Affiche française
DECADENCE | DECADENCE | 1998
Affiche originale
DECADENCE | DECADENCE | 1998
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Decadence

Decadence

Deux enfants paumés, Alfred et Arthur, sont recueillis par René, un cinglé qui va les élever dans le mal et en faire de vrais psychopathes, tueurs et cannibales. Les trois brutes kidnappent Yves, un autre enfant, et l'élèvent également dans la croyance de Satan. Vivant reclus dans une vieille bâtisse dans les montagnes, la famille de barjots commet de nombreux crimes dans la région.
Anne, en faisant un jogging avec son ami Frédéric, se foule la cheville. Elle envoie Frédéric chercher de l'aide au village. Restée seule, elle tombe nez à nez avec Alfred, l'adolescent le plus fou de la famille, qui lui laisse la vie sauve. Les villageois ne supportent plus cette insécurité et décident de trouver la famille et de mettre fin à leurs agissements…

DECADENCE | DECADENCE | 1998

Avant de parler du film lui-même, il convient d'en raconter la genèse. Jean Clément Gunter s'est lancé dans la réalisation dès l'âge de quinze ans. C'est à cet âge qu'il tourne "3 psychopathes", un film gore, qui sera achevé en 1992. L'histoire racontait les agissements sordides de trois tueurs, se complaisant dans le viol, le meurtre et le cannibalisme. Jean Clément Gunter est très fier de son film mais il le trouve trop amateur pour le faire distribuer. Il décide alors d'en faire une version professionnelle, en 16mm qui sera ensuite gonflée en 35mm. Le film coûtera dans les 200 000 euros au final, pour un tournage qui dura plusieurs années, trouver des fonds et des investisseurs n'étant pas facile. Malgré cela, il faut que je vous prévienne quand même : le film a toujours un côté très amateur et pourra rebuter la plupart d'entre-vous, d'ailleurs, le casting est composé d'inconnus dont c'est le premier rôle à l'écran. On peut comparer "Décadence" aux productions Richard J. Thompson ou aux classiques français tels "la revanche des mortes vivantes" ou "le lac des morts-vivants" par exemple. De la série B tirant vers le Z, et made in Suisse ! Ce n'est pas pour ça qu'il faut faire l'impasse sur ce film de Jean-Clément Gunter. Mais il vaut mieux être prévenu à l'avance, car même si l'image est de qualité grâce à de la bonne pellicule, l'amateurisme est bien au rendez-vous.

Le film "Décadence" se focalise sur la vie de cette famille de givrés, adepte de Satan. Composée d'un adulte et de trois adolescents, il nous est difficile de porter un jugement négatif sur les trois ados, puisqu'il non pas eu le choix de leur éducation. Ils sont devenus ce qu'ils sont à cause de l'adulte. Le film de JC Gunter serait-il un film moralisateur, mettant en avant les valeurs familiales ? On pourrait le penser, puisque c'est bien l'éducation immorale et barbare que leur a enseigné René ("venez avec moi, je vais vous faire découvrir la vraie vie" dit-il aux deux jeunes enfants au début du film…) qui les a transformés en bêtes sanguinaires, ne faisant plus la différence entre le bien et le mal. Yves, la dernière recrue, veut à tout prix "partir à la chasse et tuer", pour devenir l'égal des autres membres de sa fausse famille. Moralisateur également avec le personnage du curé, qui refuse de laisser les habitants du village faire du mal aux tueurs. Pour lui, le dialogue et la parole divine les ramèneront sur le droit chemin. Tout le monde en doute, et nous spectateurs en premier, puisque nous savons de quoi sont capables ces psychopathes. Le mal et le meurtre sont bien trop ancrés en eux pour qu'ils puissent changer. C'est leur mode de vie. On pourrait même rapprocher cette famille des barbares de "la colline a des yeux" ou de "massacre à la tronconneuse". Et comme il s'agit ici principalement d'adolescents, le malaise, le malsain, malgré l'amateurisme du projet, sont néanmoins bien présents.

En effet, le film nous propose des visions qui mettent quelque peu mal à l'aise, comme le début de viol commis par Alfred, ou plus encore, son attirance pour le corps du jeune Yves. Alfred est le personnage le plus charismatique du film, c'est d'ailleurs à lui qu'incombe la majorité des scènes marquantes ou violentes. Interprété par Olivier Lafrance, qui surjoue énormément, ce qui amplifie le côté amateur de l'entreprise, j'ai néanmoins trouvé plutôt intéressant ce personnage, complètement atteint, qui n'éprouve aucun remord après avoir commis ses actes, qui est un peu le "petit chef" de cette famille comme il le dit lui-même ("c'est moi qui fait tout ici"), à l'opposé de Yves, qui subit et ne peut agir de lui-même, trop jeune pour être pris au sérieux. Le troisième ado est un peu mis en retrait, sauf quand il s'agit de préparer le repas. Un repas plutôt spécial puisqu'il s'agit des viscères, foies, reins des victimes du groupe. Le cannibalisme de la famille de "massacre a la tronconneuse" était suggéré, ici, il ne fait aucun doute. De véritables apôtres du diable donc, qui boivent également du sang humain. Le tableau est complet !

Le film de Jean Clément Gunter est un film à voir, déjà parce qu'il faut soutenir ce genre d'initiative, mais également parce qu'il n'est pas dénué d'intérêt. Le point principal qui pourra jouer en sa défaveur reste le côté très amateur de l'entreprise, notamment le jeu des acteurs et des actrices, mais qui n'est pas si éloigné que ça des premiers films d'Olaf Ittenbach par exemple ("black past"). En clair, sachez à quoi vous attendre, sachez qu'aucun des acteurs n'aura de nominations pour les César ou les Oscar, sachez que les effets gores sont plutôt réussis, même s'ils ne sont pas nombreux, sachez que certaines situations sont scabreuses, malsaines. Mis à part le final, à savoir la rédemption de Yves, qui m'a procuré un réel ennui, tout le reste du film m'a bien plu, et c'est loin d'être aussi mauvais que certains veulent bien le dire. Une curiosité, voilà le terme qui défini peut-être le mieux "Décadence" et son réalisateur. Tentez l'expérience.

DECADENCE | DECADENCE | 1998
DECADENCE | DECADENCE | 1998
DECADENCE | DECADENCE | 1998

* Disponible à la vente sur http://www.jcgproduction.com

Note
3
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Stéphane Erbisti