Affiche française
LAST HOUSE ON DEAD END STREET - THE | LAST HOUSE ON DEAD END STREET - THE | 1973
Affiche originale
LAST HOUSE ON DEAD END STREET - THE | LAST HOUSE ON DEAD END STREET - THE | 1973
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Last house on dead end street - the

Last house on dead end street - the

Terry Hawkins est un jeune voyou, qui deale de la drogue et tourne quelques petits pornos clandestins. A sa sortie de prison, il décide de réaliser des films d’horreur d’un genre nouveau, sans trucage, des "snuff movies". Ses films intéressent un réalisateur de pornos dont le distributeur ne veut plus s’occuper. Bien malin, il change les crédits et met son propre nom au générique. Terry Hawkins découvre la supercherie et avec sa bande de détraqués, il kidnappe le réalisateur, le distributeur ainsi que leurs deux femmes. Les quatre victimes ne vont pas tarder à devenir malgré elles les stars du nouveau film de Terry hawkins…

LAST HOUSE ON DEAD END STREET - THE | LAST HOUSE ON DEAD END STREET - THE | 1973

"The Last House on Dead End Street". Un titre mythique qui fit fantasmer bien des spectateurs, car longtemps invisible et introuvable. Il faut dire que ce film possède une véritable aura maléfique, car avant son avènement en DVD, on ignorait quasiment tout de cette œuvre. Qui en était le réalisateur ? Qui étaient les acteurs ? Les morts ne seraient-elles pas réelles ? En clair, "The Last House on Dead End Street" était un film hors norme, précurseur du premier "Guinea Pig" qui avait fait lui aussi sensation au point que l’acteur Charlie Sheen en le découvrant a cru avoir entre les mains un vrai snuff movie. Il en fut de même avec le film de Roger Watkins. La façon de filmer, l’aspect très amateur de l’ensemble, un casting totalement méconnu, des noms au générique qui n’évoquaient rien à personne, et voilà une légende qui naquit. Même le réalisateur trash Frank Henenlotter, en le découvrant en salles, ne put se remettre du choc. Bien sûr, le film intéressa de nombreuses personnes dont des journalistes qui se mirent en quête de trouver des informations sur le long-métrage. Un travail de longue haleine qui ne donna quasiment aucun résultat viable, seulement des suppositions. Jusqu’au jour où l’un de ces journalistes, David Kerekes, créateur d’un magazine américain sur les films d’horreur, apprit qu’une personne du nom de Roger Watkins avait posté un message sur le forum de l’éditeur Fab Press en se proclamant être le réalisateur du film. David Kerekes arrangea un rendez-vous avec lui et la légende pris un coup derrière la tête en 2001 puisqu’il s’avéra bien sûr que le film était un vrai film, avec des comédiens et des effets spéciaux. Dommage diront certains, et on pourra leur donner raison d’une certaine façon…

Le film fut réalisé en 1973 et le titre à l’origine était "The Cuckoo Clocks from Hell". Un procès lancé par l’une des actrices du film contre Roger Watkins ferma les portes des cinémas au film (elle désirait que Watkins coupe toutes les scènes où elle apparaissait car elle voulait faire carrière et donc qu’on ne sache pas qu’elle avait joué dans ce film, surtout qu’elle y apparaissait nue) et il resta sur les étagères jusqu’en 1977, date à laquelle un distributeur l’exploita en salles en le retitrant "The Last House on Dead End Street", en référence au film culte de Wes Craven sortie l’année précédente, "La dernière Maison sur la Gauche", l’affiche même du film reprenant le fameux "It’s Only a movie, only a movie…".

On connaît également le film de Roger Watkins sous le titre de "The Fun House", ce qui ne manqua pas de créer une certaine confusion avec le film de Tobe Hooper qui portait le même titre ("Massacres dans le train fantôme" chez nous). De nombreuses versions tronquées, remontées, censurées, remaniées ont circulé via des VHS pirates. La version disponible actuellement n’est d’ailleurs pas la version voulue par Roger Watkins, qui porte en sainte horreur le distributeur ayant remanié son film. Malheureusement pour nous, cette version "officielle" n’existe plus, ayant disparue pour toujours. On se contentera donc de cette version du film, qui nous permet au moins de le voir.

S’il y avait un mot pour définir cette œuvre, ce serait "expérience". En effet, la vision de "The Last House on Dead End Street" est une véritable experience proposée aux spectateurs. Une experience visuelle, sensorielle, qui ne se prête pas vraiment à l’analyse mais se vit, se ressent au plus profond de soi. Et qui peut se révéler profondément désagréable. On ne peut pas dire qu’on prend plaisir à visionner le film. C’est une perpétuelle agression. C’est réellement un objet filmique venu d’une autre galaxie. L’image est sale, granuleuse, renforçant le côté très amateur du film mais aussi son côté malsain, maladif, glauque. L’amateurisme de l’ensemble ayant d’ailleurs joué en sa faveur comme on l’a vu plus haut puisque même des réalisateurs connus pensaient avoir vu un vrai "snuff movie".

Celui qui tient le film sur ses épaules est Roger Watkins lui-même, qui s’est offert le rôle principal, à savoir le bien frappé Terry Hawkins. Terry, c’est un peu un croisement punk entre le Alex du "Orange Mécanique" de Kubrick et Charles Manson. C’est une sorte de gourou si on peut dire, une forte personnalité égocentrique qui domine sans difficulté les membres de sa petite bande, leur faisant commettre l’inconcevable sans qu’ils y voient à redire, allant même jusqu’à y prendre un certain plaisir sadique, et ce, uniquement pour punir la société qui a osé le mettre en prison. Aucun remords ne vient troubler les agissements macabres de l’équipe de Terry Hawkins. Le caméraman filme sans se poser de questions, les deux filles s’amusent avec les victimes comme si c’étaient des acteurs, et le second garçon du groupe semble même se libérer d’un grand poids quand il commet des actes meurtriers, tant on sent qu’il éprouve du plaisir et une satisfaction à le faire. Quant à Terry, hormis le fait qu’il veut absolument tout diriger, tout décider, il ne semble pas non plus éprouver la moindre compassion pour ses victimes. Seul son film compte. D’où une atmosphère qui devient progressivement véritablement malsaine, suffocante, glauque, qui n’est pas sans rappeler certaines œuvres de Kenneth Anger ou de Jim Van Bebber, comme le ténébreux "My Sweet Satan" par exemple.

Pour faire un clin d’oeil au film de Kubrick qu’il admire, Roger Watkins dote ses personnages de masques, dissimulant leurs visages et leur donnant un aspect encore plus lugubre et brutal. Cachés derrière ces objets de plastiques, nos tueurs vont pouvoir se livrer à des actes de violences. Car la violence est bien présente dans le film, se montrant tout d’abord assez sage, avec un étranglement somme toute assez banal, pour bifurquer vers l’abject le plus total, nous proposant quelques scènes chocs qui contribuèrent à la réputation scandaleuse du film. On passera sur une séquence assez hallucinante où une femme, lors d’une soirée dans son appartement, se peint le visage en noir avant de se faire fouetter à de multiples reprises devant ses invités, pendant que son mari se trouve tranquillement dans une pièce voisine. Cette même femme va se retrouver victime de Hawkins et ses amis et le sort qui lui est réservé n’est pas des plus digestes. Ligotée et allongée sur une table, elle va se faire démembrer par la bande de cinglés. Une scène tournée bien longtemps avant celle de "Guinea Pig" et qui, malgré des effets spéciaux qui apparaissent comme bien approximatifs quand on le regarde aujourd’hui, fait toujours son petit effet. La violence du film progresse de façon exponentielle, renforçant le côté malsain de l’ensemble et fait naviguer le spectateur en eaux troubles, le faisant côtoyer le côté obscur de l’âme humaine, capable des pires abominations sur son prochain.

Il est clair que les spectateurs connaissant la réputation de l’œuvre et la visionnant en 2008 seront un peu déçus s’ils s’attendent à un déferlement d’imageries gores. Encore une fois, il faut prendre ce film pour ce qu’il est : une experience hors norme, où l’amateurisme omniprésent vient augmenter le caractère sale, glauque et maladif de l’œuvre, tournée par un réalisateur sous influence de drogue (Watkins avouera que la majorité du budget du film servira à acheter des substances illicites). Bref, l’aura culte qui entoure "The Last House on Dead End Street" est certes amoindri par les sorties dvds et les explications fournies par son réalisateur, venant démystifier le caractère "snuff" du film, mais qu’importe : amateur de film dérangeant, de sadisme et de tortures, nul doute que vous saurez noter à sa juste valeur cet ovni cinématographique et faire perdurer sa légende…

LAST HOUSE ON DEAD END STREET - THE | LAST HOUSE ON DEAD END STREET - THE | 1973
LAST HOUSE ON DEAD END STREET - THE | LAST HOUSE ON DEAD END STREET - THE | 1973
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Note
4
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Stéphane Erbisti