Affiche française
SOUS SOL DE LA PEUR - LE | THE PEOPLE UNDER THE STAIRS | 1991
Affiche originale
SOUS SOL DE LA PEUR - LE | THE PEOPLE UNDER THE STAIRS | 1991
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Sous sol de la peur - le

The people under the stairs

Los Angeles, dans le ghetto black, un jeune garçon défavorisé de 13 ans, surnommé "Tout fou" (Fool dans la version originale) vit avec sa sœur Ruby et sa mère atteinte d'un cancer. Alors qu'on menace de les exproprier faute d'avoir versé leur loyer dans les temps, l'adolescent se laisse convaincre par Leroy, truand de bas étage, de cambrioler une grande bâtisse des quartiers chics afin de récupérer une collection de pièces d'or appartenant à de riches propriétaires. Après être entré difficilement, notre adolescent s'apercevra qu'il est bien plus difficile de sortir de cette demeure cossue dans laquelle il semble ne pas être le seul captif et dont les habitants ont des mœurs bien plus qu'inquiétantes…

SOUS SOL DE LA PEUR - LE | THE PEOPLE UNDER THE STAIRS | 1991

Le film sorti en 1991, marque le retour de Wes Craven, qui depuis "Les griffes de la nuit" en 1984, n'avait pas renoué avec le succès et avait même essuyé divers échecs cuisants (comme "Chiller", "La colline a des yeux II" ou encore "Shocker"). On retrouve dans ce film tout le côté malsain des grandes oeuvres de Craven comme "La colline a des yeux" et "La dernière maison sur la gauche" avec leur galerie de personnages dégénérés aux habitudes et aux styles de vie anormaux. Avec ce métrage, il mise tout sur l'outrance et n'hésite pas à en faire des tonnes pour nous coller au fond de nos fauteuils et nous faire sursauter : violence excessive, séquences gore et personnages stéréotypés à l'excès.

Contrairement à "Massacre à la tronçonneuse" dont le film se rapproche un petit peu et misant tout sur la suggestion, Le sous-sol de la peur investit tout dans la démesure aussi bien visuelle que scénaristique. Jugez plutôt : une fois dans la demeure des propriétaires fortunés, Fool ne peut plus en sortir et va se retrouver confronté à un couple complètement taré (au sens premier du terme) dont le mari (Père) est adepte du sadomasochisme et la femme (Mère) est hystérique. Mais ce n'est pas tout ! Le gamin va également découvrir qu'il n'est pas un cas isolé : d'autres prisonniers vivent dans la maison enfermés dans les murs, dont Cafard, un gamin à la langue coupée connaissant tous les pièges dont la maison est truffée et une adolescente timorée s'avérant être la fille du couple dérangé. Ces deux jeunes gens semblent d'ailleurs être les seuls avec Fool, à vouloir sortir de cette maison. Les autres habitants vivant dans la cave puis évoluant à travers les murs et les galeries, paraissent s'être accommodés de leur sort. La raison principale : un poste de télévision installé par "Père" et qui les apaise dès que toute envie de se rebeller se manifeste. L'écran agit donc comme une drogue puissante, un "vampire" captant l'attention des enfants même celle des plus indisciplinés. Faut-il y voir là une parabole quant aux abus de la télévision sur nos chères têtes blondes ? Connaissant Craven, on n'en doute pas une seconde, d'autant que ce n'est pas le seul message d'intention disséminé dans le film. Le réalisateur aurait ainsi voulu montrer principalement dans celui-ci, l'avilissement des classes aisées par l'argent et leur désir "d'écraser" les minorités.

Il s'agit donc en filigrane, d'une critique de la société américaine sous Reagan, argument voulu et avoué par Craven lui-même lors d'interviews. Pourtant, la thématique principale du film semble être le difficile passage de l'enfance à l'âge adulte. En effet, Fool, jeune peureux en herbe va devoir subir des épreuves lui étant jusque-là inconnues. Il les endurera, les surmontera et sortira grandi de cette terrible aventure. C'est donc l'apprentissage de la vie que notre jeune héros va faire dans cette baraque et ses nombreuses cavités, mais ce de manière hyper condensée !

A côté d'un score d'honnête facture mais pas transcendant, il faut néanmoins saluer la performance des deux acteurs principaux interprétant le couple. On retrouve une nouvelle fois le duo déjanté de la série "Twin Peaks" (Everet Mc Gill et Wendy Robie) pour notre plus grande joie puisqu'au fil de l'histoire ils apparaissent comme de véritables psychopathes emplis de folie. Aux titres de leurs faits d'arme : l'homme nourrit les créatures de la cave avec de la chair humaine et la femme se montre extrêmement cruelle envers sa fille, lui préférant finalement son chien ! Quant au reste du casting, on retrouve Ving Rhames, parfait dans le rôle du petit malfrat et aussi Brandon Quintin Adams, Fool, très bon dans le rôle du gamin devenant dégourdi par la force des choses. Nous ajouterons toutefois, pour faire la fine bouche, un bémol quant à l'interprétation pouvant déranger les spectateurs les plus aiguisés : le rôle ambivalent du Père. Ce dernier peut être déroutant car il oscille entre Ash d'Evil Dead et Leatherface qu'on ne présente plus, ce qui peut nuire au métrage, car, au final, cela induit un doute sur la véritable nature de ce personnage : pitre ou vrai méchant ?

Ce film, basé sur l'histoire vraie de parents qui ont enfermé leurs enfants dans la cave pendant des années (effrayant, non ?) et récompensé à Avoriaz en 1992, prouve si besoin est que Wes Craven n'est pas un des fers de lance de l'horreur pour rien. Il apparaît alors regrettable que bon nombre de ses films à l'instar des "Freddy" et autres "Scream" bénéficient d'un incroyable succès public alors qu'une petite série B comme Le sous-sol de la peur, même s'il ne révolutionne pas le genre, mériterait qu'on y porte plus d'attention tant son scénario est solide et les messages qu'il véhicule ô combien pertinents. Ce qui, de nos jours, est plutôt rare !

SOUS SOL DE LA PEUR - LE | THE PEOPLE UNDER THE STAIRS | 1991
SOUS SOL DE LA PEUR - LE | THE PEOPLE UNDER THE STAIRS | 1991
SOUS SOL DE LA PEUR - LE | THE PEOPLE UNDER THE STAIRS | 1991
Note
3
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Vincent Duménil