ALIEN: EARTH
ALIEN: EARTH
Lorsqu'un mystérieux vaisseau spatial s'écrase sur Terre, une jeune femme et un groupe de militaires font une incroyable découverte sur place qui les confronte à la plus grande menace que la planète n'ait peut-être jamais connue…
L'AVIS :
Nous sommes en 2120, deux ans avant les événements du film "Alien" de 1979. La Terre est alors gouvernée par cinq corporations : Prodigy, Weyland-Yutani, Lynch, Dynamic et Threshold. À cette époque-ci, les cyborgs (humains dotés de parties biologiques et artificielles) et les synthétiques (robots humanoïdes pourvus d'intelligence artificielle) cohabitent avec les humains. Mais la donne change lorsque le jeune phénomène imbu de sa personne Boy Kavalier, fondateur et PDG de Prodigy Corporation, dévoile une nouvelle avancée technologique : les hybrides (robots humanoïdes dans lesquels on a implanté des consciences humaines, celles d’enfants ayant de graves maladies donc sur le point de mourir). Ainsi, le premier prototype, baptisé Wendy, marque une nouvelle ère dans la course à l'immortalité. Après le crash du vaisseau spatial de Weyland-Yutani sur Prodigy City, Wendy et les autres hybrides rencontrent des formes de vie mystérieuses, plus terrifiantes que quiconque aurait pu imaginer.
Alien: Earth montre toute l’étendue du travail de Noah Hawley ayant déjà réalisé et coscénarisé la série culte Legion. Ainsi, après avoir montré qu’il était fan des X-Men, Hawley nous témoigne ici qu'il adore également "Alien" et va plus loin encore que l’univers que nous connaissions, en nous offrant de nombreuses surprises et autres éléments inédits à la saga. Si on lit le résumé ci-avant, on voit bien que c'est très riche d'un point de vue thématiques, bestiaire et personnages en tous genres et ce, pour notre plus grand plaisir !
Ainsi, la direction artistique est dans la continuité du film de 1979 et est extrêmement bien réussie, de même que les effets spéciaux et autres animatroniques renforcent la crédibilité de l’ensemble. C’est bien simple, par moments, on se serait cru dans les coursives et à bord de l'USCSS Nostromo comme il y a 45 ans avec tout ce qu’il faut de tension entre humains mais pas que ! On pense de fait au formidable épisode 5, qui nous dévoile ce qu’il s'est passé avant le crash du UCSS Maginot, vaisseau appartenant au groupe Weyland-Yutani mais échoué sur Prodigy City, dirigé par le mégalomane, mais génial Boy Kavalier. Les deux corporations vont vouloir avoir le contrôle de cet engin à tout prix car il contient des espèces très rares mais ô combien hostiles !
Que dire alors de ces créatures ? Qu’elles sont légion et plus atroces et fascinantes les unes que les autres, car en plus des œufs peu ragoutants, du Xénomorphe habituel et des Facehuggers dont le but est d’implanter des Chestsbursters, on aura : le D. Plumbicare, un genre de plante carnivore gigantesque, des Species 19, sortes de tiques ressemblant à des limaces géantes, des espèces de mouches sans nom mais hyper dangereuses car capables de bâtir un nid et à la salive extrêmement acide, et bien sûr, la plus incroyable des bestioles, le Trypanohyncha Ocellus qu’on appelle aussi « The eye », étant une petite créature constituée essentiellement d'un globe oculaire surmonté de tentacules. Cet œil est capable de se modifier pour changer le nombre de pupilles qu'il possède et peut contrôler des hôtes vivants ou morts ! Il faut la voir prendre possession d’un mouton, séquence redoutable !
Parallèlement à cette faune, coexistent de nouveaux hybrides : des robots adultes dans lesquels on a greffé un cerveau d’enfant n’ayant pas plus de douze ans ! Ils sont tous également intéressants et les acteurs les interprétant jouent très bien car ils doivent avoir les mêmes mimiques et tics de langage que des gosses de 10 ans ! A ce titre, Slightly et Smee sont superbes et rappelleront à certains le duo Troy et Abed de la génialissime série Community ! Mais comment également ne pas tomber en pamoison devant Wendy, capable de communiquer avec un Xénomorphe, de maîtriser les machines à distance et de se rebeller face aux humains ? A coup sûr, Sydney Chandler, son interprète, s'impose comme la nouvelle héroïne de la franchise !
Chez les autres robotisés, on retiendra la bonne prestation de Timothy Olyphant ("Dreamcatcher", "The crazies") interprétant l’androïde Kirsh, habillé à la "Blade Runner" et coiffé comme Sting dans le "Dune" de David Lynch, qui semble jouer un double jeu, ainsi que Babou Ceesay, campant le terrible cyborg Morrow à la solde de Weyland-Yutani et prêt à tous les sacrifices pour garder et récupérer le contenu de l’UCSS Maginot.
A côté de tout cela, bien difficile finalement de trouver un humain qui vaille le coup car il faut bien dire que le personnage de Joe Hermit joué par Alex Lawther ("Ghost stories") est peu charismatique et qu’il semble perdu au beau milieu de tout ce beau monde ! Le seul à sortir du lot sera Boy Kavalier (Samuel Blenkin), cabotinant à mort dans le rôle de l’enfant prodige milliardaire (il faut le voir pieds nus faces aux avocats et à la terrible héritière Yutani, un régal !) se voyant un peu comme « Peter Pan » avec sa création, les synthétiques, leur donnant d’ailleurs à chacun le nom d’un des protagonistes du roman de J.M. Barrie et qui les accueille dans son antre qu’il appelle « Neverland », ce qui est pas mal trouvé et prouve que chez Disney, on sait faire preuve d’autodérision !
Pour la première fois dans la saga, la série se focalise plus sur les rapports entre humains, androïdes et synthétiques, plutôt que sur les xénomorphes. Comme Noah Hawley l'a dit, la série met en avant l'humanité et les liens avec la machine. Il va même plus loin en posant des métaphores sur la course à l'industrie des grandes multinationales et la transition cérébrale, qui peut se rapprocher de notre actualité avec la forte avancée des intelligences artificielles...
Malgré un ou deux épisodes de transition et un Alex Lawter ne semblant pas à sa place, cette série coproduite par Ridley Scott axée sur l’univers d’Alien et censée se dérouler deux ans avant le premier métrage de la franchise, renoue justement avec l’ambiance de ce dernier. Parfois oppressante, nantie de personnages secondaires hyper intéressants (l’androïde Kirsh joué par le formidable Timothy Olyphant ou encore l’enfant prodige Boy Cavalier), d’une protagoniste principale bien badass et belle comme il faut (remarquable Sydney Chandler dans le rôle de Wendy) et d’un bestiaire parfois plus creepy que le terrifiant Xénomorphe, cette saison 1 envoie du lourd ! Et on a vraiment hâte de visionner la suite une fois qu’on a vu la fin !