Affiche française
DARKLY NOON : LE JOUR DU CHATIMENT | THE PASSION OF DARKLY NOON | 1994
Affiche originale
DARKLY NOON : LE JOUR DU CHATIMENT | THE PASSION OF DARKLY NOON | 1994
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Darkly noon : le jour du chatiment

The passion of darkly noon

Entre la vie et la mort, l'épilepsie et l'épuisement, un jeune homme s'effondre dans une épaisse forêt, manquant de se faire faucher par le véhicule de Jude. Celui-ci le recueille et l'emmène dans la demeure de sa sœur Callie, passant ses journées seule à attendre son amant. Lorsque le mystérieux garçon se réveille, Callie prend soin de lui et s'y attache rapidement : son nom ? Darkly Noon, fraîchement rescapé du massacre de la secte de fanatique dont il faisait parti.
Le calme avant la tempête…

DARKLY NOON : LE JOUR DU CHATIMENT | THE PASSION OF DARKLY NOON | 1994

On ne quitte pas totalement le monde cruel de "L'enfant miroir" avec ce second long de Philip Ridley, qui clôt là sa filmographie (ou alors, seulement pour l'instant ?), et prive le cinéma d'un talent prometteur.
Un cinéma proche sur plusieurs points de celui de Lynch, quoique plus rural, plus aérien, et moins oppressant.

Tout comme dans "L'enfant miroir", le spectateur ne saura à aucun moment de l'histoire où l'action du film se déroule exactement : Ridley privilégie la poésie et l'irréel, avec un décor aussi beau que dense, ici une forêt de conte de fées dont on ne sort jamais, succédant au fameux champ de blé desesperement vide de "L'enfant miroir", hanté par des silhouettes patibulaires et des blousons noirs psychopathes.
Philip Ridley ne perd pas l'habitude qu'il avait eu lors du tournage de son premier film : s'il avait repeint les champs de blé précédemment, c'est les arbres ici qui sont recolorés pour l'occasion. Pas de rednecks baveux malgré un cadre renvoyant à l'Amérique profonde, mais une galerie de personnages goûtant aussi bien au tragique qu'au romantique, dans une région encore étrangement marquée par la préhistoire (grotte cristalline ou fossiles) et où il n'est pas rare de croiser une botte géante en train de flotter sur l'eau de la rivière.

Ridley conserve une fois de plus le symbole d'une enfance trop vite corrumpue, même si c'est un homme enfant auquel nous avons affaire cette fois ci : le petit Seth (le jeune héros de "L'enfant miroir") était un sale mioche dont l'imagination tordue crispait autant qu'elle inquiétait ; avec le plus âgé (mais mentalement tout aussi jeune) Darkly, c'est le fanatisme religieux qui prend le pas, déréglant ici excessivement de nouveaux sentiments comme le désir sexuel ou la jalousie. Enfermé dans les convictions religieuses douteuses de ses géniteurs, Darkly Noon ne s'améliore malheureusement pas au contact de son hôte, la délicieuse et rayonnante Callie (mignonne Ashley Judd, ici blondisée), surtout quand l'amant (muet !) de celle-ci fait son apparition ; incarné par Viggo Mortensen, déjà l'un des pivots essentiels de "L'enfant miroir".

Une blonde, Viggo ( !), "un enfant" : un trio marquant les deux films de Ridley. Cependant, Seth et Darkly n'ont pas le même but, encore moins la même personnalité : Darkly Noon entamera une descente aux enfers plus marquée, ou plutôt une évolution qu'on qualifiera…d'infernale.
Une autre similitude étonnante avec le premier film de Ridley : si la mystérieuse Dolphin était perçue comme une vampire par le personnage principal dans "L'enfant miroir" suite à la lecture d'un livre horrifique, c'est la lumineuse (et un rien aguicheuse) Callie qui se retrouve ici accusée de sorcellerie, par la démente Roxy (fabuleuse Grace Zabriskie, qui fut autrefois la mère de Laura Palmer dans "Twin Peaks") révélant bien trop de secrets au fragile et influençable Darkly.

Quasiment "vide" de toute véritable substance lors son arrivée, Darkly découvre brutalement le désir, l'amour, l'obsession, le pardon, le fétichisme, l'automutilation, la masturbation, la jalousie, la colère, la violence, la frustration… Créature naïve et imprévisible, Darkly n'est pas loin de l'explosion. Brendan Fraser surprend joliment son monde dans cette composition ambiguë, voire même carrément spectaculaire, surtout lorsqu'il se métamorphose en guerrier sanguinaire tout droit échappé d'un comic-book barbare ! Après ça, difficile de le revoir avec les mêmes yeux…

Si les images sont particulièrement belles, le montage percutant du film n'est pas en reste: plus le film avance, et plus la folie de Darkly semble "dévorer" l'écran ; les jump cuts sont particulièrement agressifs, la caméra s'affole, frise l'hystérie, le climat se fait plus violent, les sentiment des personnages s'emballent ; on finit par nager en pleine frénésie, pour aboutir à un final apocalyptique.
Tout aussi inspiré que pour "L'enfant miroir", Nick Bicât signe une fois de plus une somptueuse composition musicale (ne ratez pas la somptueuse chanson du générique final) ; vraiment enthousiasmant donc…
Avec ce nouveau conte désespéré et magique, Philip Ridley ne fait que nous fasciner un peu plus. Alors, à quand un grand retour ?

DARKLY NOON : LE JOUR DU CHATIMENT | THE PASSION OF DARKLY NOON | 1994
DARKLY NOON : LE JOUR DU CHATIMENT | THE PASSION OF DARKLY NOON | 1994
DARKLY NOON : LE JOUR DU CHATIMENT | THE PASSION OF DARKLY NOON | 1994
Note
5
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Jérémie Marchetti