Créature de Kyŏngsŏng - la (saison 1)
Gyeongseongkeuricheo
Gyeongseong Creature
Dans le sombre Séoul colonial de 1945, un entrepreneur et une enquêtrice luttent pour leur survie et affrontent un monstre engendré par la cupidité humaine.
L'Avis :
De l'horreur, du drame, de l'Histoire, du thriller, de la romance, de l'enquête, de l'action, des monstres et des savants fous : La Créature de Kongsong, disponible sur Netflix, est un sacré mélange des genres. Pourtant, de prime abord, le synopsis est assez classique : un hôpital militaire, des expériences, une créature qui devient incontrôlable. L'univers de la série B regorge de ce type de récit, qui a généralement l'immense mérite d'aller droit au but. Ce ne sera pas vraiment le cas ici, la série choisissant de prendre son temps, d'étirer ses intrigues, afin de tenir sur plus de 10 heures.
Kyongsong (l'ancien nom de Séoul), 1945. La ville est encore occupée par les Japonais, qui sentent peu à peu le vent de la défaite souffler. Les persécutions du peuple coréen se multiplient, les disparitions également. C'est dans ce contexte que Jang Tae-sang (interprété par Park Seo-joon, aperçu notamment dans Parasite ou dans The Marvels), le propriétaire de la Maison des Trésors, riche prêteur sur gage et meilleur informateur de la ville, va se retrouver à enquêter sur la disparition de la maîtresse d'un commissaire local, et devra pour cela s'allier à Yoon Chae-ok (le mannequin Han So-hee), détective réputée. Leurs recherches vont les mener au sein d'un hôpital militaire, théâtre des expérimentations d'une unité rappelant la tristement célèbre Unité 731.
Il faut avouer que la série met rapidement en place ses différentes thématiques et ses principaux enjeux : on connaîtra très rapidement la nature de l'expérience menée par les Japonais, les rapports entre personnages seront vite assez clairs, et on devinera assez vite la plupart des tenants et aboutissants des différentes intrigues. En dehors du cadre historique, il n'y aura d'ailleurs pas grand chose d'original dans tout cela. Résultat, on va très vite tourner en rond, revivre les mêmes séquences, et attendre que la série se remette enfin à bouger après un gros passage à vide à mi-saison.
Car si l'aspect horrifique est plutôt prenant, tout ce qui l'entoure est clairement en dessous, et peine à passionner. L'inévitable romance est assez irritante, l'enquête n'a pas grand chose à révéler, les protagonistes apparaissent et disparaissent sans grande cohérence, les flashbacks sans grand intérêt se multiplient, et on se retrouve avec des épisodes de remplissage où les héros s'échappent de l'hôpital ou faussent compagnie à leurs gardiens, pour se refaire capturer quelques minutes plus tard, puis s'évader de nouveau, et ainsi de suite. On pourra également s'amuser de l'incompétence crasse des antagonistes japonais (production coréenne oblige), et des capacités des héros coréens, presque surhumains et invulnérables.
C'est d'autant plus dommage que, comme je le disais plus haut, l'aspect "monstre" est plutôt réussi. La créature est plutôt belle, et bénéficie généralement d'effets spéciaux assez réussis. Elle fait surtout preuve d'une cruauté et d'une violence assez impressionnantes, donnant lieu à quelques séquences mémorables lorsqu'elle décime les soldats japonais ou qu'elle empoisonne les prisonniers coréens. Le monstre devient ainsi rapidement le principal intérêt de la série... et ça tombe bien, car on le verra relativement souvent.
On restera donc un peu sur notre faim avec cette Créature de Kyongsong, qui tourne régulièrement en rond en raison de thématiques trop nombreuses et d'une durée beaucoup trop importante. Si on peinera à s'impliquer en permanence dans l'aventure de deux héros souvent lisses, on appréciera la noirceur du contexte et les échos historiques relatifs à la persécution des coréens par les japonais, et notamment des expérimentations "médicales". Une saison 2 est déjà annoncée, semblant avoir pour cadre le Séoul contemporain.