LATE NIGHT WITH THE DEVIL

LATE NIGHT WITH THE DEVIL

Dans les années 70, Jack Delroy, un présentateur de talk-show américain ayant perdu depuis peu sa femme suite à une grave maladie, reste dans l'ombre de Jimmy Carson, le leader de ce créneau télévisuel en termes d’audimat. Afin de dynamiser son audience et trouver le petit quelque chose qui manque à son émission, Jack et son équipe veulent profiter de la soirée d'Halloween pour proposer quelque chose d'inédit avec des invités spéciaux tels que : Christou, un médium aux pouvoirs psychiques surprenants, Carmichael Haig, un prestidigitateur devenu un démystificateur particulièrement revêche, ainsi que Laura Gordon, une parapsychologue accompagnée de Lilly, une adolescente sauvée in extremis d'un culte satanique. Un programme alléchant pour une émission pleine de surprises mais qui va finir par dégénérer en plein direct...

LATE NIGHT WITH THE DEVIL | LATE NIGHT WITH THE DEVIL | 2023

L'AVIS :

Il y a certains films qui se veulent terrifiants parce que le produit est bien amené en amont et survendu puis en fait, rien ne s’y passe vraiment, tout comme peu de choses en émergeront, hormis le fait d’être un beau pétard mouillé (cf. le surcoté "Le projet Blair Witch") ! Et puis, il y a des longs-métrages qui, sans vouloir faire forcément peur à la base, vont vous scotcher à votre écran de télévision jusqu'à un final des plus saisissants ! C’est ainsi dans la deuxième catégorie que l’on rangera Late Night With The Devil qui présente une histoire horrifique mâtinée de paranormal que l’on pense avoir déjà vue des centaines de fois, mais qui est emballée dans une mise en scène travaillée nous donnant l’impression de visionner quelque chose de différent.

En quelques minutes d'introduction, les frères Cairnes (réalisateurs au C.V. peu affriolant jusque-là) posent un cadre qui dessine le contour d'un « mockumentary » sur fond de found footage : nous sommes véritablement plongés dans les années 70, avec Jack Delroy (excellement interprété par le superbe David Dastmalchian, acteur vu dans Le croque-mitaine et casté parce qu’il a écrit pour Fangoria un article sur les présentateurs télé des 70’s !), un animateur de talk-show qu’on nous présente comme ayant des liens étroits avec un certain milieu occulte et qui peine à maintenir à flot son émission dans les années qui ont suivi la mort de sa femme. Agissant tel un Monsieur Loyal des plateaux et éternellement accompagné par Gus McConnell jouant l’Auguste et garant comique du show, il va, malgré lui, proposer à la télévision, une soirée d'Halloween qui va mal tourner, avec l’irruption du surnaturel à travers l’histoire d’une jeune fille possédée…

Ainsi, cela débute doucement avec un médium qui effectue des prouesses puis commence à se sentir mal sur le plateau, le tout en maintenant le doute auprès des spectateurs (est-ce de la mise en scène ou non ?), puis ça devient plus pesant avec un ex-magicien sceptique spécialement désagréable qui essaie de tout démystifier, avant de basculer dans l'horreur la plus classique, hommage très clair à William Friedkin et à son œuvre phare L'exorciste.

Ce qui fait avant tout le sel de ce film, c’est le rendu de cette atmosphère très 70’s parfaitement reconstituée avec un récit captivant, glauque et surtout grandement immersif. Les décors, les costumes, les coupes de cheveux, les comportements, le grain de l’image, tout renvoie aux années 1970 et on navigue alors entre le devant de la scène et le backstage au moyen d’une alternance couleur/noir & blanc intelligente à défaut d’être innovante qui fonctionne très bien.

Malgré quelques longueurs au début et un climax un peu too much pour certains, les frères Cairnes proposent leur film le plus abouti à ce jour en montrant les coulisses d'un talk-show dont les membres sont tellement prêts à tout pour gonfler l'audience que cela va se retourner contre eux. Un solide concept original, qui est juste bluffant, de part une mise en scène soignée, nous plongeant dans ce show pendant une heure et demi avec des acteurs excellents, mention spéciale au gigantesque David Dastmalchian et à Lilly remarquablement incarnée par Ingrid Torelli.

Pour conclure, Late Night With The Devil se présente comme une cassette que l'on visionnerait, montrant une émission qui a mal tourné, ainsi que des séquences dans les coulisses pour contextualiser les événements. Pour ma part, ce long-métrage aura été une vraie surprise dans le cinéma horrifique moderne dont les thèmes ont été utilisés jusqu'à l’envi. Nous avons ici une petite pépite de l'horreur avec des personnages volontairement caricaturaux certes, mais qui fonctionne très bien car les effets spéciaux font old school, ce qui facilite l’immersion, tout comme le jeu des acteurs (avec Dastmalchian en tête) est particulièrement intéressant et approprié. Le film, par ailleurs rempli de références culturelles liées au paranormal, malgré une assez longue introduction et un final grand-guignolesque pouvant le desservir, s’avère être captivant de bout en bout pour peu que l’on se laisse prendre par son ambiance !

LATE NIGHT WITH THE DEVIL | LATE NIGHT WITH THE DEVIL | 2023
LATE NIGHT WITH THE DEVIL | LATE NIGHT WITH THE DEVIL | 2023
Bande-annonce
Note
4
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Vincent Duménil