L'AVIS :

Le croque-mitaine est le troisième long-métrage mais la première grosse production pour le jeune réalisateur Rob Savage après deux essais en found footage au budget restreint : l'opportuniste et peu convaincant "Host" et le plus abouti mais contesté "Dashcam". Pour sa nouvelle réalisation, nous avons ici le droit à une énième adaptation d'une nouvelle du maître de l'horreur Stephen King, parue dans le recueil "Danse macabre" à la fin des années 70. Ainsi, Savage s’attaque ici à un mythe ancestral, celui de la peur du noir avec un monstre tapi dans l’ombre aux aguets de la moindre de nos faiblesses ! Si nombre de réalisateurs se sont cassés les dents quant à leur(s) adaptation(s) du sieur King y compris lui-même ("Maximum overdrive", "Dreamcatcher, l’attrape-rêves", "Carrie, la vengeance"), d’autres se sont cassés les leurs sur celui du croquemitaine terrorisant les enfants, la nuit. On pense notamment au pas terrible "Dans le noir" et au très surestimé "Mama" !

Dans Le croque-mitaine, si l’intrigue générale est somme toute assez classique avec un monstre qui adore terrifier ses futures victimes, ainsi que la confrontation de ceux qui croient au monstre du placard et ceux qui n’y croient pas (souvent enfants contre adultes, quoique…), la réalisation est tout de même relativement efficace, notamment quand la nuit approche et que l’on est plongé dans l’obscurité. Alors, l’angoisse se fait omniprésente, et comme les filles Harper, on reste constamment sur nos gardes, surveillant chaque recoin dans l’attente que le danger frappe à n’importe quel instant ! En cela, l’ambiance est une vraie réussite. Et même si Rob Savage ne réinvente clairement pas le genre, car on retrouve certains protagonistes, des codes et autres jumpscares typiques à ce genre de film, ils sont bien utilisés et relativement maîtrisés, pour que ça reste le plus agréable possible. Savage parvient, de plus, à jouer, malgré une pénombre très prenante, avec la lumière, pour que l’action soit tout de même le plus lisible possible, maîtrisant notamment les reflets pour mieux nous surprendre. Visuellement, c’est donc un beau succès, et même la créature, qui si elle ne paraît pas originale de prime abord car pouvant en rappeler d’autres vues auparavant, elle arrive quand même à se montrer effrayante par ses apparitions parcimonieuses.

En outre, côté casting, on ne peut que se sentir satisfait des deux actrices campant les filles Harper. L’aînée, jouée par Sophie Thatcher (vue dans l’excellente série Yellowjackets) ainsi que sa cadette, campée par Vivien Lyra Blair (interprétant également la jeune princesse Leia dans la série Star Wars : Obi-Wan Kenobi) sont attachantes au possible et criantes de réalisme ! Et on n’est certainement pas prêt d’oublier de sitôt les scènes de la seconde aux prises avec le croquemitaine dans sa chambre car elles font bien frissonner !

Malheureusement, le point faible de ce film, c’est son scénario qui n’a rien de très surprenant et utilise quelques facilités car on sait à peu près où il veut nous mener ! Si la première partie est bien rythmée et savamment dosée et que l’horreur est plus suggérée que montrée, la seconde est moins originale car on y verra plus la créature et le dénouement est par trop classique. On aurait ainsi peut-être apprécié davantage que la noirceur du début du métrage soit conservée jusqu’au bout, avec une fin plus désespérée et moins consensuelle…

Si ce film d’horreur ne renouvelle pas le genre puisque clichés et jump scares sont de mise une fois encore, il remplit relativement bien sa mission, à savoir faire peur et jouer avec nos nerfs ! Les acteurs, notamment les actrices, jouent très bien et le deuil qui les traverse est très bien utilisé à l’écran pour que le croque-mitaine exploite davantage la faiblesse de cette famille encore fragilisée. Après le très sympa "Dashcam", Rob Savage prouve ainsi qu’il est un réalisateur de genre à surveiller de près !