Dahmer - Monstre : L’histoire de Jeffrey Dahmer
Dahmer - Monster : The Jeffrey Dahmer story
Né le 21 Mai 1960 à Milwaukee dans le Wisconsin, Jeffrey Dahmer est un serial killer dont la série "Dahmer - Monstre : L’histoire de Jeffrey Dahmer" est sortie sur NetFlix, racontant en 10 épisodes de 45 à 65 minutes chacun l’histoire de ce tueur en série pas comme les autres.
L'AVIS:
"La vie secrète de Jeffrey Dahmer" (1993), "Dahmer le cannibale" (2002), "Mon ami Dahmer" (2017)… Plusieurs réalisateurs se sont déjà intéressés à celui que l’on appelait « Le Cannibale de Milwaukee » et qui a fait 17 victimes dans les années 70-80-90. Avec des Ted Bundy, John Wayne Gacy, Henry Lee Lucas et autres Albert Fish et Dennis Rader (alias « B.T.K. Killer »), Jeffrey Dahmer fait partie des tueurs en série américains les plus sinistrement connus. Cannibalisme, viols, nécrophilie, démembrements et autres sauvageries lui ont été attribués et lui valurent l’emprisonnement à perpétuité. Ce dernier est mort en 1994, assassiné par un détenu dans une prison du Wisconsin où il purgeait sa peine.
C’est le 21 Septembre 2022 que sort sur la plateforme américaine Netflix une mini-série sur le tristement célèbre Jeffrey Dahmer.
Véritable phénomène médiatique, cette série va permettre de faire connaître du Grand Public en dehors des Etats-Unis ce serial killer particulièrement sombre, violent et dérangé. Car il a beau être très connu outre Atlantique, notre homme s’avère moins connu que Charles Manson ou Ted Bundy par chez nous si on ne s’intéresse pas un minimum aux tueurs en série.
Fort de ses deux acteurs phares Evan Peters (révélé par ses divers rôles dans la série télévisée "American horror story" et son personnage de Vif-Argent dans la saga "X-Men") et Richard Jenkins (vu dans "The visitor" ou encore dans la série "Six feet under"…), la série télévisée "Dahmer - Monstre : L’histoire de Jeffrey Dahmer" est une nouvelle création de Ryan Murphy (à qui l’on doit de nombreuses séries comme "Nip/Tuck", "Glee", "American horror story" ou encore "The watcher") qui a fait un véritable carton.
Dépassant "Squid game" et "Stranger things" en heures de visionnage, la série sur notre serial killer est venue rapidement se hisser à la deuxième place des séries anglophones les plus regardées de tous les temps sur Netflix. Un succès que nous ne pouvions ignorer à horreur.com assurément.
Comme bon nombre de séries biographiques, tout ne peut être raconté et certains passages font l’objet d’ellipses tandis que d’autres sont justes mentionnés sans être filmés. Beaucoup ayant lu en large et en travers des biographies de notre serial killer feront les malins en énumérant les divers passages de sa vie non racontés ou encore quelques éléments morbides non présentés à la caméra mais qu’importe : "Dahmer - Monstre : L’histoire de Jeffrey Dahmer" est une série tout à fait recommandable, narrant la vie du « Cannibale de Milwaukee » avec beaucoup de justesse et certes quelques imprécisions qui ne nuisent cependant en rien à la bonne compréhension et à la parfaite lecture des dix épisodes que dure la série.
Alors oui nous avons affaire ici à un récit incomplet (je pense notamment au début de l’adolescence de Jeffrey passée en grande partie sous silence dans la série alors qu’il s’agit là d’une étape importante de sa vie durant laquelle le jeune homme de 13-14 ans interpelle par ses agissements des plus étranges, découvre son homosexualité qu’il cache à ses parents, mais durant laquelle il commence aussi à boire fréquemment de l’alcool, notamment à l’école…) et certains détails horribles ne sont pas montrés (outre le fait de ne pas nous montrer explicitement ses expérimentations à la perceuse électrique pour créer des zombies de toutes pièces en injectant de l’eau bouillante ou de l’acide dans le lobe frontal, l’appartement où résidait Jeffrey était un authentique musée des horreurs sur lequel nous narrons plus que nous ne montrons : on voit un grand tonneau et l’imagination fait le reste…).
A ce titre, malgré le succès fou de la mini-série, aucun des cinéastes ayant participé au projet n’a cherché visiblement à en faire une œuvre racoleuse. En effet, nous ne versons pas dans le gore, dans l’infâme ou le gerbant. La terreur psychologique prend le pas sur l’horreur physique : rentrer dans la tête de ce serial killer, comprendre pourquoi il fait cela et comment il en est venu à faire ces choses immorales (nous allons avoir droit à des petits flashbachs bienvenus dans le passé avec notre petit Jeffrey à 6 ans), nous importe plus que de savoir comment il a torturé et démembré ses malheureuses victimes.
Et même si les premiers épisodes se distinguent nettement par leur côté très emprunt au slasher movie, jamais la lentille de la caméra ne se retrouve recouverte d’hémoglobine. Tout réside dans la façon dont Jeffrey Dahmer procède : on nous explique le mode opératoire de notre tueur qui approche sa victime en boîte de nuit pour gays, l’interpelle, l’attire jusque chez elle puis referme son piège sur sa proie, avec plus ou moins de réussite parfois. Une première partie de série sombre, glauque et stressante dès que nous nous retrouvons enfermés dans l’appartement du cannibale.
Les épisodes suivants se concentrent plus sur les victimes. Les victimes de Jeffrey Dahmer à proprement parlées (des familles en deuil, des procès…) mais également les victimes collatérales que sont notamment les parents de notre sociopathe (nous noterons la solide et remarquable interprétation de Richard Jenkins dans le rôle d’un père bouleversé, dans l’interrogation et la culpabilité, face à la réalité des faits morbides perpétrés par son enfant devenu adulte) ou encore Glenda Cleveland (interprété par Niecy Nash) qui vivait sur le même palier que notre cannibale, une femme traumatisée qui réclame justice et porte haut la détresse et la douleur des familles des victimes.
La rencontre entre Dahmer et un bel homme sourd et muet (épisode 6) nous montrera un Jeffrey sous un autre jour. L’amour semble avoir frappé à sa porte et nous percevons alors peut-être une lueur d’espoir pour qu’il devienne un autre homme. Mais cette relation va prendre une toute autre tournure, le process de ré-humanisation de Jeffrey (si l’on peut dire ainsi) ayant rapidement avorté en raison de ce cerveau définitivement malade. Dès lors, nous comprenons que seule la Police pourra mettre un terme à ses agissements… mais encore faut-il qu’elle soit attentive aux signes et aux appels à l’aide (ce qui n’est pas gagné, à en croire les mises en garde de Glenda non écoutées et ce jeune homme drogué par Jeffrey ayant réussi à s’échapper mais que la Police a ramené carrément au domicile de son agresseur…)
Une série qui montre d’autres facettes sociétales, entre critique des Forces de l’Ordre (qui visiblement ne voient pas plus loin que le bout de leur nez) et dénonciation d’un racisme évident (on ne prend pas le temps d’écouter une femme noire qui pressent un danger).
Le dernier épisode (peut-être mon préféré) viendra conclure de bien belle manière la série ainsi que la chronologie des évènements en nous montrant comment évolue Dahmer en milieu carcéral avec les autres détenus avant de décéder en 1994, après deux ans d’incarcération. Un parallèle fort intéressant et très bien amené avec un autre serial killer prénommé John Wayne Gacy (alias « Le Clown Tueur ») est mis en scène également, bien que les deux tueurs en série ne se soient jamais rencontrés. Ce passage où notre Clown Tueur reçoit sa dose létale pendant que notre Cannibale de Milwaukee quant à lui se fait baptiser en prison par un pasteur, le tout sous une musique exquise, est remarquable.
Dans cette série, nous sommes typiquement dans la reconstitution, dans le récit d’une vie, et ce sans aucune image d’archive pour éviter l’écueil du reportage/documentaire. Cela permet une certaine immersion et on se dit alors qu’un pareil taré aurait très bien pu être notre voisin de palier (d’ailleurs le personnage de Glenda interpelle car nous nous imaginons à plusieurs reprises à sa place, elle qui était finalement très proche, géographiquement parlant, de notre cannibale et qui lui ouvrait souvent sa porte quand il était dans le couloir jusqu’au jour où il rentrera même dans son appartement) : cela fait froid dans le dos quand on y pense…
Evan Peters est vraiment effrayant tout en étant énigmatique au possible dans la peau de Jeffrey Dahmer. Une enfance compliquée (des parents en querelle perpétuelle, une mère instable car malade mentale et un père souvent absent pour le travail), la séparation brutale de ses parents se soldant par la fuite de sa mère avec son petit frère, ses premiers jobs qui seront des échecs, ses premiers meurtres, son arrestation, sa condamnation et son assassinat : la série "Dahmer - Monstre : L’histoire de Jeffrey Dahmer" revient sur les grandes étapes de la vie de ce serial killer qui continue d’intéresser les gens, 28 ans encore après sa mort. Une série qui, bien qu’un peu longuette sur son milieu il faut le reconnaitre (2-3 épisodes manquent clairement de rythme), parvient à nous entraîner dans la vie sombre de cet esprit torturé avec beaucoup de justesse par rapport à la vraie histoire de Dahmer, même si les scénaristes se sont permis soit quelques libertés soit quelques raccourcis par moments…
En tout cas, le succès de cette série met clairement en avant un intérêt évident que beaucoup portent pour les serial killers, ces êtres pourtant détestables au possible mais au final si énigmatiques et passionnants à écouter et à suivre dans leur folie meurtrière. Des personnes repoussants (car cruels et ignobles) et attirants (car énigmatiques et hors du commun) à la fois, c’est bizarre hein ? (…)
Liste des épisodes :
1. Episode 1
2. Ne me laisse pas
3. Faire un Dahmer
4. La boîte d’un bon garçon
5. Du sang sur les mains
6. Passé sous silence
7. Cassandre
8. Lionel
9. Le croque-mitaine
10. Dieu de pardon, dieu de vengeance