notre héros construit tranquillement des tas de pièges dans la forêt sans jamais se faire attaquer ou bien évidemment un final que je ne spoilerai pas...) et une utilisation des ralentis dans certaines scènes d'action qui gâchent quelque peu le spectacle par moments mais dans l'ensemble nous avons là un film sympathique qui renouvelle le mythe du loup-garou sans être pour autant transcendant.

Un bon petit film d'ouverture que voilà!

 

 

JEUDI 27 JANVIER 2022

 

Film 02 : POST MORTEM (Compétition)

 

Hongrie, 1919. Miraculeusement revenu du front, Tomás exerce comme photographe post-mortem dans une foire itinérante : à la demande des familles, il immortalise les défunts en recréant l’illusion de la vie par de savantes mises en scène. Alors qu’il vient d’arriver dans un village lourdement endeuillé, il est saisi par les révélations de la jeune Anna : le village serait hanté par des spectres mystérieux et terrifiants…

 

Deuxième film en compétition, le Hongrois "Post mortem" qui représentera son pays aux Oscars cette année. Le réalisateur n'ayant pas pu venir en raison de la crise sanitaire a tenu à laisser un petit message pour expliquer le contexte historique (fin de première Guerre Mondiale, épidémie de grippe espagnole) et nous souhaiter de bons frissons.

Alors oui, encore une fois nous avons affaire à un film soigné en ce qui concerne les décors et le cadre de manière générale (un vieux village en déclin, des bâtisses vétustes avec toits de chaume, des villageois terrorisés...). Mais l'un des autres atouts de ce film est le travail effectué sur le son et les bruitages en général. Avec son héros photographe et apprenti enquêteur dans le milieu du paranormal, ce dernier redresse des cadavres (ah la rigueur cadavérique et ces craquements d'os à tout va...), étudie des sons émanant d'esprits... Un beau boulot sur les bruitages!

Alors nous avons ici tout ce qui caractérise généralement un film paranormal : toute la panoplie du "bestiaire" (les cadavres qui se redressent, les fantômes qui surgissent de partout) ainsi que les clichés innérant au genre (les portes qui se ferment toute seules, les éclairages qui s'éteignent soudainement, les bruits de pas et j'en passe...). Mais le gros souci de "Post mortem" est que nous n'y trouvons pas cette ambiance tétanisante/frissonnante que nous étions en droit d'attendre et dont le réalisateur nous avait parlé quelques minutes avant la projection.

D'autres reprocheront au film de ne pas être suffisamment explicite dans son dernier quart d'heure, ce dernier ayant plusieurs niveaux de lecture. Une bonne idée selon moi, le film fourmillant de suffisamment d'indices pour donner une interprétation solide à tout cela pour quiconque ayant envie d'y réfléchir un peu en sortie de projection.

Un bon petit film paranormal au casting de bonne facture, sortant quelque peu des sentiers battus et au contexte historique peu commun mais malheureusement la peur n'est pas au rendez-vous...

 

Film 03 : AFTER BLUE (Hors-Compétition)

 

Dans un futur lointain, sur une planète sauvage, Roxy, une adolescente solitaire, délivre une criminelle ensevelie sous les sables. A peine libérée, cette dernière sème la mort. Tenues pour responsables, Roxy et sa mère, Zora, sont bannies de leur communauté et condamnées à traquer la meurtrière. Elles arpentent alors les territoires surnaturels de leur paradis sale…

 

Premier film présenté en hors-compétition et c'est au tour de Bertrand Mandico, notre réalisateur farfelu français, de nous présenter son nouveau long-métrage.

"C'est de la science-fiction mais sans la science, il y a même de l'heroic fantasy mais plus fantaisie (...) Ce film c'est un voyage, c'est bon pour la digestion (...) Après le film vous pourrez venir nous jeter des boules de neiges!" : voilà quelques phrases balancées par l'ami Mandico avant la projection de son film. Le genre de discours (mais nous nous y attendions) qui nous explique que le long-métrage ne sera pas destiné à tous les public et saura diviser les festivaliers.

Et c'est indéniable : "After blue" est un véritable ovni, un film expérimental comme on en voit de temps en temps. Véritable oeuvre onirique qui nous plonge sur une planète où la vie semble être repartie à l'ère primitive et où les femmes sont seules maîtresses à bord (l'occasion de voir pas mal de poitrines dénudées d'ailleurs...). Jeux de couleurs vives à gogo, décors faits avec les moyens du bord (quelle imagination pour créer tout cela en plateau!), histoire totalement barge, personnages décalés au possible... Mais quel plaisir de suivre cette quête entre une femme et sa fille qui doivent éliminer une dangereuse serial killeuse!

Plonger dans ce Monde farfelu dans lequel le réalisateur fourmille d'idées toutes plus dingues les unes que les autres (tout en nous offrant une critique de la mondialisation et du consumérisme assumée, en témoigne l'absence de technologie tandis que les grandes marques de type Chanel, Gucci et Paul Smith ont donné leur nom à des armes...) est un véritable plaisir que certains qualifieraient de "coupable". C'est fou, souvent drôle, parfois con-con, mais Bertrand Mandico n'oublie jamais son fil conducteur et c'est là le principal : raconter une histoire en y apportant cet onirisme et cette folie propre à son auteur !

Un film à découvrir si plonger 2h dans un Monde décalé ne vous fait pas peur. Moi j'ai beaucoup aimé et j'ai félicité en personne le réalisateur au Grand Hôtel jeudi soir car voilà encore un pari osé de relevé!

 

Film 04 : MONA LISA AND THE BLOOD MOON (Compétition)

 

Une jeune fille dotée de pouvoirs particuliers et potentiellement dangereux est enfermée depuis plus de dix ans dans un hôpital psychiatrique. Un jour, lors d’une nuit de pleine lune, elle s’échappe et rejoint le chaos de la civilisation en écumant les rues du quartier français de la Nouvelle-Orléans. Dorénavant seule, elle va devoir apprendre à maîtriser ses pouvoirs afin de ne pas mettre en danger la vie d’autrui, mais aussi la sienne…

 

Troisième film en compétition, voici venue l'heure de découvrir le nouveau film d'Ana Lily Amirpour. Après un très sympathique et singulier "A girl walks home alone at night" qui nous peignait le portrait d'une vampire en Iran balayant sa ville des vilains hommes qui la peuplaient, notre belle cinéaste revient pour un troisième film qui met en scène une jeune femme de 20 ans s'étant évadée d'un asile psychiatrique et ayant des pouvoirs psychiques (ici la capacité de contrôler les esprits et les gestes d'autrui).

Avec un pitch pareil, nous étions en droit de nous attendre à un film dynamique aux multiples confrontations, d'autant plus que l'intro suivie des vingt premières minutes laissaient présager de bien belles choses. Violent et drôle à la fois, la première partie va malheureusement donner lieu ensuite à une histoire simpliste dans laquelle une strip-teaseuse se sert de la jeune femme pour voler de l'argent de diverses façons. Très répétitif dans sa narration, peu surprenant également (on suite un fil conducteur sans grande péripétie haletante), "Mona Lisa and the blood moon" s'enlise dans une facilité scénaristique. Reste une relation de maître/disciple intéressante entre Mona Lisa et la strip-teaseuse mais là aussi une fois ce climat instauré il n'y a plus grand chose à nous raconter, la relation peinant à évoluer pendant bien trop longtemps. Et même si Ana Lily Amirpour nous montre une fois de plus que la musique tient une place particulière dans ses films et s'avère entraînante, et que les bad boys tatoués et drogués interpellent notre cinéaste et nous offrent là encore les meilleures séquences une fois de plus, cette fois-ci bien que certains ingrédients se retrouvent la mayonnaise prend moins bien.

Pas suffisamment singulier, "Mona Lisa and the blood moon" ne convainc pas et ne réussit pas à sortir des sentiers battus, nous offrant là un spectacle trop classique sans prise de risque alors que la thématique aurait pu donner quelque chose de plus abouti et personnel. Dommage...

 

Film 05 : SAMHAIN (Compétition)

 

C’est la semaine précédant Halloween et Angela, la mère de Char, a inexplicablement disparu. Tout ce qui reste, c’est sa voiture abandonnée. Lorsqu’elle revient chez elle sans explication le soir suivant, Char et sa grand-mère comprennent que quelque chose ne va pas. Elle a beau avoir la même apparence et la même voix, le comportement d’Angela est de plus en plus effrayant, comme si elle avait été remplacée par une force malveillante. Lorsqu’arrive Halloween, une nuit imprégnée de mythes et de légendes anciennes, Char réalise qu’elle est la seule à pouvoir la sauver, même si elle risque de la perdre à jamais...

 

Et c'est au tour de l'irlandaise Kate Dolan de nous dévoiler son "Samhain" (l'équivalent d'Halloween en Irlande), quatrième film en compétition cette année.

Intitulé dans son pays d'origine "You are not my mother" (un titre qui en dit bien plus sur l'histoire), ce long-métrage traite un sujet assez peu commun dans le cinéma fantastique : le changeling (autrement dit un leurre laissé par des créatures imaginaires à la place d'un nouveau-né humain qu'elles enlèvent).

De par cette approche culturelle (nous touchons au folklore irlandais, à des rites païens celtiques) dont la réalisatrice nous faisait part en début de séance, "Samhain" apporte il est certain un petit quelque chose en plus par rapport aux films habituels de démons. Porté par un solide casting, nous suivons une vie de famille pas comme les autres (une mère aux comportements plus que troublants, une grand-mère qui semble en savoir pas mal sur certains secrets de famille bien enfouis, une jeune fille un peu perdue dans tout cela et très solitaire) qui va progressivement sombrer dans l'horreur à l'approche de la fête d'Halloween, jour où la passerelle entre le Monde des vivants et celui des morts est la plus accessible...

Avec un rythme bien dosé (une histoire dont la jeune Charlotte est l'élément central que la réalisatrice veut nous montrer sous toutes ses facettes, de sa vie solitaire à l'école à ses inquiétudes à la maison face aux agissements de sa mère), quelques rebondissements bienvenus et une histoire qui se clarifie progressivement pour faire toute la lumière sur le passé sombre de cette famille, le spectateur est tenu en haleine avec une certaine maîtrise déployée par une cinéaste visiblement à l'aise pour conter un drame empreint de fantastique.

Un bon petit film à voir dans cette compétition... Ou plus tard!

 

Film 06 : JUNK HEAD (Hors-Compétition)

 

Un humanoïde high-tech, chargé de ramener des informations nécessaires à la survie de l’espèce humaine, est plongé dans les angoissants sous-sols d’un monde post-apocalyptique, peuplé de créatures répugnantes et agressives...

 

Deuxième film en hors compétition vu lors de ce festival, le film d'animation "Junk head" nous narre les mésaventures dans un futur lointain d'un humanoïde high-tech chargé d'aller chercher le secret de la reproduction dans les entrailles de la Terre peuplées de créatures horribles.

Voilà bien un film original dans son concept, original aussi bien pour son idée de base que pour sa façon dont il est réalisé. Car "Junk head" c'est un retour au stop-motion (qui a vu connaître le succès en film d'animation avec "L'étrange Noël de Monsieur Jack") d'une part mais également une narration en forme de jeu de plateforme amusant (on pense aux levels dans Mario où autre jeu de ce type où des quêtes nouvelles sont données à chaque stage) d'autre part.

Seulement voilà, le film montre rapidement des limites et ce dernier, bien que fort maitrisé dans sa technique, souffre d'une baissé de régime assez rapidement. Un film d'animation qui s'essouffle vite de part cette répétitivité (notre humanoïde passe son temps à se promener dans les tunnels souterrains de ce Monde post-apocalyptique, les monstres se ressemblent beaucoup et peinent quelque peu à se renouveler) qui lassera le spectateur au bout de 45 bonnes minutes. Pourtant le film ne manque pas de petites touches d'humour parsemées par-ci par-là (certains dialogues ne manquent pas de piquant, certaines bêtes prêtent à sourire tout comme certaines situations un brin farfelues), s'avère dynamique (malgré la technique du stop-motion qui donne certes de l'authenticité au film mais aussi en contrepartie des mouvements saccadés) et les émotions des personnages sont bien retranscrites (bravo à cette technique du stop-motion fluide) mais le côté répétitif prend vraiment le pas sur tout le reste et laisse place à un certain ennui.

Sous un format moyen-métrage (et non les 1h40 passées que nous avons ici) nul doute que "Junk Head" aurait remporté l'adhésion. Petite déception donc alors que le résumé donnait envie d'en savoir plus sur ce Monde souterrain peuplé de créatures...

 

 

VENDREDI 28 JANVIER 2022

 

Film 07 : SHE WILL (Compétition)

 

Après avoir subi une double mastectomie, Veronica Ghent part en convalescence dans la campagne écossaise avec sa jeune infirmière. Arrivée sur place, elle découvre que le processus d’une telle intervention chirurgicale soulève des questions sur sa propre existence, l’amenant à s’interroger sur ses traumatismes passés et à les affronter. Les deux femmes développent une relation particulière, alors que des forces mystérieuses donnent à Véronica le pouvoir de se venger dans ses rêves…

 

Nouveau film en compétition, voici à présent "She will" de Charlotte Colbert.

Un premier film qui annonce d'emblée la couleur avec au générique Dario Argento comme producteur exécutif et Malcolm McDowell (que l'on ne présente plus également) dans les acteurs.

Voilà un métrage de bonne facture avec une Alice Krige (actrice sud-africaine vue dans "La nuit déchirée", "Silent Hill", "Salomon Kane", "Thor : Le monde des ténèbres" ou encore le nouvel opus de "Massacre à la tronçonneuse") en grande forme qui joue la rôle d'une ancienne star de cinéma en convalescence après une grosse opération. Drôle et nonchalante à la fois, cette dernière porte incontestablement le film sur ses épaules. Le reste du casting est d'ailleurs d'honnête facture et nous plonge sans problème dans ce drame (je n'en dis pas plus pour éviter tout spoiler) teinté de sorcellerie.

Avec son ambiance réussie (un chalet paumé dans la forêt renforçant ce sentiment d'isolement tandis que la nuit très présente et les visions horrifico-fantastiques donnent une sensation d'insécurité) et sa belle photographie, "She will" est un film agréable à suivre, d'autant plus que la narration s'avère simple et plutôt originale (comment faire du mouvement MeToo un sympathique film de sorcellerie).

Simple et efficace? Oui, on peut dire cela de ce premier film de Charlotte Colbert.

 

Film 08 : SALOUM (Hors-Compétition)

 

2003. Fuyant un coup d’État en Guinée-Bissau, trois légendaires mercenaires des Hyènes de Bangui doivent cacher leur magot et protéger un baron de la drogue. Ils sont contraints de se réfugier dans la région mystique du Saloum, au Sénégal.

 

Film présenté en hors-compétition, "Saloum" est un film franco-sénégalais réalisé par le congolais Jean-Luc Herbulot. Un film ayant été financé en grande partie par la vente de préservatifs sur le continent africain. "Comme quoi ce film a été fait avec beaucoup d'amour" dira l'acteur principal du film. Le ton est donné!

Alors qu'il s'agit probablement du film que j'attendais le moins dans ma programmation de cette 29ème édition, mal m'en a pris d'en avoir pensé du mal sans l'avoir vu (il faut dire que l'affiche de présentation laissait présager un film de science-fiction quelque peu fauché).

Car "Saloum" est une bonne petite surprise au final. Mêlant action, drame, humour et paranormal, voilà bien un film un peu touche-à-tout qui parvient sans grand mal à divertir son public avec ses dialogues amusants, ses personnages stéréotypés (le dealer mexicain avec une tête pas possible, le grand black baraqué qui veut rentrer dans le lard de tout le monde, le "Joe Dalton" de la bande plus raisonné que ses acolytes...) et sa dynamique bien huilée. On se prête tantôt à rire tantôt à sourire avec cette bande de mercenaires connus comme le loup blanc en Afrique pour leur bravoure mais qui vont tomber sur un sacré os, piégés par une sourde et muette qui leur fait du chantage, un flic qui n'a rien trouvé de mieux que de passer un petit séjour dans ce pauvre camp perdu au fin fond du Sénégal et enfin des esprits sacrément vilains.

Alors oui les esprits sont particuliers ici (des sortes de nuées d'insectes ou un truc dans ce genre) et sont mis en scène plus volontiers comme des monstres que comme des fantômes (les attaques se font en plein jour dehors, sans aucune tension, et les esprits peuvent prendre des coups de machette ou de révolver...). Même si tout reste un peu flou dans le pourquoi du comment de l'arrivée de ces esprits (une histoire de trafic d'enfants et d'abus sexuel sur mineur, une malédiction... Tout est confus et le dialecte africain au moment de certaines révélations n'aide pas à parfaitement comprendre), nous prenons "Saloum" comme ce qu'il est : un film pas prise de tête, amusant et rythmé, qui nous plonge en pleine ambiance africaine avec une pincée de surnaturel.

On salue le Festival d'avoir sélectionné en hors-compétition ce film africain fantastique, un continent peu représenté dans ce milieu

 

Film 09 : THE SADNESS (Compétition)

 

L’avenir de Jim et Kat, amoureux transis, s’annonce radieux, jusqu’au jour où un virus plonge Taïwan dans la violence et le chaos. Les habitants infectés se transforment en monstres incontrôlables livrés à leurs pulsions primaires, cherchant de la chair humaine et des partenaires sexuels. Le jeune couple doit se battre pour sa survie qui s’amenuise de minute en minute.

 

Sixième film en compétition, il est l'heure de retrouver l'un de ceux que l'on attendait de pied ferme dans les Vosges : le taïwanais "The sadness" de Robert Jabbaz. Un long-métrage qui, à l'instar de "The innocents", a déjà fait parler de lui lors de ses passages en festival sur 2021. Annoncé comme violent et saignant, les festivaliers sont prévenus et nous voilà devant une salle de l'Espace Lac bien remplie pour cette projection!

Et effectivement nous n'avons pas été trompés par la marchandise... "The sadness" est tout simplement le film gore que nous attendions depuis pas mal d'années maintenant sur la Perle des Vosges! Et quel film mes ami(e)s!

"The sadness", c'est une histoire on ne peut plus simple (on n'en demandera pas plus pour ce genre de long-métrage) : un virus se propage et plonge Taïwan dans le chaos, les personnes contaminées devenant alors hautement agressives et sadiques au possible. Le genre de virus qui laisse forcément des traces (bien rouges...) : Robert Jabbaz n'attendra pas bien longtemps pour nous plonger dans une horreur des plus graphiques, nos contaminés commettant alors tortures, meurtres et viols en pagaille sans la moindre pitié pour leurs victimes. Arrachage de peaux, castration contre du fil barbelé, cassage de membres, explosion et broyage de têtes, énucléation, morsures en tous genres, coups de couteaux et haches en veux-tu en voilà... Le sang gicle dans tous les sens, parfois avec exagération (d'où le mot "gore" utilisé dans le sens cinématographique du termes : c'est très saignant et drôle à la fois) comme cette scène de boucherie dans le métro au départ assez réaliste (un homme poignarde une par une ses victimes) qui vire au grandguignolesque (des geysers de sang vont littéralement repeindre le plafond). Pire encore, ce qui distingue "The sadness" des autres films où les contaminés deviennent extrêmement violents ("28 jours plus tard", "Busan" et autres "Peninsula", "#Alive"...), c'est le fait qu'ici vient également se joindre au rayon des joyeusetés des tortures et du sexe bien crade. En effet, nos contaminés vont s'adonner à des tortures en bandes organisées mais également, sous le regard subjugué des festivaliers, à des viols en cascade dans des bains de sang avec en fond des gémissements et des cris de victimes qui s'entremêlent avec les ricanements des agresseurs (on aura droit à des sodomies, levrettes et même une scène de pénétration dans un orbite après avoir retiré au préalable le globe oculaire !!! Quand on vous dit que cela va loin...). Une œuvre à ne pas mettre entre toutes les mains, comme le prouve une voix féminine dans la salle qui soudain pendant le film questionne "Y'a-t-il un médecin dans la salle !?" avant de sortir une personne ayant fait un malaise...

Bon alors oui, critiquer "The sadness" c'était forcément s'attarder sur les effets spéciaux et les maquillages réussis et en grande quantité. C'est là tout l'intérêt du film (savoir si le héros va réussir à rejoindre sa belle passe clairement au second plan) et à ce titre nous avons droit à un véritable tour de grand-huit horrifique qui démarre très vite et parvient à maintenir en haleine le spectateur du début à la fin. Un rythme fort soutenu permis notamment par des scènes se déroulant dans des endroits plutôt anxiogènes (après avoir été poursuivis en pleine rue par une horde de contaminés, nous voilà enfermés un temps dans le métro avant d'être à nouveau pourchassés dans les couloirs glauques de ce dernier et enfin nous arpentons les couloirs d'un hôpital dont le sol couleur rouge à de nombreux endroits est jonché de cadavres... Que des endroits à la base peu sexys...), le sadisme et la vélocité des contaminés renforçant par ailleurs ce climat des plus angoissants et ce sentiment d'insécurité permanent.

Vous l'aurez aisément compris : "The sadness" est une véritable bombe dans le paysage du film gore et c'est une sacrée surprise que voilà! Un film à voir assurément lors de ce festival

 

Film 10 : LA ABUELA (Compétition)

 

Susana, une jeune mannequin espagnole, est sur le point de percer dans le milieu de la mode parisien. Mais quand sa grand-mère est victime d’un accident la laissant quasi paralysée, Susana doit rentrer à Madrid dans le vieil appartement où elle a grandi afin de veiller sur celle qui constitue son unique famille. Alors qu’approche leur anniversaire commun, de vieux souvenirs resurgissent en parallèle d’événements étranges, et le comportement de sa grand-mère devient de plus en plus inquiétant…

 

Notre journée se finit par le septième film en compétition et pas n'importe lequel car il s'agit de l'un des films les plus attendus sur les Vosges : "La Abuela" qui signe le retour (gagnant) de Paco Plaza à Gérardmer après que ce dernier ait raflé trois prix avec son culte "[Rec]". Et c'est notre cinéaste espagnol (qui fait partie de ces artisans du fantastique adulés des fans) qui vient lui-même nous présenter son film qui sort ce même jour au cinéma en Espagne.

Et là encore il n'y a définitivement plus de doute là-dessus : Paco est un maître quand il s'agit d'instaurer une ambiance anxiogène. Adepte des films de couloirs, il nous plonge ici dans une maison en compagnie d'une vieille dame (une grand-mère, définition-même de "abuela" pour les moins hispaniques d'entre nous, de 85 ans) qui ne manquera pas de vous faire dresser les poils à plusieurs reprises. Angoissante quand elle semble vous fixer avec ce regard vide (la dame a subi un traumatisme crânien et se retrouve en état végétatif), terrifiante quand, pour on ne sait quelle raison, elle se met à ricaner, et intrigante quand elle semble être à la source de phénomènes inexplicables...

Les enfants ("Quien pue de matar a un nino", "The omen"...) et les anciens (" Sainte Maud", "Jusqu'en enfer", " [Rec]"...) sont de très bons vecteurs d'angoisse (ces êtres que l'on pense inoffensifs nous horrifient et nous questionnent quand des choses étranges semblent provenir d'eux) et "La abuela" vient encore nous le prouver. Cette vieille dame, vue plusieurs fois dans son plus simple appareil, fait d'ailleurs froid dans le dos de par ses formes squelettiques (notre cinéaste joue beaucoup de cela) qui rappellent un certain film de Paco Plaza...

L'appartement aux décorations datées et au couloir sombre est un personnage à part entière dans le film et joue un rôle sans aucun conteste dans l'anxiété générée. Même chose pour ces grands silences nocturnes et ces couleurs tantôt sombres (beaucoup de scènes de nuit dans l'appartement nous tiendront en haleine) tantôt chaudes (les vieilles lampes, seules façon de se diriger correctement la nuit dans appartement) qui viennent renforcer ce climat anxiogène.

Une anxiété que ressent de plus en plus notre héroïne qui malheureusement est comme prise au piège. Car c'est d'autant plus tragique et cruel que notre jeune héroïne ne semble pas pouvoir s'échapper de cet appartement lugubre où réside sa grand-mère, cette dernière étant comme prisonnière étant donné qu'aucune solution ne semble vouloir se présenter à elle pour faire garder cette vieille dame pour qu'elle puisse repartir sur Paris où elle vit.

Là où "The vigil" il y a deux ans à Gérardmer avait su nous angoisser également, "La abuela", lui, parvient à nous stresser de même mais ne rate pas son final à l'inverse du film de Keith Thomas. Car oui Paco Plaza n'a pas seulement fait un film de flippe et ce dernier raconte quelque chose : le dénouement final saura surprendre son public et viendra donner une toute autre orientation à ce film maîtrisé de bout en bout.

Décidément le cinéma Ibérique se porte bien et peut indéniablement compter sur les talents de notre Paco Plaza!

 

 

SAMEDI 29 JANVIER 2022

 

Film 11 : THE INNOCENTS (Compétition)

 

Dans la quiétude d’une banlieue assoupie par l’été nordique, quatre enfants se découvrent d’étonnants pouvoirs qu’ils convoquent innocemment dans leurs jeux, loin du regard des adultes. Alors qu’ils explorent leurs nouvelles aptitudes dans la forêt et le parc environnants, leurs distractions prennent peu à peu une tournure inquiétante.

 

Huitième film présenté en compétition, c'est au tour de "The innocents" du norvégien Eskil Vogt de faire son entrée dans la salle de l'Espace Lac. Celui qui a remporté l’Octopus d’Or et le Prix du Public à Strasbourg ainsi que le Prix Nouveau Genre à L’Etrange Festival vient tenter un troisième Grand Prix dans les Vosges.

Les films mettant en scène des enfants dans le cinéma d'horreur nous montrent généralement de vrais sales gosses ("The children", "Qui en puede matar a un nino") ou des enfants possédés ("The omen" et " L'Exorciste" pour ne citer qu'eux). Et parfois nous avons aussi les jeunes qui ont des pouvoirs particuliers : c'est le cas par exemple de "Dark touch", de " The prodigies", "Freaks" ou encore "Chronicle".

Eskil Vogt montre dans son film l'indifférence et la non-perception de ce qui est bon ou mauvais chez les enfants. Pour cela, il nous dépeint une cité HLM norvégienne vue ici comme un véritable terrain d'expériences pour quatre enfants dont trois d'entre eux développent des pouvoirs de télépathie et de télékinésie.

Alors que la première demi-heure montre rapidement à quel point les enfants peuvent être cruels entre eux ou vis-à-vis d'autrui (un malheureux chat aura le malheur de croiser leur chemin...) sans vraiment sans rendre compte (ou une fois que le mal est fait...), le réalisateur va montrer à quel point ces derniers pourraient représenter une menace si on leur mettait des pouvoirs entre les mains, histoire de pimenter la chose et nous balancer en plein univers fantastique.

Avec cette critique non camouflée de la société norvégienne en parallèle, Eskil Vogt parvient à nous plonger dans le quotidien de ces enfants qui usent de leurs pouvoirs qu'ils viennent de découvrir grâce à Anna, la soeur de la jeune héroïne Ida qui est autiste et sert alors de parfait réceptacle pour les deux autres enfants (selon les personnes atteintes d'autisme, et notamment le syndrôme d'Asperger, ils auraient une perception très intense de la réalité et connaîtraient un flux d'informations sensorielles envahissants). "Et les parents dans tout cela?" demanderez-vous. Hé bien comme souvent chez les enfants les adultes ne savent rien de tout cela et c'est bien là aussi quelque chose qui dérange : comment leur venir en aide et comment éviter que ces jeux ne deviennent également une menace pour eux si tout est transparent à leur niveau? Et en parallèle, les enfants continuent de s'exercer, de jouer à leurs jeux dangereux d'où une descente aux enfers progressive où il est parfois trop tard une fois la vérité apportée à l'oreille des parents... Le cinéaste d'ailleurs le dit en Introduction de son film à l'Espace Lac : cette idée de scénario lui est venue une fois qu'il a été papa. Hé oui, derrière ces sympathiques têtes blondes et ses petits sourires angéliques se cachent parfois des choses moins joyeuses...

Voilà un film qui dérange, qui questionne et surtout qui pourra toucher nombreux d'entre nous, parents ou non, car ces situations sont certes exagérées mais témoignent d'une réalité chez les plus jeunes... Une belle surprise qui parfois fait froid dans le dos et nous rappelle que nous sommes bien niveau compétition depuis vendredi après-midi!

 

COMPETITION DES COURS METRAGES

Direction la compétition des courts métrages à présent! Comme d'accoutumée nous commençons par la traditionnelle présentation du Jury présidé cette année par les deux réalisateurs du film "Teddy" (sélectionné l'année précédente en Compétition) Ludovic et Zoran Boukherma, en compagnie du réalisateur/scénariste Antonin Peretjatko, de la comédienne Shirine Boutella et de la comédienne/auteure Saïda Jawad. Une fois la présentation du Jury terminée, on fait monter sur scène les jeunes cinéastes des cinq courts qui nous sont proposés cette année.

Une compétition un brin décevante cette année et dont l'on retiendra véritablement que trois films.

Le premier, "Mantra", pour son aspect horrifique bien présent et la maîtrise du cadre dans lequel se situe cette étrange relation entre une jeune femme et une mante religieuse. La technique est là (des bruitages aux jeux de lumière en passant par quelques effets spéciaux dont on remerciera l'ami David Scherer) et le rythme est le bon : rien à dire de plus, c'est simple et efficace pour un court!

Le second qui aura retenu mon attention signe le retour de ce cher Rémy Barbe ("Et le diable rit avec moi") qui, avec "Friandise", nous montre une fois de plus son talent (et de façon généreuse : 30min de métrage !) pour nous plonger dans son univers mêlant grandguignolesque et scènes bien gratinées (oui, ça saigne pas mal). Drôle et dramatique à la fois, cette relation entre un chef cuisinier sur le déclin et sa cantatrice de femme dont la vie et la passion tournent autour de la nourriture saura vous surprendre, que ce soit pour vous écœurer (certaines scènes sont dégueulasses) ou vous faire rire. Là encore, comme pour son premier court présenté à Gérardmer, la maîtrise est là, le casting est carré et l'histoire est dingue! Le meilleur court-métrage sans conteste cette année.

"Charge mentale" enfin a cette particularité de nous offrir plusieurs thématiques : l'essor de la robotique et de la technologie qui peut devenir une véritable menace pour l'humain (retournement des machines, suppression de postes...) ou encore l'esclavage. 5 minutes seulement mais c'est suffisant car chaque thématique est abordée proprement (saluons la qualité des SFX, rares de cette qualité dans un court) et avec une bonne petite touche d'humour, de manière simple mais efficace.

Concernant "La verrue" (pourtant très attendu), l'idée de nous peindre une sorcière au travers d'un enfant est sympa, tout comme les quelques touches d'humour par-ci par-là mais c'est bien trop long et, excuser le termes, ennuyeux et finalement assez creux par rapport à la longueur de celui-ci (près de 25min).

Enfin, "La croix de tes doigts" restera pour moi assez anecdotique, le court étant bien trop creux, lent et par conséquent peu haletant pour que je m'y sois laissé embarquer...

 

Film 12 : OGRE (Compétition)

 

Après un hommage rendu au talentueux Edgar Wright, réalisateur/scénariste/producteur à qui l'on doit notamment la trilogie cornetto ("Shaun of the dead"/" Hot fuzz" / "Le dernier pub avant la fin du Monde") et qui se verra remettre des mains d'Alexandra Aja son Prix Spécial après un discours de son confrère français, place à l'avant-dernier film en compétition, "Ogre" du français Arnaud Malherbe. Un film dont nous n'avions pas beaucoup d'informations avant le festival mais qui laissait peut-être présager un croisement entre "The ritual" et "Troll Hunter".

Fuyant un passé douloureux, Chloé démarre une nouvelle vie d’institutrice dans le Morvan avec son fils Jules, 8 ans. Accueillie chaleureusement par les habitants du village, elle tombe sous le charme de Mathieu, un médecin charismatique et mystérieux. Mais de terribles événements perturbent la tranquillité des villageois : un enfant a disparu et une bête sauvage s’attaque au bétail. Jules est en alerte, il le sent, quelque chose rôde la nuit autour de la maison…

Hé bien... Votre rédacteur s'est planté sur ce coup car nous sommes bien loin de ces deux films au final. Avec comme seul point commun entre ces trois métrages le fait de nous planter un monstre qui semble bien se plaire dans la forêt, il n'y aura guère plus de similitudes.

Le film d'Arnaud Malherbe est bien plus un drame familial teinté de fantastique plutôt qu'un film purement fantastique. L'histoire d'une mère (campée par une Ana Girardot très juste dans ce rôle) fraîchement séparée d'un conjoint trop violent et qui décide de s'isoler avec son fils dans un petit village reculé pour oublier le passé et repartir de zéro. Un contexte des plus difficiles pour le jeune enfant qui peine à oublier le passé, doit apprendre à vivre dans ce nouvel environnement très différent de sa vie d'avant et en plus accepter cet homme, médecin du village, loin d'être marrant qui s'amourache de sa mère. [Début spoiler] Des peurs que le garçon peine à canaliser, ce dernier semblant s'inventer un Monde fantastique dont il tente de se protéger (le médecin étant vu comme un monstre des forêts aux yeux de l'enfant pour justifier tous ces veaux éventrés...), un Monde fantastique qu'il se crée en récupérant diverses informations qu'il récupère du réel [Fin spoiler]

"Ogre" porte indéniablement une patte enfantine dans sa narration, le film d'Arnaud Malherbe piochant dans diverses comptines pour enfants telles que Le Chaperon Rouge (pour cette histoire de loup dans les bois dont ce dernier ne serait autre que le médecin futur beau-père peu souhaité par le garçon) et Hansel Et Gretel (le fait de bien nourir le petit Jules pour qu'il soit plus dodu et apprécié par notre monstre, notre médecin étant à nouveau le méchant, et donc la sorcière, aux yeux de l'enfant). "Ogre" centre véritablement sa narration sur le jeune garçon de huit ans et nous fait vivre le film comme si nous étions dans la peau de ce dernier, dans son imagination débordante permise par un trop grand chamboulement dans sa vie.

Alors que le long-métrage d'Arnaud Malherbe se suit plutôt bien durant presqu'une heure, ce dernier finit par s'essouffler dans sa seconde partie (le scénario fait du sur-place et peine à garder le public à son bord) pour finalement nous proposer un final décevant et vite expédié qui en refroidira plus d'un. Dommage car il y avait de l'idée dans ce petit drame fantastique qui n'est pas sans rappeler un certain "Labyrinthe de Pan" comme nous pouvions l'entendre effectivement dans les files d'attente.

 

 

DIMANCHE 30 JANVIER 2022

 

Films 13 et 14 : PRISONERS OF THE GHOSTLAND et CRABS! (Hors-Compétition – Nuit décalée

 

Samedi minuit rime avec "Nuit du fantastique" ou à présent appelée "Nuit décalée" depuis pas mal d'années maintenant. Bon je suis d'accord ça ne rime pas vraiment mais quel plaisir de se retrouver chaque année entre festivaliers et de rigoler à haute voix en se moquant de certains films sélectionnés généralement pour leur côté risible.

Hero, criminel notoire, est envoyé au secours d’une jeune femme kidnappée ayant disparue dans un univers surnaturel. Au sein de ce territoire qu’on appelle le Ghostland, ils vont essayer de briser la malédiction qui les garde captifs de mystérieux revenants.

 

 

Et cette année ça démarrait fort dans la bêtise avec "Prisoners of the Ghostland" de Sono Sion qui nous montrait un Nicolas Cage en grande forme prêt à en découdre avec des revenants qui le maintiennent prisonniers dans un Monde totalement déjanté.

Alors autant être franc d'emblée avec vous, ce film est une véritable bêtise sans queue ni tête. Avec des personnages cons, des dialogues creux et une histoire invraisemblable, ce n'est clairement pas un film que je conseillerai. Autant beaucoup de nanars me font rire mais ici c'est tout simplement nul, un script mauvais qui peine à nous plonger dans cet univers déjanté. Votre rédacteur a d'ailleurs dormi après une heure de film, vaincu par tant de niaiseries qui ne suscitent pas même un sourire. Pas un nanar mais un navet. Affligeant... Finalement, chez Nicolas Cage au pays de Gérardmer, j'en viens à regretter "Mandy" (voire même "Pay the ghost" c'est pour dire) alors que ce dernier ne m'avait pas trop enthousiasmé en sortie de projection.

Une horde de crabes mutants se dirige vers une bourgade d’ordinaire bien tranquille de Californie. Alors que les crustacés mortels se frayent un chemin à travers la ville sous le regard incrédule de la population, une bande d’étudiants débraillés, accompagnée de la police locale, tente de stopper cette invasion aux proportions de plus en plus gigantesques.

Heureusement, après une pause clope/boisson bien méritée pour se remettre (alors moi je ne fume pas mais c'est histoire de), nous avons eu un "Crabs!" : un bon gros nanar animalier comme on les aime qui vient nous rappeler que les grosses bêbêtes mutantes on adore ça à la Nuit Décalée! Débile à souhait dans son scénario, grandguignolesque dans ses effets spéciaux, stéréotypé au possible dans son casting, haletant dans son rythme : voilà ce que nous étions venus chercher! Plongés dans une ville en prise avec des crustacés énormes et ayant un léger penchant pour la chair humaine et la cervelle, on ne s'ennuie pas dans ce film barge qui accumule les attaques plus ou moins réussies (nanar, nanar quand tu nous tiens!) de nos vilains crabes pour finir dans un gros n'importe quoi qui est certes un peu répétitif dans son dernier quart d'heure mais on lui pardonnera ce défaut tellement on a ri tous ensemble devant cette belle brochette d'abrutis qui fait office de héros et ces crabes qui, même s'ils n'ont pas la gueule des géniaux castors de "Zombeavers" (On entendait beaucoup parler de ce très bon film dans les files d'attente quand il s'agissait de parler de "Crabs!" mais il y a un monde entre les deux films niveau réalisation et scénario attention! On ne mélange pas les torchons et les serviettes quand-même!)

 

Film 15 : CENSOR (Hors-Compétition)

 

Années 80. Enid travaille dans un bureau de classification des films. Un jour, elle découvre un film d’horreur qui la renvoie à son passé et à la mystérieuse disparition de sa sœur. Elle décide alors de démêler le mystère qui se cache derrière cette œuvre et son énigmatique réalisateur…

 

Découvert par certains sur Paris et Strasbourg l'année précédente, "Censor" arrive en hors-compétition pour notre plus grand plaisir en terres vosgiennes.

Car oui le film britannique de Prano Bailey-Bond nous plonge en 1985 dans une Commission de censure spécialisée dans le cinéma et plus particulièrement dans les films à caractère violent. Un sympathique et original clin d'oeil aux fameuses vidéos nasties vous l'aurez compris pour les plus passionnés d'entre vous (ces fameuses bandes au nombre de 72 jugées obscènes et interdites en Angleterre à l'époque) mais il en ressort également une fibre nostalgique vis-à-vis des vidéos K7 et des vidéoclubs de quartier.

On y suit le quotidien d'Enid, une employée de cette Commission, stricte et très professionnelle dans son travail quand il s'agit de repérer les scènes qui vont trop loin dans certains films. À la manière d'un "Berberian Sound Studio" qui nous apprenait pas mal de choses dans les sonorités et bruitages dans les films, ce "Censor" nous montre cette fois-ci quelques facettes du métier de censeur. Passionnant dans son récit, le film de Prano Bailey-Bond nous dépeint la descente aux Enfers d'Enid, à la rétine pourtant insensible car habituée à visualiser des tonnes d'atrocités (nous aurons droit d'ailleurs à quelques extraits bien saignants et violents...) mais dont un drame familial qui dure depuis des années (la disparition à l'époque de sa petite sœur, jamais retrouvée) va la perturber au plus haut point. S'ensuit alors une enquête haletante dans le milieu de la production et de la censure au cinéma pour retrouver la sœur disparue.

Doté d'un rythme fort soutenu et parsemé de scènes saignantes pour marquer la rétine (issues tantôt de passages de K7 vidéo ou pellicules tantôt de la réalité, fruits d'altercations musclées entre l'héroïne et d'autres personnes), cette quête ne sera pas des plus simples pour notre censeur prête à tout pour connaître enfin la vérité et chasser ses démons intérieurs.

Le meilleur film en hors-compétition jusque là sans nul doute!

 

Film 16 : EGO (Compétition)

 

Tinja a 12 ans. Sa mère la pousse à faire de la gymnastique, exerçant sur elle un perfectionnisme malsain. Une nuit, la jeune fille va faire la découverte d’un œuf bien étrange, qu’elle va cacher, puis couver. Jusqu’à l’éclosion d’une inquiétante créature…

 

Et voilà c'est l'heure. L'heure du dernier film en compétition (le dixième) et j'ai nommé le Finlandais "Ego". LE film de la compétition qui intriguait de par son affiche et son résumé mystérieux (un oeuf couvé par une jeune fille et qui va donner naissance à une créature...), d'autant plus que nous ne savions rien de ce film car il s'agissait notamment d'une avant-première nationale.

Et chroniquer ce film n'est pas chose facile étant donné qu'il s'avère difficile de ne pas spoiler donc je vais faire en sorte de ne pas trop en dire sur ce premier film d'Hanna Bergholm afin de nous concentrer sur les grandes lignes.

La première chose que l'on retient de "Ego" c'est que nous avons là un film énergique, faisant la part belle aux rebondissements et mêlant avec beaucoup d'habileté des séquences humoristiques (la mère de famille est carrément dingue et nous offre les moments les plus amusants du film assurément) avec des passages clairement horrifiques où effets spéciaux et maquillages sont de vraies réussites et renforcent encore plus notre inquiétude vis-à-vis de cette créature qui n'a pas du tout "une gueule de porte bonheur".

 

Mais "Ego" n'est pas simplement un film de monstre. Ce dernier, en plus de donner une entité fantastique au métrage, est clairement un catalyseur pour faire imploser cette petite famille si aimante que l'on nous présente dès le début du film sous tous les angles. Car oui, notre mère de famille a une véritable obsession pour les réseaux sociaux (nous aurons le même genre de sottes dans "The seed" et "Jukaï : la forêt des suicides" un peu plus tard dans le hors compétition d'ailleurs...) et passe son temps à montrer à ses followers à quel point sa famille baigne dans le bonheur. Mais au fil de l'histoire, on se rend compte que derrière le paraître se cache une triste réalité : tout n'est finalement pas si rose dans ce petit foyer Finlandais dont la mère de famille clamait haut et fort l'idéalisme.

Entre rire, peur, effroi et tristesse, "Ego" joue la carte des émotions et nous délivre là un vraie petit bijou scandinave une fois de plus après l'excellent "The Innocents". Après des russes très prolifiques l'année passée en hors-compétition (les très bons " Sputnik" et "Superdeep"), les pays nordiques ont le vent en poupe dans cette compétition 2022!

 

Film 17 : THE SEED (Hors-Compétition)

 

Trois influenceuses vont passer le week-end dans une villa du désert des Mojaves pour se détendre et filmer une pluie de météorites exceptionnelle qu’elles pourront partager sur leurs réseaux sociaux. Mais lorsqu’une créature étrange atterrit dans leur piscine, ce qui devait être un week-end de fête dégénère en une étrange histoire d’horreur, de mort et d’invasion extra-terrestre.

 

Autre film en hors-compétition (hé oui le dimanche était sous le signe du hors-compétition avec 6 films au programme!), "The seed" nous invite dans un beau pavillon avec piscine le soir d'une pluie de météores en compagnie de trois jolies filles. Dit comme cela, on pourrait se demander de quoi va parler le film... Hé bien il s'agit d'un film d'extraterrestre teinté d'humour dans lequel un petit être qui semble être un animal vivant sur une autre planète atterrit lors de la pluie de météores dans la piscine de cette belle bâtisse que nous ne quitterons presque pas de tout le film.

Avec ses trois héroïnes quelque peu stéréotypées (la belle blonde reine des réseaux sociaux qui ne vit que pour ses likes, sa bonne copine qui veut être "in" aussi et la suit partout comme un toutou, et enfin l'unique brune de la bande qui est la sage, celle qui se moque des réseaux sociaux et de son apparence), ses effets spéciaux réussis qui rappellent nos chers films des années 70-80 (cette époque où le numérique n'était pas encore de la partie) et une bonne touche d'humour (qui a tendance à virer dans l'absurde mais avec une certaine habilité, jamais le film sombre dans le lourdingue), "The seed" est une petite série B sympathique qui n'invente rien et se laisse suivre sans grand besoin de son cerveau.

Seul bémol, le rythme du film : très long dans sa narration (nos trois filles vont mettre un temps dingue pour se décider quant à l'avenir de cette petite bestiole tombée du ciel... Elles viennent et sortent de la maison, ne sont jamais d'accord et lancent des conversations pour la plupart guère intéressantes...), le film ennuie quelque peu sur sa première heure avant de commencer à rentrer enfin dans les choses sérieuses avec ses effets gores, tantôt gélatineux tantôt magmatiques et sentant bon les Eighties, pour offrir un final plaisant pour nos rétines qui n'en attendaient peut-être pas autant.

En définitif, un film simple et généreux dans son humour et ses SFX mais que l'on aurait peut-être préféré sous un format de moyen métrage pour éviter les nombreux creux dans la narration.

 

Film 18 : JUKAI : LA FORET DES SUICIDES (Hors-Compétition)

 

Deux sœurs, Hibiki et Naki, bravent l’interdit et décident de rentrer dans la forêt de Jukaï. Elles découvrent que de nombreuses personnes disparues dans la région ont été retrouvées à l’intérieur de ces bois et aux alentours. Sont-elles venues de leur propre gré ou est-ce qu’un pouvoir spirituel maléfique les a attirés dans ce lieu ? Le seul indice est une boîte mystérieuse, qui, depuis qu’elle a été touchée par Hibiki et Naki, provoque une nouvelle spirale d’accidents et de morts dans le village…

 

On finit comme chaque année le festival dans la salle du Casino (on l'aime cette salle en pente et aux sièges si confortables!) avec comme toujours également deux films en hors-compétition.

On commence par le nouveau Takashi Shimizu (le papa du classique "Ju-On" / "The Grudge") qui revient deux ans après son Prix du Jury récolté pour son " The howling village" (alias "Ununaki, le village oublié") qui était cette fois-ci en compétition.

Là encore Shimizu nous fait... du Shimizu. Entendez par là une ambiance angoissante réussie, un cadre très sombre avec son lot de défunts qui viennent rendre visite aux vivants.

Et même si l'on regrettera une narration quelque peu décousue (un scénario montrant un peu plus de linéarité aurait certes été plus apprécié, sans pour autant basculer le tout dans une simplicité qui serait pour le coup toute aussi dommageable) mais tout de même compréhensible dans son intrigue, on retiendra de ce nouveau film de notre cinéaste japonais des séquences en pleine forêt haletantes et une galerie de morts vraiment réussis, les détails étant nombreux sur chacun d'entre eux et les effets spéciaux très soignés (avant de t'accouder à un arbre en pleine forêt, tu vérifieras toujours à présent que ce soit bien un arbre...)

Voilà un film bien sympa qui, malgré un scénario un peu fouilli, montre qu'il a tout à fait sa place dans la sélection.

 

Film 19 : PARANORMAL ACTIVITY : NEXT OF KIN (Hors-Compétition)

 

Un documentariste décide de suivre Margot, une jeune fille qui part à la rencontre d’une communauté Amish isolée, dans l’espoir d’en apprendre davantage sur sa mère et sa famille biologique. Après une série d’évènements et de découvertes étranges, elle se rend vite compte que cette communauté qui les a accueillis dans leur maison pourraient potentiellement être impliqués dans une sorte de rituel surnaturel.

 

Ah, les "Paranormal Activity" ! Toute une histoire... Mais pas d'amour avec votre rédacteur. Moi qui ne connaissais jusque là que le premier opus (l'expérience m'aura suffit avec ce premier titre), trouver l'un des épisodes de la saga en film de clôture à Gérardmer était probablement le seul moyen de m'en faire regarder un à nouveau!

Dans cet épisode, on suit Margot, une jeune fille qui part vivre quelques jours dans une communauté Amish afin d'en apprendre davantage sur sa mère et sa famille biologique. Bien évidemment tout ne va pas se passer comme prévu et nous allons nous retrouver piégés dans une spirale horrifique avec des menaces en tous genres dont je tairai les identités bien évidemment.

Comme d'accoutumée, bienvenue au pays du jumpscare! On retrouve en effet ici tout ce qui fait l'identité de la saga : caméra à l'épaule pour favoriser l'immersion (et parfois la gerbe aussi), les clichés inhérents que sont les bruits de pas au plafond, les portes qui grincent ou encore les literies qui bougent...

Et pourtant, oui pourtant, cette histoire se suit plutôt bien et je n'ai trouvé ni le temps long ni le film mauvais. Avec son final qui s'étend sur une grosse vingtaine de minutes (je dirais) et nous plonge dans une course-poursuite qui nous fait revisiter toute la baraque de façon haletante, ce "Paranormal activity" me laisse avec un bien meilleur ressenti que lors du visionnage du soporifique premier volet.

Alors certes nous sommes sur un produit typé ado (scénario classique, casting d'honnête facture, clichés à gogo, jumpscares à tout-va...) mais ça se laisse regarder et je n'ai aucune honte à le dire. Na!

 

LE PALMARES 2022 :

 

Grand Prix : EGO

Prix du Jury : LA ABUELA ex-æquo avec SAMHAIN

Prix du Public : THE INNOCENTS

Prix de la Critique : THE INNOCENTS

Prix du Jury Jeune : EGO

Prix de la Bande Originale : MONA LISA AND THE BLOOD MOON

Prix du Court-Métrage : CHARGE MENTALE

 

LES TOPS ET FLOPS DE LA REDACTION HORREUR.COM :

 

Comme d’habitude, place en toute fin de compte-rendu à mes tops et flops de cette 29ème édition (dans l’ordre des préférences pour les tops et en commençant par les moins bons pour les flops), Compétition (C) et Hors-Compétition (HC) confondus :

 

TOPS : "Ego" (C) / "The sadness" (C) / "La abuela" (C) / "The innocents" (C) / "Censor" (HC)

FLOPS : "Prisoners of the ghostland" (HC) / "Paranormal activity : Next of kin" (HC) / "Junk head" (HC) / "Ogre" (C) / "Jukaï : la forêt des suicides" (HC)

 

Alors que le hors-compétition est bien souvent plus alléchant que la compétition, cette année aura été un sacré contre-exemple. Alors que le hors-compétition contenait trop peu de films (bien que réussis pour plusieurs d’entre eux : "Saloum", "After blue" et "Censor") au détriment de films d’animation et de documentaires (petit regret de ne pas avoir pu visionner celui sur Joe D’Amato cependant), la compétition quant à elle nous a présentait quelques petites pépites (en témoignent "La abuela", "The innocents", "Ego" et "The sadness").

 

REMERCIEMENTS :

 

Chaque année il convient de commencer le chapitre des remerciements par les centaines de bénévoles déployés sur la Perle des Vosges, bravant le froid et les humeurs de certains festivaliers (heureusement rares, l’ambiance étant des plus amicales et bon-enfant sur Gérardmer) pour faire du festival une pleine réussite.

Je remercie ensuite le Public System Cinema pour avoir organisé cet évènement, la pandémie de Covid-19 ayant fait des ravages dans les manifestations et provoqué des chamboulements de dernières minutes bien souvent qui auraient très bien pu avoir raison de cette 29ème édition.

Enfin je n’oublie pas bien évidemment de remercier Madame Dominique Valentin, bénévole sur le festival qui continue de m’héberger et ce pour la cinquième fois déjà sur Gérardmer, non loin du Casino.

 

 

 

David MAURICE

Le 1er Février 2022