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Jack l'éventreur : sur les traces du tueur | Jack the ripper : eine frau jagt einen mörder | 2016
Affiche originale
Jack l'éventreur : sur les traces du tueur | Jack the ripper : eine frau jagt einen mörder | 2016
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Jack l'éventreur : sur les traces du tueur

Jack the ripper : eine frau jagt einen mörder

Londres, 1888. Une série de meurtres sauvages secouent le quartier de Whitechapel. Fraîchement débarquée d'Allemagne, Anna Kosminski veut rejoindre sa mère et son frère Jakob. Elle apprend que sa mère est décédée de la syphilis et que son frère est interné dans un hôpital psychiatrique, soupçonné d'être le tueur qui mutile les prostituées du quartier et qui se surnomme Jack. Convaincu de son innocence, Anna va mener sa propre enquête, avec l'aide de l'inspecteur Abberline, persuadée que le tueur est encore en liberté...

Jack l'éventreur : sur les traces du tueur | Jack the ripper : eine frau jagt einen mörder | 2016

L'AVIS :

Le plus célèbre des tueurs en série, dont l'identité reste encore un mystère de nos jours, malgré toutes les diverses théories qui se sont succédé (le médecin du roi, le barbier, un ouvrier qui aurait assisté aux meurtres...), n'en finit plus d'être un sujet de prédilection pour les réalisateurs. On ne compte plus le nombre de films, téléfilms ou série-télévisées qui mettent en avant le fameux Jack l'éventreur, ni les dérivés, que ce soit romans, bande-dessinées et j'en passe. Le tueur qui a massacré quelques prostituées dans le quartier de Whitechapel, à Londres, possède toujours un aura qui enflamme l'imaginaire et les passions. Certains films s'embarquent dans le domaine du réalisme historique quand d'autres préfèrent n'être que des divertissements jouant avec le mythe. Le téléfilm allemand de Sebastian Niemann est plutôt à classer dans cette dernière catégorie. Principalement connu pour son film "Sept jours à vivre" (2000), c'est en 2016 qu'il décide de s'attaquer à notre bon serial-killer, avec "Jack l'éventreur - sur les Traces du Tueur". Une production allemande donc, de qualité, qui soigne particulièrement bien sa reconstitution du Londres des années 1880, avec chaussées non pavées dans les quartier pauvres, costumes d'époque qui font illusions, déplacement en calèche, trognes patibulaires des voyous vivant dans les quartiers mal famés et j'en passe. Les décors sont visuellement très beaux, que ce soit l'asile psychiatrique, les bâtiments londoniens ou l'orphelinat entre autres et donnent un joli relief à l'ensemble.

Le casting est lui aussi à mettre dans les points positifs, et notamment Sonja Gerhardt, qui interprète l'héroïne, Anna Kosminski. L'actrice se révèle talentueuse, touchante, impliquée et j'ai trouvé qu'elle jouait particulièrement bien. Le reste du casting fait aussi illusion, que ce soit Falk Hentschel dans le rôle de l'inspecteur Abberline, Nicholas Farrell dans le rôle du photographe Samuel Harris, Sabin Tambrea dans le rôle de David Cohen ou Peter Gilbert Cotton dans le rôle du chef de police Briggs. L'originalité du film est qu'il ne va pas refaire ce qui a déjà été fait auparavant. On ne va pas suivre les agissements de Jack l'éventreur, puisqu'il est potentiellement interné dans un asile psychiatrique suite à la découverte d'une prostituée éventrée et éviscérée dans sa chambre, située dans le magasin de photographie tenu par Samuel Harris. D'après la police, le tueur de Whitechapel serait donc Jakob Kosminski, le frère aîné d'Anna. Après lui avoir rendu visite, cette dernière n'accepte pas que son frère soit désigné coupable et elle va devoir le prouver au chef de police Briggs et rapidement, puisque son frère doit subir une lobotomie dans une semaine.

Là où le film marque des points, c'est dans sa façon d'intégrer les nouveautés technologiques d'époque à son histoire. Le monde de la psychiatrie faisait ses premiers pas dans le traitement des maladies mentales par lobotomie, la police utilisait des photographies de crimes pour mener ses enquêtes et devait faire apparaître désormais "le mobile" du tueur. L'évolution dans le domaine de la photographie est également bien mis en avant, de même que les travaux pour faire des images en mouvements et non plus fixes, à travers le personnage de David Cohen, qui s'inspire des essais de William Kennedy Laurie Dickson et de la trouvaille de John Carbutt (le celluloïd, commercialisé justement en 1888). Les références sont nombreuses et appropriées et donnent un intérêt supplémentaire au scénario. L'enquête menée par Anna nous plonge donc dans une ambiance policière et le film peut être vu comme tel. Les amateurs croyant assistés à des meurtres ultra-brutaux commis par Jack l'éventreur en seront pour leur frais puisque ce dernier ne sera jamais vraiment montré. Oubliez l'ombre sinistre se déplaçant avec cape, canne, chapeau haut de forme et mallette médicale dans le brouillard londonien, tout ça est inexistant dans le film. Comme indiqué par le chef de police Briggs, dans une très bonne scène se déroulant au commissariat, les meurtres ont déjà eu lieu et le coupable interné. Fin de l'histoire.

Pourtant, les investigations d'Anna pour innocenter son frère vont réveiller quelque chose. Là réside l'intérêt du film : est-ce réellement son frère le meurtrier ou est-ce une habile supercherie du vrai tueur pour passer inaperçu et échapper à la police ? Les potentiels suspects sont légion ici, chaque protagoniste ayant un comportement qui pourrait nous indiquer qu'il est le vrai éventreur. Samuel Harris semble bien aimer photographier des modèles nus, son assistant David Cohen, qui était ami avec Jakob, veut figer le temps, "l'instant" avec ses photographies, l'inspecteur Abberline est-il aussi gentilhomme qu'il veut le faire croire ? L'enquête d'Anna est souvent savoureuse et intrigante, pleine de rebondissements, de mystères, d'intrigues et de dangers. Les références à Jack sont correctement intégrées, comme les lettres stockées au commissariat, avec From Hell écrit dessus. On sent que Sebastian Niemann connaît son sujet et qu'il a pris un vrai plaisir à concocter cette variation du mythe avec le scénariste Holger Karsten Schmidt, qui s'est quant à lui inspiré des éléments réels et qu'il a habilement mélangé avec la partie fictive de son histoire. Jack l'éventreur - sur les Traces du Tueur est donc un solide téléfilm, très luxueux, divertissant comme il faut et qui s'avère intéressant dans sa prise de liberté vis à vis de l'histoire réelle. Le final et ses révélations sont également bien pensés. A découvrir.

Jack l'éventreur : sur les traces du tueur | Jack the ripper : eine frau jagt einen mörder | 2016
Jack l'éventreur : sur les traces du tueur | Jack the ripper : eine frau jagt einen mörder | 2016
Jack l'éventreur : sur les traces du tueur | Jack the ripper : eine frau jagt einen mörder | 2016

* Disponible en DVD et BR chez CONDOR ENTERTAINMENT
https://www.condor-films.fr/film/jack-leventreur-sur-les-traces-du-tueu…

Bande-annonce
Note
3
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Stéphane Erbisti