New kids turbo

New kids turbo

Les Pays-Bas connaissent une crise économique sans précédent dans l’histoire du pays. Le chômage s’accroît et n’épargne aucune région et encore moins la petite ville de Maaskantje où cinq ploucs se retrouvent chacun leur tour virés de leurs boulots respectifs. Appelés les New Kids, nos cinq cas sociaux totalement débiles, alors sans le sou et ne touchant même plus les aides de l’Etat, vont décider de ne plus subir ce système économique qui prend la flotte : dorénavant, ils ne payeront plus rien!
Très vite, les Médias relatent les faits dans les journaux et les flashs infos à la télévision, si bien qu’une partie de la population prend exemple sur cette bande d’énergumènes. Les émeutes se multiplient un peu partout dans le pays : il est temps pour le Gouvernement de stopper les New Kids, même si pour cela il faut employer l’artillerie lourde…

NEW KIDS TURBO | NEW KIDS TURBO | 2011

Enfants terribles de la télévision hollandaise, Steffen Haars et Flip Van Der Kuil ont réalisé plusieurs séries : "The trip", "Depulpshow" et enfin "New kids". Cette dernière donnera naissance en 2011 à un long-métrage intitulé "New kids turbo", l’histoire de cinq cas sociaux, adeptes de bière, techno et tuning, qui se rebellent contre le système hollandais. On y retrouve nos deux compères avec une triple casquette : scénaristes, réalisateurs et acteurs (ces derniers jouant les rôles de deux des cinq nigauds).

Présenté lors de la Nuit Fantastique du Festival Fantastic’Arts 2012, entre "Tucker and Dale fightent le mal" et "Juan of the dead", ce dernier s’est rapidement trouvé des fans dans un public riant aux éclats devant la crétinerie de nombreuses séquences. Le film se fait si bien remarquer dans les festivals où il est projeté qu’une suite verra le jour l’année suivante (et sera de nouveau présentée lors de la Nuit Fantastique du 20ème festival de Gérardmer), "New kids nitro", un opus bien plus proche du cinéma de genre que le premier volet, avec ses zombies assoiffés de chair fraîche que nos cinq ploucs vont devoir combattre.

Mais revenons avant toute chose à ce premier long-métrage intitulé "New kids turbo". Beaucoup pourront trouver étrange de voir ce film apparaître sur le site www.horreur.com, tout comme cela a pu surprendre certains de le voir présenté à Fantastic’Arts. Et pourtant, sous ses allures de grosse comédie décomplexée et très très second degré, le film de Steffen Haars et Flip Van Der Kuil se permet quelques excursions, certes parfois rapides, dans certains registres du cinéma de genre. Outre les nombreux head-shoots bien sanguinolents que l’on nous sert à tour de bras (on ne compte plus le nombre de bastos qui trouvent refuge dans le cervelet de certains personnages) et autres bonnes grosses giclées de sang (pauvre clebs…), le film vire dans sa seconde partie (à la manière de sa suite) dans une ambiance de fin du Monde propre à certains films post-apocalyptiques ("la guerre des Mondes", "New York 1997"…) que nos deux compères hollandais semblent aimer parodier à leur façon. De même, nous aurons droit à une séquence rapide de séquestration et de torture, mais également à la mise à mort d’une sorte de néo-nazi campagnard.

Avec comme thème principal un véritable drame social actuel qu’est la crise économique et tout ce qu’elle peut engendrer au sein d’une population bousculée par cette dernière, "New kids turbo" se permet de critiquer ouvertement, avec un second degré bienvenu, le système économique de son pays (les aides insuffisantes de l’Etat), le système juridique (écoper de quelques heures de travaux d’intérêt général après la tuerie perpétrée sur les forces de l’ordre relève d’une idiotie sans nom), le Gouvernement et la Police (prêts à tout pour mettre fin à ces émeutes, quitte à rayer Maaskantje de la carte) ou encore la médiatisation (qui en quelques sortes va donner l’exemple à de nombreuses personnes et ainsi créer les émeutes).

Mais ce que l’on aime surtout dans "New kids turbo" et sa suite, c’est cet humour décomplexé, ce mélange de vulgarité, de grandguignolesque, de mauvais goût et d’humour noir. Moqueries, discriminations, irrespect total des lois et des individus, propos et situations parfois très trashs, sans oublier bien-entendu cette petite touche très sexe qui pointe de temps à autres le bout de son nez… Jamais le film de Steffen Haars et Flip Van Der Kuil ne se montre ennuyeux, une connerie étant forcément distillée toutes les dix secondes, à la manière de films à gags comme la saga des "Hot shots" et des "Scary movie" ou encore les "RRRrrrr…", "Sacré Robin des bois" ou "Alarme fatale" pour ne citer qu’eux.

"New kids turbo" se plait aussi à bafouer en quelques sortes les valeurs familiales à de nombreuses reprises, que ce soit en utilisant la vulgarité (Gerrie qui parle à sa mère comme il parle à un pote, le gosse en mal d’éducation parentale qui passe son temps à sortir des « sale connard! »…) ou le sexe (Rikkert qui met son sexe en érection sous le nez de sa copine, devant les gosses, pour lui faire comprendre ses pulsions, sans oublier cette séquence de levrette à la verticale entre nos deux tourtereaux devant les gamins qui applaudissent…).

Et, personne ne me contredira à ce sujet, ce sont souvent les blagues d’humour noire (racisme, pédophilie, discrimination…) ou de sexe qui marchent le mieux lors de soirées : hé bien, nos deux réalisateurs-scénaristes le savent très bien et n’hésiteront pas à nous faire partager des moments, certes faciles mais ô combien hilarants, mettant en scène tantôt un pédophile, tantôt un néo-nazi, tantôt un malade mental, sans oublier que nos cinq New Kids sont également fortement homophobes (on ne compte plus le nombre de fois que l’on entend « homo » dans le film). "New kids turbo" ne semble pas avoir de tabous et c’est bien ça qui nous plait tant chez cette bande de tarés des campagnes hollandaises!

Et justement, ces fameux New Kids, parlons-en! Véritables cas sociaux ne pensant qu’à boire, manger, faire la fête, cogner et injurier (à voir impérativement en VOST ne serait-ce que pour l’accent et le ton très beauf utilisé dans certaines répliques), nos chers loustics ont chacun une personnalité bien à eux avec comme principal point commun d’être vraiment crétins. Richard le chef de bande cogneur et rebelle, Gerrie l’imbécile maladroit qui n’en loupe pas une pour foutre ses potes dans la mouise, et Rikkert le fan de tuning qui a bien du mal à tremper son biscuit forment le noyau dur de la bande, le trio de personnages les plus emblématiques et les plus drôles de la saga.
A eux s’ajoutent Barrie le camé (joué par Flip Van Der Kuil) et enfin Robbie le plus effacé de la bande (interprété quant à lui par Steffen Haars).

Sous leurs airs de bad boys, de querelleurs et d’abrutis finis, ces derniers font malgré tout figure d’antihéros dans cette histoire : bien que tout ce qui arrive soit entièrement de leur faute, ils vont toutefois tout mettre en œuvre pour sauver la ville des agissements du Gouvernement et de la Police, bien décidés à éradiquer la ville où sont nées toutes ces émeutes.

Vous l’aurez compris, "New kids turbo" est un bon gros délire parfaitement assumé, totalement décomplexé, comme on en voit malheureusement trop rarement de nos jours. Véritable cocktail de bêtises, de vulgarité et de grand n’importe quoi, le film de Steffen Haars et Flip Van Der Kuil fait partie de ses films devant lesquels on se bidonne du début à la fin et dont on se surprend à ressortir les tirades cultes ou à se remémorer les meilleures séquences entre amis autour d’une bonne bière.

NEW KIDS TURBO | NEW KIDS TURBO | 2011
NEW KIDS TURBO | NEW KIDS TURBO | 2011
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Note
5
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David Maurice