Ouija
Ouija
Suite à la mort soudaine et inexplicable de leur amie Debbie, une bande de jeunes décident d’utiliser une planche de spiritisme pour invoquer les esprits et connaître la vérité sur le décès de leur camarade. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que cette mystérieuse planche de Ouija est en partie responsable du décès prématuré de Debbie…
Après avoir débuté sa carrière au Stan Winston Studio en tant que coordinateur des effets spéciaux sur plus de 35 films ("terminator 3", "jurassic park 2 : le monde perdu", "sixième sens"…), Stiles White se lance dans l’écriture de scénarii avec Juliet Snowden et donnent naissance entre autres aux histoires de "boogeyman la porte des cauchemars" de Stephen Kay, "prédictions" d’Alex Proyas et "possédée" d’Ole Bornedal.
Pour "ouija", film de fantômes/esprits comme son nom l’indique (la planche de Ouija étant une planche de spiritisme pour celles et ceux l’ignorant), Stiles White fit également appel à Juliet Snowden pour l’écriture du scénario mais est cette fois-ci passé derrière la caméra.
Produit par Michael Bay mais également par Jason Blum ("paranormal activity"…), le film de Stiles White n’a pourtant failli ne jamais voir le jour. Datant de 2008, le projet peinait en effet à trouver des investisseurs et des producteurs et a notamment dû subir une réécriture avant de pouvoir enfin entrer en chantier en décembre 2013. Une patience qui a été un mal pour un bien pour notre réalisateur en herbe car "ouija", qui a coûté environ 5 millions de dollars, rapportera rien qu’aux Etats-Unis plus de 50 millions de dollars.
Bien que le film ne soit pas annoncé sous les meilleurs auspices (les noms des producteurs mais également celui du réalisateur faisant quelque peu peur il faut bien l’admettre…), nous étions nombreux à lui donner sa chance lors de la 22ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer. Le film, présenté alors en hors-compétition, avait en effet attiré de nombreux festivaliers de par tout d’abord son titre mais également de par sa bande-annonce dynamique et aux nombreux effets sonores. D’autres festivaliers, dont je faisais partie, étaient au contraire persuadés de trouver en cette production Bay/Blum un bien bel étron cinématographique, mais au moins une bonne occasion de s’amuser peut-être et d’user de moqueries un peu faciles…
Et pourtant, dire que "ouija" est une véritable merde sans intérêt serait mentir… mais dire que c’est un bon petit film serait tout de même un plus gros mensonge encore!
Bien que le film ne Stiles White ne soit à aucun moment ennuyeux (sa principale qualité avec ses effets spéciaux soit dit en passant), il faut bien admettre que nous avons là un produit clairement estampillé ados et principalement destiné aux novices dans le cinéma fantastique (quoique l’on ne peut tromper tout le monde, même les moins connaisseurs en la matière). Le genre même de produit sans grande saveur, parsemé d’incohérences, de clichés et de jump-scares prévisibles que nous retrouvons ensuite au cinéma pour faire sursauter et crier les midinettes dans les bras de leurs petits copains d’un soir…
Avec son casting très jeune (dans lequel nous retrouvons la belle Olivia Cooke de la série "Bates motel" dans le rôle principal et que l’on retrouve entre autres dans "the signal" et "les âmes silencieuses", tous deux également présentés au festival de Gérardmer cette même année!) et son univers très teenage movie annoncé dès le premier quart d’heure de film, "ouija" ne semble à aucun moment vouloir monter en maturité et c’est bien dommage…
Un gros sentiment de déjà vu flotte tout au long de ce film où les clichés du genre sont très nombreux et ne manqueront pas de vous soutirer quelques « pfff » ou quelques railleries en cours de route. Une porte qui s’ouvre, une porte qui se ferme (tiens, ça change…), des bruits à l’étage, la lumière qui soudain déconne… Rien de bien neuf donc ici, comme dans peut-être 90% des films paranormaux qui sortent de nos jours. Stiles White connait ses classiques, notamment asiatiques ("ju-on : the grudge", "ring", voire "one missed call"…) et cela se voit. Il n’oublie pas non plus de nous amener dans ses endroits « stratégiques » qui font bien souvent frémir le public comme la cave, le grenier et même les placards (c’est presque étrange qu’il ne nous ait pas amenés non plus sous le lit de notre défunte Debbie tiens…) : la maison familiale n’a plus aucune secret pour nous ça c’est sûr (et pourtant nous ne sommes pas venus ici pour l’acheter…).
Hormis deux-trois petits moments de tension quelque peu palpable (mais malheureusement trop brefs), le reste du film n’est que jump-scares souvent ridicules (les mecs aiment dans ce film rester derrière une porte ou dans la pièce d’à côté, sans rien dire ni même venir à la rencontre de leurs copines) et mises à mort hautement prévisibles (depuis le début nous savons que quelqu’un va finir sur la bâche de la piscine extérieure, il n’y a plus qu’à attendre…).
Mais ce qui énerve peut-être le plus dans "ouija", ce n’est pas ce sentiment de déjà-vu (bien que ça frustre énormément mais nous nous y attendions dès le départ!) mais bien toutes ces incohérences qui viennent frapper de plein fouet ce scénario déjà peu brillant à la base (on en retiendra toutefois cette bonne idée d’utiliser un être humain comme récepteur/traducteur des voix des esprits). Ainsi, on se rend compte que nos protagonistes peuvent être sacrément imprévisibles (l’un d’eux roule à toute allure sur son vélo et soudain, on ne sait pourquoi, il décide de marcher à côté alors qu’il pénètre dans un passage souterrain assez craignos), idiots (oui, le courage rend bien bête parfois, au point de rejouer au Ouija plein de fois…) ou au contraire étonnamment intelligents (il suffira d’un simple regard d’une attardée mentale pour que notre héroïne découvre toute la vérité sur cet esprit qui les hante et nous tape un monologue pathétique pour éclairer nos lanternes pourtant bien plus allumées que la sienne).
N’oublions pas de citer également quelques maladresses (ou tout simplement des raccourcis absurdes et faciles utilisés pour simplifier l’intrigue et combler certaines interrogations que nous pourrions avoir) qui viennent sans aucune pitié s’intercaler pour polluer encore un peu plus le récit. S’enchaînent alors des vidéos faites par Debbie quand elle était seule, histoire de nous aider un peu dans l’enquête et comprendre comment elle en est venue à se pendre (la malheureuse se faisait tellement chier qu’elle se filmait constamment…), puis une séquence magique où nos deux héros trouvent avec une facilité déconcertante tout le dossier de la famille ayant vécu autrefois dans la maison de Debbie (on tape une requête sur Internet et hop on trouve tout l’article en un clic) sans oublier bien-entendu le clou du spectacle avec la femme de ménage qui est en réalité une experte en spiritisme et va nous expliquer comment se sortir de ce merdier!
D’autres moments au contraire resteront de grands mystères pour nous tous (pourquoi le fait de couper les points liant les lèvres du fantôme résoudrait tous les problèmes? Comment notre héroïne trouve-t-elle aussi facilement l’accès à la pièce secrète dans le sous-sol de la maison?...) mais une chose est certaine : le meilleur dans tout cela est ce final crétin où un personnage inattendu à ce moment du film viendra aider nos amis (alors que ce dernier avait toujours été absent jusque là, laissant visiblement mourir tout le monde sans grande gêne…).
« C’est débile Laine » dira à un moment du film le jeune et beau Trevor à son amie Laine. Bah oui, ça l’est…
Si la bêtise ne vous dérange pas, alors laissez-vous tenter par ce "ouija" tout simplement énorme en la matière! Moi, personnellement, je vous le conseillerais uniquement dans l’intention de s’amuser entre ami(e)s, popcorn bière et toute l’artillerie sur la table basse du salon. Le film étant suffisamment rythmé et possédant quelques effets visuels bien fichus pour éviter de sombrer dans le monde des navets ou de vous emporter au pays des songes, c’est déjà ça de gagné...
Pour les autres, désireux de voir un film d’épouvante dans l’unique but de frissonner un bon coup, passez votre chemin.
Si au moins l'un des protagonistes avait pu faire un fist avec leur planche, on aurait rigolé.
Sauf que même les bonnes manières se perdent, ma brave dame !
Et dire que le film a cartonné au box-office, ça ne donne pas envie d'aimer l'humanité.
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