L'Avis :

Que peut-il y avoir de plus terrifiant que d’être poursuivi par un colosse armé d’une tronçonneuse dans les couloirs sombres d’une cave mal éclairée et décorée d’ossements humains ? Pas grand-chose, sans doute. Avec The Texas Chain Saw Massacre, Gun Interactive (qui avait déjà édité "Friday the 13th : the game") et les développeurs de Sumo Nottingham vous proposent de vous glisser dans la peau des victimes de l’un des tueurs les plus iconiques du cinéma… ou d’incarner directement un des membres de sa famille de cannibales.

The Texas Chain Saw Massacre est ainsi un jeu multijoueur asymétrique, qui oppose deux équipes (3 tueurs contre 4 proies) aux objectifs diamétralement opposés. D’un côté, vous avez les Victimes. Leur but est simple : trouver un moyen de fuir les lieux. Vous aurez le choix entre 5 personnages, chacun ayant leurs forces et leurs faiblesses, réparties en fonction d’un arbre de compétence et de capacités spéciales. Julie est capable de sprinter longtemps, Leland peut étourdir ses poursuivants, Connie peut déverrouiller instantanément les portes, par exemple. Vos principaux atouts seront l’obscurité et le silence : le jeu se présente comme un cache-cache géant, et le moindre bruit peut vous faire repérer. Heureusement, vous pourrez utiliser certains raccourcis inaccessibles pour vos poursuivants.

Chacune des trois cartes (la demeure familiale, l’abattoir et la station service) dispose de 4 issues, qui nécessiteront de bien connaître les cartes et les mécanismes du jeu pour être atteintes. A ce titre, les premières heures en tant que victimes pourront être frustrante, la lente exploration des lieux sous pression n’aidant pas à s’approprier aisément les décors assez labyrinthique, notamment en ce qui concerne le sous-sol. Car chaque partie débute dans la tanière de Leatherface, à quelques mètres du tueurs : il faudra être discret et habile pour se faufiler, trouver des objets et activer les mécanismes vous permettant de fuir. L’ambiance, lorsque vous incarnez une de ces victimes, est assez remarquable, notamment lorsque vous savez qu’un tueur est à proximité… ou que vous entendez soudain le vrombissement d’une tronçonneuse derrière vous.

Côté tueur, nous retrouvons évidemment ce bon vieux Leatherface, endurant, violent et armé de sa tronçonneuse. Il est accompagné de l’auto-stoppeur, vif, capable de se faufiler partout et capable de poser des pièges, et du Cook, le frère aîné, lent mais pouvant détecter les sons produits par les victimes lorsqu’elles tentent de fuir. A ces 3 personnages issus du premier film viennent s’ajouter deux petits nouveaux, Sissy, jeune femme mentalement dérangée ayant fait ses classes dans la Famille Manson et utilisant du poison ; et Johnny, psychopathe capable de suivre ses proies à la trace. Afin de massacrer les victimes, il conviendra généralement de travailler en équipe, autour de l’élément central de la Famille : le Grand-Père, capable de détecter les fuyards si on lui donne suffisamment de sang à consommer. Il faudra également bien inspecter l’environnement de jeu, et penser à verrouiller les portes pour éviter d’offrir des issues trop facile à vos proies.

Cinq tueurs différents, pour cinq victimes différentes, sur trois cartes (chacune ayant 4 variantes en fonctionne du moment de la journée) , et avec des arbres de compétences permettant d’affiner la façon de jouer (dégâts, capacité à récolter du sang et endurance côté Famille ; résistance, endurance, discrétion et ingéniosité côté Victimes) : les possibilités sont assez variées pour que les parties soient assez différentes les unes des autres, avec l’éternelle limite liée aux autres joueurs. En effet, le jeu n’échappe pas à une communauté parfois toxique, mais se montre aussi très déséquilibré entre novices et joueurs expérimentés : lorsque l’on connaît les cartes, il n’est plus très compliqué de s’en échapper rapidement. Certains décors semblent d’ailleurs avantager l’un ou l’autre des camps : j’avoue ainsi m’en sortir bien plus facilement en tant que victime, sur la station service que sur la demeure familiale.

Notons enfin le soin tout particulier apporté à l’ambiance du film, et notamment à l’ambiance "Massacre à la tronçonneuse". Les décors nous plongent dans le premier film (a priori, aucun élément des autres films ne devrait apparaître dans le jeu – dommage, je pense que Chop-Top aurait pu être intéressant à jouer), et le travail sur le son est juste remarquable. Les clins d’oeil et easter eggs sont nombreux, Edwin Neal reprend le rôle de l’auto-stoppeur tandis que celui de Leatherface revient au célèbre Kane Hodder.

Bref, The Texas Chain Saw Massacre nous replonge dans le cauchemar imaginé par Tobe Hopper, et ne trouve ses principaux défauts que dans la mécanique même du jeu en multijoueur asymérique, entre une communauté parfois agaçante et des parties qui risquent de devenir, avec le temps, répétitives. Reste un jeu pour le moment assez addictif, tant côté Famille que côté Victimes, violent et angoissant, et bien mieux réussi que Friday the 13th : the Game que j’avais pourtant apprécié.