Affiche française
COLIC | COLIC : DEK HEN PEE | 2006
Affiche originale
COLIC | COLIC : DEK HEN PEE | 2006
Date de sortie
Pays
Genre
Couleur ?
oui
Musique de

Colic

Colic : dek hen pee

Depuis qu’il a six mois, le petit Teddy ne cesse de pleurer. Des pleurs qui inquiètent ses parents, Tony et Amy, qui rencontrent alors des médecins pour essayer de comprendre la cause de ces pleurs incessants depuis sa naissance. Evoquant les fameuses coliques, crampes au niveau de l’abdomen touchant un nourrisson sur quatre, les médecins ne cherchent alors pas plus loin le pourquoi du comment des pleurs à répétition du petit Teddy.
Mais depuis quelques temps, des phénomènes étranges apparaissent au sein de leur nouveau domicile dans lequel Tony et Amy sont venus s’installer peu de temps avant la naissance de leur enfant. Des phénomènes qui surviennent approximativement dans les périodes où Teddy pleure...

COLIC | COLIC : DEK HEN PEE | 2006

Quand on y regarde de plus près, le cinéma fantastique thaïlandais n’est pas ce qu’il y a de plus courant. En effet, si on écarte les réalisations des frères Pang (Oxide Pang Chun et Danny Pang Fat) qui aiment, malgré leurs origines hong-kongaises, se diriger vers la Thaïlande pour tourner leurs films ("bangkok dangerous", "the eye" ou encore "re cycle"), il ne reste plus grand chose sur le marché. Passés des "ghost game" et autre "sick nurses" qui ne resteront pas dans les mémoires de tous, nous pouvons toutefois citer le très bon "shutter" ou encore le sympathique "13 jeux de mort".

Alors, quand je fais la découverte d’un film fantastique thaïlandais, je ne peux m’empêcher d’aller voir d’un peu plus près ce qui s’y cache, à la recherche de perles rares provenant de ce si beau pays. Alors en plus quand ce dernier s’intitule "colic", je ne peux résister à l’envie d’enfourner le dvd dans mon lecteur, intrigué par ce titre qui me rappelle bien des souvenirs de jeune père !

Sorte de drame familial surnaturel mêlant film de maison hantée et classique ghost story, le premier film de Patchanon Thammajira touche également aux croyances religieuses et autres rituels de son pays d’origine en abordant le thème de la réincarnation (tout en nous promenant dans un temple le temps de consulter un moine censé éclairer nos deux jeunes parents refusant de croire les médecins qui les entourent).

"Colic" possède indéniablement des atouts narratifs évidents résidant sur le fait de nous donner une explication teintée de paranormal quant aux coliques du nourrisson. En effet, alors que les coliques (caractérisées par des cris/pleurs d’enfants) se traduisent scientifiquement par des crampes au niveau de l’abdomen liées à la formation des viscères, Patchanon Thammajira nous interpelle sur le fait que rien n’est sûr à 100% à ce niveau-là et que des interrogations peuvent très bien subsister (un bébé ne peut exactement dire où il a mal... Comment les hommes de médecine peuvent-ils être aussi sûrs de ce qui provoque ces pleurs à répétition ? Est-ce réellement/uniquement au niveau de l’abdomen que tout s’explique ? Est-ce bien un mal physique qui touche bébé ou n’a-t-il tout simplement pas peur de quelque chose ?...). Et c’est en partant de ce constat que notre réalisateur en herbe essaye de donner une explication autre (non scientifique mais plus axée sur les rites thaïlandais) à ces pleurs infantiles qui pourraient très bien trouver leur origine commune dans des phénomènes surnaturels tels que celui de la réincarnation, si chère aux thaïlandais.

"Chat naa" : deux mots thaïlandais que l’on peut traduire littéralement par "la prochaine vie". D’ailleurs, une petite expression de tous les jours s’entend couramment là-bas : "Tu n'y es pas arrivé cette fois mais ce n'est pas grave, tu réussiras dans une existence ultérieure". Cette théorie de la renaissance (appelée plus communément la réincarnation) reste une croyance très ancrée dans la société thaïlandaise.
Un postulat de départ qui va permettre à Patchanon Thammajira de construire le scénario de son tout premier film qui pourrait alors sortir clairement des sentiers battus et ne pas tomber dans la classique ghost story avec sa ribambelle de clichés.

Un pari à demi-réussi malheureusement...

Pour ce qui est des clichés du genre, nous sommes plutôt ravis de voir que "colic" ne tombe pas dans les facilités scénaristiques de la plupart de ses semblables et nous évite ainsi les fameuses portes qui grincent, les bruits de pas incessants sur le plancher qui craque (alors certes, on ne nous épargne pas tous les bruits non plus hein... Gardons un peu de ce qui fait l’ambiance glauque propre à ce type de réalisation) ou encore les nombreuses apparitions type jumpscares de fantômes et autres vacarmes perpétrés par des esprits frappeurs.

Mais difficile à dire s’il s’agit justement de ce manque de scènes choc ou bien de cette ambiance pas suffisamment retranscrite devant la caméra (ou bien les deux), mais force est de constater que l’on s’ennuie énormément devant "colic"...
Long, très long, le film de Patchanon Thammajira peine terriblement à tenir le spectateur en haleine et seules les vingt dernières minutes du long-métrage viendront donner un coup de peps à cette production (qui flirtera alors presque dangereusement avec la saga des « destination finale », heureusement sans grande conséquence négative).
La lenteur du scénario pendant plus d’une heure et ces cris de bébés incessants font que nous décrochons progressivement, l’attention diminuant petit à petit devant ce manque de tonus, ce manque d’atmosphère frissonnante...

Les moments de réelle tension sont aux abonnés absents (pas le moindre frisson, la faute notamment à des séquences trop prévisibles ou encore parfois atténuées par des musiques inappropriées) et, malgré des décors sombres, une ambiance glauque souhaitée et deux-trois scènes choc (une main passée au mixeur, un pistolet à clous qui devient fou et une machine à coudre qui va percer la main de notre héroïne), "colic" ne réussit pas à faire monter le trouillomètre, sauf peut-être le temps de quelques minutes en toute fin de récit.

Et bien que nous ayons ici une idée de départ originale (les pleurs d’un enfant que l’on peine à expliquer en dehors des coliques et cette impuissance de l’enfant, pas encore doté de la parole, qui ne peut expliquer ce qui se passe), l’intrigue n’est malheureusement pas suffisamment développée et nous suivons avec une déception certaine la petite vie presque routinière d’une famille (les rendez-vous médicaux, les départs précipités du papa au travail, la grand-mère qui donne des coups de main...) sans grande péripétie pendant près d’une heure jusqu’à ce final qui tombe soudainement et dévoile tout son contenu en quelques secondes à peine (au lieu de nous donner des petits indices au fur et à mesure du récit pour construire son intrigue, nous avons droit à une narration totalement déséquilibrée/hétérogène qui balance toute la vérité sur cette histoire paranormale en toute fin de long-métrage, ce qui donne l’impression d’un travail bâclé et rapidement bouclé).

Et comme si cela ne suffisait pas, à cela s’ajoutent des problèmes techniques désolants : une image granuleuse, une utilisation abusive et inadéquate des ralentis (donnant un côté fauché au film), des cadrages approximatifs qui plombent les scènes censées être angoissantes (des hors-champs et des zooms désastreux ponctuent le film) sans oublier une caméra parkinsonnienne dans les premières minutes de film... Cela commence à faire beaucoup direz-vous...

Au final, nous ne pouvons qu’être déçus du résultat final de ce "colic". Une si bonne idée de départ perdue dans un film si pompeux et réalisé avec tant d’approximations techniques ne peut que décevoir le spectateur pensant avoir trouvé là le nouveau film de frayeur thaïlandais, deux ans après le très bon "shutter" de Parkpoom Wongpoom et Banjong Pisanthanakun. Ce ne sera pas pour cette fois, dommage...

COLIC | COLIC : DEK HEN PEE | 2006
COLIC | COLIC : DEK HEN PEE | 2006
COLIC | COLIC : DEK HEN PEE | 2006
Note
2
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David Maurice