Affiche française
CONQUEST | LA CONQUISTA | 1983
Affiche originale
CONQUEST | LA CONQUISTA | 1983
Un film de
Date de sortie
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oui
Musique de

Conquest

La conquista

Il y a très longtemps, sur un territoire inconnu mais ô combien magique et mystérieux, le très chevelu Ilias rencontre un groupe de vieux sages et se voit conférer un surpuissant arc magique ("l'Arc flamboyant") capable d'envoyer des flèches de laser. Afin d'avoir assez de maturité pour pouvoir être capable de manier une telle arme, il part en quête et tombe sur des créatures à la solde d'Ocron, une sorcière masquée aimant beaucoup les serpents et se baladant les seins à l'air pendant plus de la moitié du film ( !). Considérée comme une prêtresse, celle-ci a manipulé la population environnante en lui faisant croire qu'elle pouvait contrôler le soleil. Heureusement, Ilias rencontre Mace, un mercenaire qui parle aux dauphins ( !) et qui l'aidera dans sa bataille contre la tyrannique sorcière au masque d'or. Mais arrivera-t-il à ses fins ? D'ailleurs, sait-il vraiment ce qu'il veut ? Parce que nous franchement…

CONQUEST | LA CONQUISTA | 1983

Je sais, ce pitch peut paraître confus, mais vous verriez le film et surtout liriez le résumé au verso de ma VHS, vous seriez ébahis, tellement on a du mal à comprendre ! J'ai donc essayé d'être le plus synthétique et compréhensible possible. Voyez donc ce qu'il ne faut pas que l'on fasse nous autres, rédacteurs d'horreur.com ! Bon trêve de galéjade, passons à la critique de ce chef d'œuvre (sic).

Quand il n'était pas occupé à filmer plein écran des artères explosant en geysers d'hémoglobine ou bien des yeux en train de se faire crever, Lucio Fulci, papa de "L'au-delà", "L'enfer des zombies" ou encore "Frayeurs", nous concoctait soit du film de gangsters ("La guerre des gangs"), soit du film d'anticipation ("2072 : Les mercenaires du futur"), soit du film d'aventures ("Croc blanc"), soit du western ("4 de l'Apocalypse") soit de l'héroïc fantasy comme Conquest ; bref, c'était un véritable touche à tout. Et c'est avec ce dernier film cité que Lucio nous a mijoté-là un véritable conglomérat de n'importe quoi ! Surfant apparemment sur la vague de succès engendrée par "Conan le barbare" et ses avatars ("Yor" ou encore "La guerre du fer", pour ne citer que les plus célèbres), le réalisateur transalpin nous balance ici un film de messieurs en sandales avec des grosses armes tranchantes et un arc magique qui affrontent une multitude de monstres tous aussi patibulaires les uns que les autres, le tout agrémenté d'anachronismes hallucinants, d'un scénario inexistant et d'un jeu d'acteur à faire se retourner dans sa tombe ce pauvre Jean Lefébvre, ce qui en fait un fourre-tout mi Hi-Tech, mi préhistorique hyper décalé mais très amusant.

Cependant, ce n'est pas fini, puisque dans ce film on a ça et là : un peu de gore (à la Fulci style quoi !), un rythme assez mou du genou (ne le regardez surtout pas si vous êtes fatigué !), de la nudité (les nibards à l'air de la pythie), des effets spéciaux de mauvaise qualité (l'arc magique pour ne citer que le plus flagrant), des costumes cheap (les hommes- taupes et hommes-foetus dont le nom ne s'invente pas, faits en papier mâché de mauvais goût) et touffus (les sbires de la sorcière, ersatz ratés de Chewbacca !), des twists scénaristiques bancals (la fin est complètement abracadabrantesque pour reprendre les dires de notre ex président), une photographie des plus troubles (j'avoue qu'avant ce film, je n'avais jamais essayé de mettre des lentilles avec de la graisse dessus, maintenant, grâce à Lucio, je sais ce que ça fait !Cela dit, c'était peut-être volontaire afin de rendre le film encore plus mystique ou bien Fulci a pris le parti de filmer d'une façon psychédélique comme ses contemporains des eighties, qui sait ?). De plus, les fans ultimes d'Argento auront sans doute reconnu le score de Claudio Simonetti, leader du légendaire groupe Goblin. Toutefois, les hymnes funèbres qu'il a composés pour l'occasion ne resteront pas dans les annales des meilleures musiques électroniques de films tant ils ne sont pas captivants et novateurs pour deux sous. En résumé, on a là tous les ingrédients d'une série B au ras des pâquerettes.

Les partisans de Lucio Fulci pourraient alors se demander pourquoi le Maestro est venu se perdre dans cette série à la limite du Z puisque son esthétique, pourtant sa marque de fabrique patentée, semble absente de cette pellicule crasseuse. Et ils auraient alors bien raison, les bougres ! Toutefois, le panel de personnages est tellement vaste, iconoclaste et parfois ahurissant que le film vaut quand même le coup d'œil puisque vous n'avez jamais vu ça auparavant et vous ne reverrez probablement jamais ça dans un futur proche ! Jugez plutôt : on rencontre par-ci par-là notre jeune héros à la coiffure de Beatles qui a autant de charisme qu'une huître, accompagné du viril Mace (interprété par le puissant Jorge Rivero qui joue vraiment trop bien, non je plaisante !) combattant tous deux la méchante sorcière masquée portant un string et qui est à la tête d'hommes-loups hirsutes, d'hommes-taupes et hommes-foetus hideux (monstres ressemblant plutôt à des monceaux de je ne sais quoi capables de se mouvoir), de vikings masqués eux aussi (mais avec du fer et non de l'or comme la sorcière, faut pas pousser mémé dans les orties non plus !) et de morts-vivants (tiens, ça me rappelle quelque chose…). Mais ce n'est pas tout puisque la prêtresse a à sa botte un amant en armure de pierre et que des vieux sages et des filles des cavernes viennent également apporter leur contribution à ce casting de personnages hauts en couleur déjà bien fourni.

Autre fait d'arme de la part de cette production à la triple nationalité : le scénario plus qu'incohérent est très libre voire onirique et c'est là qu'on reconnaît la patte de Fulci qui s'est montré très généreux malgré un budget qu'on imagine des plus faibles.

Tous ces éléments font de ce film une étrangeté, une sorte d'union de genres mâtinée de coups de théâtre proprement surprenants tellement on ne les voit pas venir. Et que dire de cette fin complètement surréaliste !? Je ne peux pas en parler plus afin de ne pas trop en dévoiler mais ça m'a carrément scotché sur mon canapé tant c'est sidérant, pour ne pas dire édifiant !

Le cinéaste italien s'est donc permis, ici, une parenthèse récréative très mal ficelée à tous niveaux (script, jeu d'acteur, costumes, photographie, musique, j'en passe et des meilleurs) mais qui peut plaire à certains, notamment les amateurs de nanars et surtout faire beaucoup rire les autres. Je mets donc la moyenne car j'ai bien ri devant les costumes des protagonistes et l'incongruité de l'histoire (une histoire ? Quelle histoire ? Ah oui, la quête spirituelle d'un ado pré pubère qui se cherche un but dans la vie et pense pouvoir sauver les opprimés du joug d'une méchante femme à l'aide d'un colosse de pacotille et d'un arc sacrément magique ! ). Pour conclure, je dirai donc qu'il faut quand même le voir ne serait-ce pour le twist final, comme ça vous pourrez me l'expliquer…

CONQUEST | LA CONQUISTA | 1983
CONQUEST | LA CONQUISTA | 1983
CONQUEST | LA CONQUISTA | 1983
Note
2
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Vincent Duménil