Celluloid nightmares
Muzan-e: av gyaru satsujin bideo wa sonzai shita!
Une journaliste est impliquée dans le milieu des snuff movies et fonce droit dans le monde obscur pour tenter de retrouver des VHS au marché noir, participer à un "tournage" d'un vrai snuff movie et interviewer les malfaiteurs/acteurs de ce genre de films. Son enquête prendra un tout autre chemin quand elle se retrouvera elle-même en scène en tant qu'actrice...
Daisuke Yamanouchi est un réalisateur connu pour la réalisation de ses films déviants minimalistes plus ou moins ennuyants ("Girl Hell", "Dead a Go! Go!", "Kyoko VS Yuki", "Bood Sister" ou encore ses plus connus "Red Room" 1 & 2). Ayant l'habitude d'utiliser l'ambiance à la japonaise dans ses films comme pour s'inspirer des mangas hentais ou déviants, le réalisateur s'est tout d'abord attaqué à la simulation du snuff movie en 1999 sous la forme d'un pseudo-documentaire proche du très bon "The Poughkeepsie Tapes".
Le terme "Muzan-E" est avant tout l'appellation d'un type de gravure sur bois représentant des images de sadisme et de cruauté perverses. Le titre du film révèle en réalité le type de violence auquel le public aura affaire : la violence sexuelle sanglante.
A l'époque où "Le Projet Blair Witch", "The Last Broadcast" ou "C'est arrivé près de chez vous" étaient encore les seuls found footages innovants, "Muzan-E", lui, s'avère être (avec "Tumbling Doll of Flesh" & "Ostermontag") le compagnon de la trilogie "August Underground", "Ostermontag", "Snuff 102", "Long Pigs", "The Gateway Meat", "Making off". Se centrant sur l'aspect documentaire qui a pour sujet les images choquantes impropres à la TV, ce petit film extrême méconnu mérite qu'on y prête notre attention ne serait-ce que pour l'exploitation du sujet rappelant l'excellent "Tesis" d'Amenabar.
Le film développe sa structure documentaire en y insérant une musique entraînante, le floutage des visages, la modification des voix, les interviews des auteurs complices des tournages de snuff, l'omniprésence de la journaliste s'adressant directement à la caméra.
Au niveau du réalisme, "Muzan-E" est irréprochable au moins jusqu'à ce que les scènes de violence arrivent. Bien que la déviance sexuelle et le jeu d'acteur soient à peu près convenables, on notera que le sang rouge vif qui émane des vagins des actrices (y compris lors d'un retrait de tampon usagé qui finira vite-faite dans la bouche de la porteuse) fait perdre toute crédibilité aux séquences d'humiliations et de tortures. Néanmoins, ça n'empêche pas de nous faire ressentir un certain dégoût face à certaines images, en particulier la séquence de la salle de bain qui ne manquera pas de nous offrir un cunnilingus sanglant.
La présence de la journaliste témoin des tournages de ces atrocités l'emmènera au cœur du monde interdit, mais cette fois-ci en tant qu'actrice. En termes de gore, nous avons droit à quelques écoulements généreux de sang et une scène d'éventration particulièrement dérangeante. Mais le reste ne sera qu'humiliation et déviance sexuelle comme Daisuke Yamanouchi fait à chaque fois dans ses films. Proche de la violence réaliste de "The Devil's experiment", "Eat the Schoolgirl" ou "My Bloody Angel", le faux documentaire souffre toutefois de certaines longueurs et d'intensité bien que la courte durée d'une heure évite l'ennui total.
Jouant principalement la carte du réalisme, "Muzan-E" accentuera ces qualités avec des avertissements ou compte à rebours précédent des images hautement choquantes, un peu comme le fait Gaspar Noé avec "Seul Contre Tous". Et de ce côté, le résultat est satisfaisant et à la hauteur de nos attentes car on y retrouve les abominations sexuelles à la japonaise installées dans une ambiance claustrophobe et sévèrement malsaine.
La présence d'humour noir viendra assaisonner le tout sans nuire au réalisme mais livrant quelques absurdités gratuites comme cette actrice porno qui annonce à ses téléspectateurs que le tampon usagé qu'elle tient entre les mains est à gagner. Mêlant cette touche de comique et de violence graphique scandaleuse, Daisuke Yamanouchi conclut son film par un rebondissement original mais légèrement gâché par le manque de crédibilité du conflit entre l'actrice et son réalisateur.
Pour les amateurs de sexualité sanguinolente où l'Homme n'hésite pas à recouvrir son corps du sang menstruel de sa victime, "Muzan-E" est le film idéal pour jouir de certaines scènes choquantes extrêmement malsaines ou complètement folles. Mais gare aux longueurs et au manque de rythme, le dynamisme n'a jamais été le point fort de l'industrie des films sexuellement déviants pour adultes.
Nous sommes loin du gore-fest attendu vu que le gore est quasi-absent dans ce film et que les images violentes peuvent se révéler répétitives à tout moment.
Une simulation de snuff movie tordue qui rejoindra la catégorie des films extrêmes cachés dans le coin sombre du cinéma d'horreur. Bien plus divertissant et intéressant que les deux "Red Room", mais spécialement réservé à l'amateur de violence gratuite dont la perversion et l'immoralité écrasent tout autre intérêt cinématographique.