Affiche française
LOVE OBJECT | LOVE OBJECT | 2003
Affiche originale
LOVE OBJECT | LOVE OBJECT | 2003
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Love object

Love object

Kenneth Winslow est un employé modèle qui a pour mission de rédiger des manuels d'utilisation. Toute sa vie repose sur son travail. Kenneth n'a pas d'amis, et encore moins de petite amie. Il tombe pourtant sous le charme de Lisa, nouvelle employée qui devra l'aider à rédiger et à mettre en forme ses manuels. Mais sa timidité le bloque totalement. Il décide alors de commander une poupée en latex ultra réaliste dernier modèle, qu'il choisit en fonction du physique de Lisa. "Nikki" entre alors dans sa vie. La poupée permet à Kenneth de prendre de l'assurance et sa vie sociale s'en trouve chamboulée. Il se décide à aborder Lisa, qui accepte avec plaisir son invitation. Mais "Nikki" ne semble pas l'entendre de cette façon. Du moins, c'est ce que pense Kenneth…

LOVE OBJECT | LOVE OBJECT | 2003

Premier film pour Robert Parigi. Première réussite pour Robert Parigi. Présenté au festival du film fantastique de Gerardmer en 2004, le film repart avec le prix du public et le prix de la critique internationale. Et c'est amplement mérité.

C'est l'ingénieur du son de Robert Parigi qui a montré à ce dernier un site internet sur lequel on peut commander des poupées érotiques très réalistes. D'abord surpris, Parigi a constaté que les positions dans lesquelles se trouvaient les poupées sur les photos évoquaient plus des postures qu'auraient fait prendre un serial killer à ses victimes qu'un photographe de charme à ses modèles. Parigi a donc décidé d'écrire un scénario qui exploiterait ce recours à une poupée de latex sans pour autant juger les personnes qui en utilisent.

Pour rendre crédible ses personnages, Robert Parigi décide d'engager des acteurs de choix. Il choisit Desmond Harrington ("Le vaisseau de l'angoisse", "Détour mortel") pour interpréter Kenneth. Bien lui en a pris car l'acteur est totalement investi par son rôle et parvient sans peine à lui donner de l'épaisseur et à nous faire pénétrer dans son esprit perturbé. Pour incarner Lisa, Parigi a recours au mannequin Melissa Sagemiller, qu'on avait pu admirer dans "Get over it" avec Kirsten Dunst. Avec son rôle dans "Love Object", Melissa gagne haut la main ses galons d'actrice de cinéma. Aux côtés de ces deux personnages principaux vient se greffer le gardien de l'immeuble de Kenneth, un brin pervers et curieux, et joué avec brio par notre bon Udo Kier ("Chair pour frankenstein", "Du sang pour dracula", "Expose"). N'oublions pas le patron de Kenneth et de Lisa, joué par Rip Torn ("Men in black"), excellent dans ce rôle de personnage un peu râleur. Il serait injuste de ne pas citer "Nikki", même si elle n'est pas faite de chair et de sang. Néanmoins, cette poupée de plastique est un vrai personnage, qui va déclencher tous les rebondissements du film. Pour la petite histoire, la poupée a été confectionnée avant le choix de l'actrice principale, en se basant sur des mensurations "classiques" dirons-nous, par le spécialiste de ce genre de sex-toy et les maquilleurs, dont Brian Penikas, ont ensuite du la rendre la plus ressemblante possible avec Melissa Sagemiller. Mission amplement réussie sur ce point.

Love Object n'est pas à proprement parler un film d'horreur. C'est réellement la catégorie "insolite" qui lui correspond le mieux, même si le final se révèle assez sanglant. A la différence des films mettant en scène des poupées, celle de "Love Object" n'est absolument pas vivante. Et le réalisateur ne tente jamais de nous faire croire qu'elle l'est. Un bon point car cela permet vraiment de comprendre que tout se passe dans la tête de Kenneth, qui perd de plus en plus pied avec la réalité. Un voyage au pays de la psychose, voilà ce que nous présente le film de Robert Parigi.

En effet, la vie de Kenneth avant l'apparition de "Nikki" est une vie triste et morne, basée sur son travail, mais aucunement intéressante ni distractive. L'embauche de Lisa va déjà déclencher quelque chose dans son esprit, puisqu'il va littéralement craquer pour cette jolie blondinette. Mais ne parvenant pas à vaincre sa timidité, il va se renfermer un peu plus sur lui et choisir une méthode plus simple pour accéder à son désir : acquérir une poupée érotique dernier cri qu'il peut "modeler" comme il veut avant de passer commande. Ses critères de sélection sont donc basés sur le physique de Lisa. Le triangle amoureux commence déjà à se dessiner. La réception de l'objet, sa "découverte", ne le satisfera pas d'emblée car, alors que son métier est de créer des notices, il ne prend même pas la peine de lire celle de la poupée. Mais peut-être eut-il mieux valu pour lui qu'il ne la découvre pas, cette fameuse notice, car à cause d'elle, la frontière entre fantasme et réalité va complètement disparaître. Car outre l'aspect physique, il faut également inclure dans les relations avec la poupée des goûts, des sentiments, des accessoires, afin que l'objet de plastique devienne quasiment un double de l'être désiré. La psychose va alors aller grandissante pour Kenneth, qui se met à parler avec sa poupée, à danser avec sa poupée, à faire comme si elle était vivante.

On aurait pu penser que ce dérèglement dans la vie de Kenneth allait saborder sa vie. Bien malin, le réalisateur nous propose tout l'opposé ! Avec l'apparition de "Nikki", la vie réelle de Kenneth prend une orientation positive, alors que d'habitude, les personnages atteints de psychose dans ce genre de film voient leur vie sociale complètement détruite. Dans "Love Object", c'est tout l'inverse. Obtention d'une promotion à son travail, timidité qui s'efface peu à peu pour enfin oser aborder Lisa qui ne refuse pas l'invitation, bien au contraire, bref, Kenneth devient un autre homme, grâce à sa relation avec une femme en latex. Mais cette euphorie sera de courte durée. De nombreux indices nous mettent la puce à l'oreille et nous indiquent qu'un drame est en train de se dérouler devant nos yeux. En effet, pendant la scène où Kenneth accompagne Lisa qui veut acheter de nouveaux vêtements, on a un déclic. Kenneth lui fait acheter les mêmes fringues dont il a pourvu "Nikki". Il emmène Lisa chez le coiffeur et elle se retrouve avec la même coupe de cheveux que "Nikki". Encore une fois, le réalisateur surprend car on s'attendait plus à ce que Kenneth accessoirise sa poupée en fonction de Lisa, pas l'inverse. La poupée a pris un contrôle total sur Kenneth qui modélise un être humain pour la faire ressembler à "Nikki". De plus, Kenneth ne sait plus du tout où se trouve la réalité. Quand il rentre chez lui, il "simule" une scène de jalousie de la part de "Nikki", à son travail, il reçoit des appels téléphoniques de "Nikki", alors que tout se passe dans sa tête. Mais il est trop tard pour qu'il s'en rende compte…

Les événements qui vont suivre nous font bien comprendre qu'il n'y a plus aucun espoir pour la santé mentale de Kenneth. On commence même à entrevoir une possible issue au drame, issue qui va se révéler encore plus tragique et horrible que ce qu'on avait imaginé. Un véritable calvaire pour l'un des personnages va avoir lieu sur notre écran. La pseudo comédie noire va peu à peu s'intensifier avant de déboucher sur des scènes de véritables folies, organisées par un esprit psychotique. Notre sourire s'estompe au fur et à mesure de l'avancée du film et on se laisse emporter par la gravité de la situation, dont le jeu d'acteur des principaux protagonistes permet d'atteindre le niveau attendu. Une situation implacable, dont l'image finale fera froid dans le dos.

Ah oui, vous aurez remarqué qu'à force de vivre avec sa poupée, Kenneth développe une sorte d'eczéma sur le visage, eczéma que d'autres personnes possèdent dans le film, comme le livreur de la poupée ou les personnes fréquentant le sex-shop. Par ce procédé, le réalisateur voulait nous faire comprendre que Kenneth n'était pas le seul à vivre une relation avec une poupée sexuelle et qu'une grande diversité de personnes y avait recours.

A la fois film social (les difficultés d'intégration au sein d'une entreprise), comédie noire (les interventions d'Udo Kier), thriller, film sur la folie mentale, "Love Object" ravira les amateurs d'étrangeté, de situations incongrues, de perversions plastiques, et de scènes chocs, notamment lors du final. Une émission de télévision récente a parlé de ces gens qui trouvent du réconfort et de l'écoute à travers un objet de plastique. Des situations assez incroyables, pas si éloignées que ça des séquences de début de film, surtout en ce qui concerne le fait d'habiller les poupées, de les considérer comme des êtres à part entière, qui font partie de leur vie. En espérant que la frontière entre fantasmes et réalité ne disparaissent pas comme pour le héros du film…

LOVE OBJECT | LOVE OBJECT | 2003
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Note
5
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Stéphane Erbisti