Deep house - the
Deep house - the
Un jeune couple américain spécialisé dans l'urbex (visite de lieux abandonnés par l'homme) décide d’aller explorer une maison qui a été ensevelie sous un lac artificiel. Mais celle-ci semble se refermer sur eux et le couple se retrouve prisonnier de cet endroit chargé des plus sombres histoires...
L'AVIS :
Si le cinéma fantastique made in France a bien du mal à s'installer dans la durée et dans la qualité (il ne faut pas se le cacher), le duo Bustillo & Maury formé depuis "A l'intérieur" (2007) fait partie de ces noms qui ont réussi à se créer une réputation. A l'instar d' Alexandre Aja ("La Colline a des yeux 2006", "Mirrors", "Piranha 3D"), Xavier Gens ("The Divide", "Cold Skin"), Pascal Laugier ("Martyrs", "Ghostland"), Christopher Gans ("Le Pacte des loups", "Silent Hill"), ils ont leurs aficionados et leurs détracteurs. Partis tenter l'aventure américaine, le duo Bustillo & Maury était attendu un temps sur une nouvelle version d'Hellraiser avant que nous ne les retrouvions sur "Leatherface" (2017), le dernier opus en date de la saga Massacre à la tronçonneuse. Un épisode de la saga plutôt étonnant qui prend des airs de road movie et qui malgré les démêlés avec les producteurs conserve de très beaux restes dans la version qui nous est connue.
Peux être lassés de gâcher leurs énergies sur des des remakes et autres reboots, ils sont de retour avec un projet alléchant qui promet de renouer avec les terreurs lovecrafiennes. Tout en restant un film classique, l'usage de caméras portées par nos deux protagonistes afin de relater leurs aventures sur leur site internet, nous immerge de manière forte à la manière d'un bon found footage. Cela permet de resserrer le cadre de l'action et de maîtriser ce que le regard du spectateur va voir. Très utilisée dans les moments de panique, cette technique renforce l'angoisse et la peur du spectateur.
Il y a peu de protagonistes dans ce huit clos sous l’eau: trois au total. En plus de Tina (Camilla Rowe) et Ben (James Jagger) on trouve un certain Pierre qui est celui qui leur permettra de connaître le nouveau lieu de leur enquête sous-marine. En resserrant l'intrigue à son sujet principal, les réalisateurs vont droit à l'essentiel, évitant ainsi toutes digressions. Une fois la plongée dans le lac entamée, on descend dans les profondeurs de manière progressive, en y croisant quelques poissons, avant d'arriver dans la demeure -objet de curiosité de nos plongeurs- qui est remarquablement conservée. A côté de la maison, nos deux explorateurs, trouvent une crypte, mais finalement ils vont commencer à aller voir ce qu'il y a dans la maison. Cette dernière, bien mystérieuse, va être le lieu de la découverte des éléments sur l'histoire de la famille qui y a vécu avant qu’elle ne devienne le lieu de leur tombeau suite à la création du lac artificiel.
Fins connaisseurs de l'univers lovecraftien, dont l'influence est prégnant durant tout le long-métrage : très vite dans l'histoire , la citation la plus référentielle nous est murmurée « N'est pas mort ce qui a jamais dort. Et au long des siècles peut mourir même la mort», Bustillo & Maury, utilisent largement la suggestion et la plongée dans la folie (voir les visions auditives et visuelles de Tina). Les découvertes de chaque pièce nous tiennent en haleine, et c'est comme si nous étions nous même en plongée, retenant notre respiration avec la progression dans la bâtisse. Le suspense est omniprésent et comme souvent dans l'usage de ce genre de films en temps quasi réel, la tension reste palpable sans jamais nous lâcher.
Les décors de la maison sont oppressants sans pour autant se surcharger d’éléments inquiétants: on trouvera une tête d'animal, une grande croix, des photos. Ce saupoudrage donne une tonalité d'étrangeté avant que The Deep House ne bascule dans un ton résolument angoissant avec la découverte d'une salle comprenant des morts enchaînés. C'est vraiment par paliers que l'angoisse monte, puisque Tina et Ben, finissent par se retrouver piégés par la demeure qui semble plus vivante et habitée qu'elle n'en avait l'air.
Le retour sur le sol français est une formidable réussite pour le duo de réalisateurs qui rendent justice ici à l'univers de Lovecraft, sans adapter une de ses nouvelles. L'ambiance sous-marine contribue fortement à l'atmosphère anxiogène dans ce film aux décors délicieusement gothiques. Un véritable tour de force et made in France !