Criminally insane
Crazy fat ethel
Après nous avoir servi l'infecte bouillie qu'est "Satan's Black Wedding", Nick Millard (qui signe ses films d'horreur du nom de Nick Phillips), récidive avec un sujet un peu plus frais.
Ethel est obèse. Mais pas de ces gentils Américains qu'on voit peupler les films hollywoodiens, non ; elle, est vile.
Manger représente pour elle une nécessité impérieuse contre laquelle rien ni personne ne pourra s'élever. Sa mère a tenté de la faire soigner en la faisant interner dans un hôpital psychiatrique.
Les électrochocs n'ont pourtant pas eu raison de son vice, car à peine libérée, son obsession s'empare d'elle à nouveau. Sa mère qui s'interpose entre Ethel et le placard à gâteaux en fera les frais.
Si "Satan's Black Wedding" et ses vampires overdosés à la naphtaline prêtaient largement à rire, ou plutôt à pleurer, Nick Millard prouve qu'il n'est pas un bon à rien en signant au travers de "Criminally Insane", un thriller fort sympathique et un brin original.
En effet le tueur (en l'occurrence la tueuse) n'a ici rien de l'archétype du méchant. D'abord c'est une femme, et dans le milieu misogyne qu'est le cinéma sanglant, voilà qui est peu habituel.
De plus, et c'est encore plus rare, elle est affreusement enlaidie. Loin de la belle blonde svelte dont le crâne a pour seule utilité d'amortir les coups de hache, Ethel est assez répugnante.
Cependant le film de Nick Millard ne repose pas que sur un personnage atypique.
L'ambiance elle-même est tout à fait étrange : à l'instar de son personnage, le réalisateur a rendu une ambiance calme, lancinante, entrecoupée très régulièrement de crises d'hystérie.
Ethel tue pour pouvoir se sustenter, mais une fois repue, elle semble parfaitement apaisée.
Le film n'en est pas lent pour autant. Considérant sa courte durée (une heure), ce serait un comble.
La médaille a bien sûr un revers, "Crazy Fat Ethel" est, au final, un peu trop simpliste.
Le schéma du film se résume ainsi :
Elle sort de l'hôpital, tue sa mère
- mange –
tue les autres occupants de la maison
- mange –
tue le livreur
- mange...
Et ainsi de suite.
Bien sûr, un policier tentera de tirer au clair les disparitions qui se font de plus en plus nombreuses dans le quartier, mais son enquête n'apporte rien au film. De toute façon, ce n'est pas là l'intérêt de "Criminally Insane".
Au final, le spectateur sera sympathiquement diverti pendant 60 minutes par un film sans aucune prétention, mais qui s'avère agréable.
Certes, l'œuvre se fait vieille, et l'image est sale, mais ces petits désagréments donnent en fait un certain cachet au métrage. Il en va de même pour les effets spéciaux assez sommaires : utilisation du filtre "négatif" pour que le spectateur ne s'aperçoive pas que Ethel rue de coups un mannequin en plastique.
* Le film est disponible sur un DVD triple programme édité par EI Independent Cinema (www.eicinema.com), comprenant "criminally insane 2" et "Satan's black wedding".