Metal hurlant

Heavy metal

Une voiture dans l'espace déboule en trombe sur notre planète et atteint une petite maison perdue au milieu de nulle part. Le conducteur, un brave cosmonaute, n'aura même pas le temps de souffler qu'une entité maléfique et verdâtre qu'il avait transportée jusqu'ici, le tue instantanément. Terrifiée, sa petite fille voit l'étrange force lui conter les nombreux bouleversements qu'elle a créé parmi les hommes et plus particulièrement dans le futur…

METAL HURLANT | HEAVY METAL | 1981

Lancé sur le marché vers le milieu des années 70, "Métal Hurlant" a bercé toute une génération de lecteurs adolescents et adultes, par ses cases explosives et hyper violentes, où plusieurs dessinateurs comme Gotlib, Druillet, Moebius, Mandryka ou Tardi crachaient leur sidérante imagination sur le papier. Sexe & violence, et même science-fiction, sont les mots d'ordre qui définissent cette revue géniale, que certains jeunots découvraient plus ou moins en cachette.

Instinct de copieurs souvent réputé oblige, les Américains semblent attirés par le concept et appliquent la même formule avec la revue "Heavy Metal". Le succès est total, un long-métrage calqué sur le monde imaginaire et destructeur du magazine ne tarde pas à débarquer sur les écrans en 1981.

Les histoires de la revue étant en continuel changement, on change d'univers à tout moment, pour mieux retrouver la vision savoureuse d'un autre dessinateur. Ce coté un peu "patchwork" voire "mixe" est appliqué également au film, pour mieux représenter la vision globale du monde de "Metal Hurlant". Des scénettes sont plus longues que d'autres, plus importantes, le ton peut être aussi bien à l'Heroic Fantasy qu'à la comédie de science-fiction peu après. On peut trouver l'exercice intriguant au début mais on s'y adapte très vite, surtout si on est déjà connaisseur de la revue.

Si l'histoire entourant le film est bien mince (chute un peu bâclée et scénario quelque peu fantomatique), c'est pour mieux présenter rapidement les fameuses histoires, toutes reliées par la présence du Nocmaar, incarnation mystérieuse du mal sous la forme d'une boule verte lumineuse… et bavarde.

"Harry Canyon" débute brillamment le film, en suivant les mésaventures d'un chauffeur de taxi macho embrigadé dans une sombre histoire de meurtres et de rançon dans un New York dépotoir assez impressionnant. Entre ses similitudes avec "Le cinquième élément" (ville futuriste, mystérieuse jeune femme, chauffeur de taxi au bout du rouleau…) et son goût prononcé pour l'humour et l'action (petite pointe d'érotisme aussi !), il y a de quoi passer un très bon moment. C'est purement et simplement typique d'une bande dessinée "Metal Hurlant".
"Metal Hurlant" qui d'ailleurs ne fait pas les choses à moitié et frappe fort avec sa B.O fortement rock: Black Sabbath, Blue Oyster Cult, Cheap Trick, Devo, Donald Fagen, Don Felder, Grand Funk, Railroad, Sammy Hagar, Journey Nazareth, Stevie Nicks, Riggs et Trust sont au programme.

Un pauvre geek intello parachuté dans le corps d'un Conan en herbe évoluant dans un monde de magie et de monstres, tel est le pitch impeccable de "Den". Un véritable rêve que certains voudraient bien réaliser, et un concept parfaitement maîtrisé où le héros se bat aussi bien qu'il fait l'amour. Papillon géant, sacrifice, reine nymphomane, prince immortel, gardes patibulaires, monstre goulu… De l'Heroic Fantasy pure et dure comme on aimerait voir plus souvent, et drôle en plus ! Sans aucun doute le meilleur moment du film.
Ce qui n'est peut être pas le cas de "Capitaine Sternn", vague comédie de science-fiction ou un prince sadique tente de se démêler du procès qu'on vient de lui intenter.

Malgré un personnage cocasse sans doute cousin avec le Docteur Banner, rien à signaler de grandiose. L'horreur prend le pas avec "B-17", mêlant des éléments de guerre et de science-fiction pour notre grand plaisir: de passage après un combat aérien sanglant, le Nocmaar ressuscite quelques aviateurs en mauvais état, attaquant ainsi subitement le seul humain à bord. Bonne idée qui débouchera sur une chute terrifiante et maligne.

On retrouve encore de la comédie science fictionnelle avec "So Beautiful & so Dangerous" où des extraterrestres bien frappadingues entraînent malgré eux une secrétaire sexy à bord de leur vaisseau. Les pointes d'humour sont souvent efficaces, les tabous s'envolent (des aliens sniffant de la coke en masse et une belle plante couchant avec un petit robot), mais la fin préfère rester ouverte, à la stupéfaction générale.

Segment phare du film, "Tarnaa" met en scène une splendide et muette Walkyrie du futur, à l'assaut d'une cité prise par des contaminés du Nocmaar. Si la touche sexy s'arrête à l'effeuillage gracieux de l'héroïne, la violence bat son plein malgré la présence importante de sang vert. De beaux moments (le massacre du bar, le duel dans le ravin, la préparation rituelle…) et une durée plus que confortable (c'est le plus long des sketches) fait terminer "Metal Hurlant" en beauté.

Les Japonais se souviendront longtemps de ce cocktail Sex & Violence si répandu dans certains animes, rendant "Metal Hurlant" si intéressant et si fou. L'animation et le graphisme souvent déplorable n'ont heureusement pas détruit la réputation de ce film culte déchaîné et indispensable à tout fan de films d'animations dits "adultes" (Sex & violence encore et toujours !!) qui se respecte.

METAL HURLANT | HEAVY METAL | 1981
METAL HURLANT | HEAVY METAL | 1981
METAL HURLANT | HEAVY METAL | 1981
Note
5
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Jérémie Marchetti