I came by

I came by

À Londres, Toby et son meilleur ami Jay s'introduisent de nuit dans les propriétés luxueuses des plus grosses fortunes de la capitale et taguent sur les murs le graffiti « I came by » (signifiant « Je suis venu », autrement dit : « j’ai réussi à m’introduire chez toi malgré toute ta fortune et tes alarmes de sécurité hors de prix, sale parvenu ! »). Toutefois, lorsque Jay, alors en couple avec Naz, une jeune étudiante, apprend qu'il va devenir père, le jeune homme abandonne Toby qui devra assumer seul la poursuite de leurs activités rebelles mais surtout illicites. Son obstination le mènera ainsi chez Hector Blake, un juge émérite faisant partie de l’élite londonienne. Et sans surprise, c'est là que ses ennuis vont commencer car il va alors tomber sur un sombre secret qui le mettra inévitablement en danger lui et ses proches…

I came by | I came by | 2022

L'AVIS :

Après le film de fantômes en 2016 ("Under the shadow") et l’horreur psychologique en 2019 (Wounds), le cinéaste iranien Babak Anvari remet le couvert en 2022, cette fois-ci avec I came by, un home invasion movie dont le pitch ressemble étrangement à celui du très sympa "Don't breathe - La maison des ténèbres" dans lequel trois cambrioleurs se retrouvaient involontairement piégés à la merci de leur victime, un vétéran aveugle armé jusqu'aux dents. Toutefois, plus I came by avance, plus il prend des chemins inattendus et surtout bien différents de son plus glorieux aîné. Il faudra tout de même se taper une bonne demi-heure pas très intéressante au début durant laquelle on nous présente les protagonistes pas forcément tous intéressants voire attachants ! Pour résumer, Hugh Bonneville (repéré dans le Frankenstein de Kenneth Brannagh et dans Downtown Abbey) est excellent en sociopathe malin et protégé par la loi car riche et célèbre, Kelly MacDonald ("Nanny McPhee", "Le guide galactique", la série "Black mirror") s’en sort assez bien en psy dévoué mais mère à la ramasse par rapport à l’éducation de son fils, l’acteur George MacKay, rôle principal du 1917 de Sam Mendes qui lui, est sous-exploité car son temps de jeu est limité contrairement à celui de Percell Ascott, jouant le copain de ce dernier mais étant un bien piètre acteur !

Passons également sur le message woke actuel, pénible et lourdingue qui critique les hommes blancs et riches de ce monde qui ont le bras long et semblent intouchables devant les gens plus pauvres semblant, pour la plupart, résignés. Non, ce qui dérange avant toute chose, c’est le côté très inégal de l’ensemble et surtout sa durée (plus d’1h50 tout de même !) ! Malgré une réalisation soignée mais sans éclat, on a un protagoniste principal intéressant et sadique (notre juge affichant un goût évident pour la séquestration et la torture). Néanmoins, ses actes ne sont que trop suggérés à l’écran et l’usage récurrent des ellipses par Anvari sera ici, grandement dommageable ! Car sans séquence choc à se mettre sous les dents voire sous les mirettes, le film déjà moyen perd carrément tout attrait ! De plus, le fait de quitter trop souvent la maison du méchant, enlève grandement le côté angoissant du home invasion movie. En effet, en dehors de la demeure cossue du boogeyman finalement humain, on passe assez souvent au quotidien morose de la mère de Toby, quand on n’enchaîne pas sur des scènes de la vie quotidienne de Naz et Jay, insipides au possible ! Alors quand en plus, on a une fin pas terrible, on ne peut qu’être déçu devant ce produit en définitive bien trop lisse qui se perd dans des bavardages et scénettes dispensables.

Certes, d’aucuns pourraient arguer que la narration qui n’est pas si linéaire que cela est assez maligne puisqu'il est parfois impossible de prévoir ce que l'on va nous montrer et à ce titre, le film remplit fort bien sa fonction de thriller. En outre, on pourrait ajouter que Hugh Bonneville est tout bonnement glaçant et rend parfois l'ambiance lourde à lui tout seul. Cependant, on a tout de même l’impression que la volonté de l'auteur de faire un long-métrage profitant des concepts sociétaux actuels (le courant woke, l’inclusion, montrer pas mal de minorités…), lui a tout simplement fait perdre de vue l’idée d'écrire un film de genre efficace, prenant, violent et surtout immersif ! Au lieu de cela, on a un produit déséquilibré car pendant pas mal de temps, il ne se passe pas grand-chose, l’introduction dure, ça parle beaucoup trop pour peu de tension et le potentiellement bon thriller qu’on aurait pu avoir est alors noyé sous un déluge d'insignifiances, de dialogues vains et ce pendant 1h45. Quel gâchis !

Ainsi, I came by se veut être un home invasion movie surfant sur le wokisme actuel. Cependant, c’est beaucoup trop long au début, pas très original et surtout, les personnages qui sont montrés agissent en dépit du bon sens ! L’ensemble est également assez peu dynamique : on aurait aimé plus de scènes trash, de tension et un rythme plus soutenu au lieu d’un thriller en forme de lutte des classes inégal et insignifiant très décevant qu’on aura tôt fait d’oublier !

I came by | I came by | 2022
I came by | I came by | 2022
I came by | I came by | 2022
Bande-annonce
Note
2
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Vincent Duménil