PLATEFORME 2 - LA
EL HOYO 2
Prisonnière d’une prison dotée de cellules verticales superposées les unes aux autres et où un plateau de nourriture traverse un trou central rectangulaire, Perempuán doit apprendre avec son nouveau compagnon d’étage Zamiatin, les règles dorénavant mises en place par les prisonniers pour avoir une chance de survivre…
L'AVIS :
Cinq ans plus tard et fort de son succès sur la plateforme Netflix, Galder Gaztelu-Urrutia réalise une suite ou plutôt un prequel, franchement on ne sait pas trop, à son film éponyme sorti en 2019. Le précédent métrage se présentait alors comme un pamphlet métaphorique où un individualisme forcené et égoïste poussait certains à la surconsommation, tout comme le manque de nourriture en entraînait d’autres à se révolter et à tuer pour se contenter de quelques restes. Dans cette suite, on retrouve le même principe avec une plateforme se déplaçant d’étage en étage avec un changement mensuel faisant écho à l’ascenseur social de nos sociétés rappelant que l’on peut se retrouver en bas de l’échelle du jour au lendemain ! Cette sorte de hiérarchie entre étage n’est pas sans rappeler l’excellent roman « Les monades urbaines » de Robert Silverberg avec cette verticalité s’étendant à perte de vue. Petite nouveauté toutefois : une sorte de solidarité semble avoir été mise en place à tous les étages pour que chacun mange à sa faim. La plateforme 2 met donc l'accent sur la survie n’étant possible que par le partage et la difficulté à faire passer le message entre les étages dû à l'égoïsme de chacun. Malheureusement, le message se transforme en loi pour le bien de tous, loi que fait respecter Daging Babi (filet de porc à l’indonésienne !?), un leader semblable à un gourou ou un messie c’est selon, mais impartial car faisant régner l’ordre par l’extrême violence avec ses troupes entièrement dévouées à sa cause !
Ce qui est dommageable, c’est que l'ambiance anxiogène de ce long-métrage n'est pas aussi poussée que dans le premier opus car l'effet de surprise n’est plus là, tout comme pour "Cube" et ses suites, film dont il reprend d’ailleurs quelques bases. De plus, le fait que les protagonistes changent d'étage un peu quand ils le veulent fait perdre cette impression de claustrophobie et de huis clos propre à "La plateforme" qui cantonnait ses personnages à leur étage et à leurs conditions par la même occasion. Le scénario est également plus confus, si le premier laissait des zones d'ombres, celui-ci ni répond pas plus aux interrogations multiples qu’il générait, mais surtout, comme dans le un, la fin est sujette à de nombreuses interprétations, ce qui en frustrera encore plus d’un !
Malgré cela, comme chez son prédécesseur, les personnages sont bons, charismatiques et attachants. Milena Smit et Hovik Keuchkerian (Bogota dans la série La casa de papel, ici complètement méconnaissable sans ses poils et avec son gros bide à l’air !) livrent de solides performances qui donnent une certaine épaisseur aux protagonistes qu’ils interprètent. Notons également au casting la présence : d’un français (Bastien Ughetto) incarnant le bien nommé « Robespierre », de Natalia Tena (vue dans la série "Game of thrones" !) et de Ivan Massagué et Zorion Eguileor qui campaient Goreng et Trimagasi dans le métrage séminal ! En outre, l’ensemble reste très dynamique et sans longueur, peut-être même plus rythmé que le premier et fait encore réfléchir sur la condition humaine, c’est déjà ça !
Ainsi, La plateforme 2 reprend les mêmes codes visuels et photographiques que le premier film, et nous replonge dans cette atmosphère très singulière et particulièrement oppressante. Cependant, il n’y a plus la surprise du concept, et l’univers reste strictement le même, sans véritable ajout notable par rapport à l’original. Toutefois, cette suite est nantie de personnages charismatiques et d’un rythme sans aucun temps mort. Cependant, comme pour son prédécesseur, la fin y est nébuleuse à souhait et la morale assez ambiguë ce qui fait que La plateforme 2 demeure inférieur au premier du nom, mais s’avère au final tout de même relativement divertissant.