Wake Wood
Wake Wood
Patrick et Louise ont perdu de façon tragique et cruelle leur fille Alice âgée de 9 ans, tuée par un chien enragé. Ils décident tous deux de déménager pour recommencer une nouvelle vie dans la petite bourgade de Wake Wood. Après s’être installés, ils apprennent par le maire de la ville que des rites ancestraux sont pratiqués par les habitants. Des rites permettant de faire revenir à la vie des personnes mortes récemment…
L'AVIS:
La célèbre firme anglaise Hammer Films a stoppé de produire des longs-métrages fantastiques en 1979. Mais en 2009 cette dernière va revenir effrayer la population en proposant de nouveaux films avec tout d’abord "Wake Wood" (dont il est question ici), le remake de "Morse" intitulé "Laisse-moi entrer" ou encore "La locataire", avant de revivre le succès grâce au fameux "La dame en noir" en 2012 avec sa star Daniel Radcliffe et sa suite en 2014 (la même année sortira d’ailleurs "Les âmes silencieuses" que j’avais critiqué dans le compte-rendu du festival de Gérardmer 2015 et dont Stéphane avait fait une critique version longue pour le site).
Quelques années plus tard sortiront également "La malédiction Winchester" (vu à Gérardmer en 2018) ainsi que "The lodge" (Gérardmer 2020 cette fois-ci) de notre duo autrichien Deverin Fiala / Veronika Franz (qui nous avaient scotché avec leur "Goodnight mommy" vu également… à Gérardmer en 2015).
Oui, le festival de Gérardmer semble avoir une attirance bien particulière pour la firme britannique mais si vous voulez plus d’informations sur celle-ci, je ne peux que vous conseiller notre gros dossier "Aux sombres héros de la Hammer" présent sur le site et écrit par notre cher Lionel Jacquet.
Bref, nous ne sommes pas là pour parler de la Hammer (bien que le sujet soit fort intéressant mais Lionel et Stéphane, en grands défenseurs de la firme anglaise, en parlent bien mieux que moi) mais plutôt de ce film qui la relança en toute fin des années 2000 : "Wake Wood".
Ayant vu "La dame en noir" et "Les âmes silencieuses" entre autres avant "Wake Wood", force est de constater que j’ai nettement moins été emballé par ce dernier alors que j’étais parti plein d’espoir après avoir découvert les films qui le suivirent.
Pour un redémarrage, la célèbre firme britannique aurait pu faire bien mieux et a même pris un certain risque selon moi à proposer un film qui s’apparente fortement à un certain "Simetierre" - avec en plus un zest de folk horror - mais la qualité et le professionnalisme dans la réalisation et le scénario en moins…
Car oui, "Wake Wood" ce n’est pas bien extraordinaire. Ca manque de peps, de tonus, et on s’ennuie ferme devant ce film au rythme lent et au scénario bien creux dans sa première heure. Et il faut bien avouer que les acteurs/actrices n’aident pas à apprécier le long-métrage de David Keating non plus : le casting n’est pas à la hauteur, les dialogues manquent de profondeur et on ne parvient pas de ce fait à embarquer dans cette histoire à laquelle personne ne semble vraiment croire au final…
Je parlais juste avant de folk horror – ce qui a peut-être émoustillé certains d’entre vous - mais là encore n’est pas Robin Hardy ("The wicker man"), Ari Aster ("Midsommar") ou Gareth Evans ("Le bon apôtre") qui veut. Nous aurons droit effectivement à deux rites (dont l’un volontairement haché pour nous montrer le malaise de notre mère de famille assistant au spectacle en mode furtif) plutôt intéressants dans leur façon d’être orchestrés mais dont il manque indéniablement une composante importante à mes yeux : aucune ambiance anxiogène n’en ressort (pourtant très présente dans ce genre de film avec des rites païens), ceux pratiquant le rituel ne dégagent rien en termes d’émotions… C’est bien trop terne, il manque véritablement ce petit côté frissonnant et c’est fort dommage une fois de plus.
Mais malheureusement David Keating ne s’arrête pas là au rayon des déceptions : ajoutez à tout cela une image plutôt moche (excusez le terme), des cadrages approximatifs (parfois la tête de l’acteur est carrément coupée…) et des plans foireux (on ne distingue pas toujours très bien ce qui se passe durant les scènes d’attaques) et vous obtenez là un côté très amateur à son film.
Reste toutefois une grosse dernière vingtaine de minutes qui sauve le film du naufrage (pour celles et ceux qui auront lutté jusque là et résisté aux appels incessants de Morphée) avec quelques meurtres assez sanglants et ce côté horrifique enfin arrivé ! A noter également une fin ma fois sympathique et originale ayant le mérite d’éviter les sempiternels happy ends (mais je n’en dirai pas plus).
Bref, en résumé, ce premier film marquant le retour de la Hammer Films n’était probablement pas le tremplin idéal (il faudra réellement attendre 2012 et Daniel Radcliffe pour cela) mais a au moins eu le mérite d’être la première pierre de la renaissance d’un mythe pour les fantasticophiles.