Diesel

Diesel

Dans une société futuriste agonisante, Anna, une jeune prostituée est témoin involontaire d'un meurtre au cœur de la cité souterraine. Cet assassinat a été perpétré par Roger, le frère Walter, le maquereau en chef qui, à la suite d'un procès ayant causé la mort de son frangin, envoie des mercenaires liquider la péripatéticienne. Heureusement pour elle, cette dernière est recueillie par le groupe "Liberté" composé de jeunes résistants. Ceux-ci sont toutefois vite exterminés ce qui pousse Anna à s'enfuir vers la surface polluée. Après un certain temps, elle croise la route de Diesel, un ancien baroudeur solitaire reconverti en routier qui la prend sous son aile. Avec lui, Anna s'enfuit en direction du Bled, sorte de no man's land situé autour de la ville artificielle. Mais échapperont-ils longtemps aux tueurs lancés à leurs trousses ?

DIESEL | DIESEL | 1985

Ce post-nuke à la française démarre sur la base d'un scénario des plus simplistes : une prostituée témoin du meurtre de sa meilleure amie essaie d'échapper aux mercenaires de la cité souterraine, conçue par Finch, architecte et dirigeant. Elle est recueillie par Diesel, qui, vêtu de cuir clouté au volant de son camion, la conduit dans le Bled, symbolisant le monde extérieur, pourtant contaminé par les vapeurs toxiques. Mouais, ça sent le déjà-vu tout ça mon bon monsieur, n'y a-t-il rien de plus palpitant à se mettre sous la dent ? Seriez-vous tentés de me dire.

Bien sûr que si jeunes impatients ! Tiens prenons le casting par exemple qu'est-ce qu'il vaut ? Alors là mes petits gars, attention, puisqu'on a le droit la crème des acteurs hexagonaux, jugez plutôt : dans le rôle de Diesel, on peut voir notre instit' national, j'ai nommé Gérard Klein, curieux croisement entre MacGyver et Tony Vairelles pour la formidable coupe de cheveux, ou plutôt la nuque longue (tecktonik avant l'heure ?), habillé en cuir et en chemises de bucheron. A ses côtés on retrouve, entre autres, Richard Borhinger dans le rôle du proxénète patron d'une boîte de striptease, Agnès Soral en fille de joie et au look très Mylène Farmer dans le clip "Sans contrefaçon", Niels Arestrup ("Demain les mômes", tiens un autre film d'anticipation français, mais réussi celui-là !), Xavier Deluc et Roland Blanche jouant Nelson, Drimi et Zilber, des tueurs (im)pitoyables dont le troisième est tout de même chargé d'exécuter les deux premiers une fois leur mission accomplie, Laurent Terzieff en gouvernant mégalo, Souad Amidou en manipulatrice et Magali Noël dans le rôle de Mikey, une espèce de tenancière de saloon qui fait aussi office de poste à essence.
Il est important de noter que tous ces acteurs sont également très bien coiffés ! On passe de la brosse au brushing nuque longue en un quart de secondes, tout en croisant la coupe au bol et la grosse touffe et ça, ça vaut vraiment tout son pesant de cacahuètes tant c'est risible ! Mention spéciale toutefois à Gérard Klein pour sa superbe crinière lui ornant la nuque (pratique pour l'hiver !) et à Niels Arestrup avec sa houppette de tueur, c'est le cas de le dire !

Film français de genre ne disposant pas d'un budget pharaonique contrairement aux films américains voire certains ersatz italiens post Mad Max de l'époque, Diesel se démarque de ses cousins par une démarche plus "auteurisante", esthétisante au détriment d'exploits pyrotechniques et hauts faits d'arme. Action et suspense sont donc ici remplacés par attitude "poseuse" et dialogues prétentieux. Ce métrage ambiance de fin du monde a été réalisé par Robert Kramer, un cinéaste expatrié aux Etats-Unis ordinairement reconnu car indépendant mais qui perd, ici, totalement le contrôle de son film : pitch réducteur, grotesque qui parfois se perd dans certaines incohérences, dialogues puants (il faut voir Roland Blanche parler de ses odeurs corporelles !) et performances ternes venant de la part d'un casting a priori talentueux. A ce sujet, je me rappelle avoir lu je ne sais où une interview de Barre Phillips, contrebassiste jazzy à qui l'on doit le score du métrage, qui indiquait que le casting contenait trop de stars et que Robert Kramer n'avait pas pu vraiment faire ce qu'il voulait. Ah, c'est donc pour ça que le film est raté, d'accord, j'ai tout compris…

En clair, dans les années 80, quand les français s'essayaient à ce genre de films, le résultat devenait souvent un désastre et celui-ci ne fait malheureusement pas exception. Rappelez-vous de "Terminus", autre fleuron post-apocalyptique français avec Johnny Hallyday ! D'ailleurs, aussi bien dans le navet avec notre idole nationale de la chanson à texte que dans le "chef-d'œuvre" objet de notre critique, le camion est utilisé comme l'ultime moyen de survie. Tiens, ça ne sent pas le déjà vu ça, ça n'aurait pas un sous-air de Mad Max 2 des fois ?

Pour ce qui est des ornements, on a le droit aux décors futuristes traditionnels propres aux films dits d'anticipation : le sable, la carrière et les dunes qui vont avec, des arrière-plans à base d'écrans vidéo et de tuyaux pseudo avant-gardistes, des véhicules motorisés customisés à mort et ornés de superbes décalcomanies pour faire plus hi-tech, et des costumes de rigueur faits soit avec du papier aluminium (cf. les vêtements de Xavier Deluc, apprenti du tueur confirmé qu'est Niels Arestrup), soit conçus comme des robes de haute couture immettables élaborées à partir d'éléments hétéroclites (voir notamment l'accoutrement de Souad Amidou).

En guise de conclusion, je dirais que Diesel rate sa cible et que son esprit bande-dessinée ainsi qu'une assez bonne distribution ne rattrapent pas le coup. On n'y croit pas deux secondes autant à cause de l'histoire d'une banalité affligeante qu'à cause de la déco hyper cheap. Que dire alors de la stupidité de certains dialogues et du manque de conviction de quelques acteurs venus se perdre dans ce véritable marasme aux allures de série Z abyssale !? Pas grand-chose à part que l'on est bien loin de Mad Max 2 vers lequel Diesel lorgne pourtant pas mal et qui lui, au moins, rendait crédible la vision d'un univers futuriste ! Reste à voir les brushings hallucinants de la majorité des protagonistes et surtout le look de punk du pauvre arboré par Gérard "l'instit'" Klein qui vous feront bien glousser. A éviter donc, sauf si vous êtes fans de moumoutes et autres fantaisies capillaires !

DIESEL | DIESEL | 1985
DIESEL | DIESEL | 1985
DIESEL | DIESEL | 1985
Note
1
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Vincent Duménil