Godzilla vs Kong

Godzilla vs. Kong

À une époque où les monstres parcourent la Terre, et alors que l’humanité lutte pour son avenir, Godzilla et King Kong, les deux forces les plus puissantes de la nature, entrent en collision dans une bataille spectaculaire inédite. Alors que Monarch se lance dans une mission périlleuse en terrain inconnu, et qu’il découvre des indices sur les origines des Titans, un complot humain menace d’éradiquer ces créatures – qu’elles soient bonnes ou mauvaises – de la surface de la planète.

GODZILLA VS KONG | GODZILLA VS. KONG | 2021

L'AVIS : >

En 1962, pour son troisième film, Godzilla affrontait le monstre le plus emblématique du cinéma dans le bien nommé King Kong contre Godzilla. Soixante ans plus tard, c'est dans le cadre du MonsterVerse, où il apparaît également pour la troisième fois (après "Godzilla (2014)" et "Godzilla II - Roi des monstres"), que le Big G croise la route du Roi de Skull Island. Un affrontement que l'on aurait dû voir débarquer sur nos écrans en 2020, mais qui a ensuite été reporté en raison de la pandémie de Covid19, jusqu'à débarquer en France en VOD. A l'heure où j'écris ces lignes , aucune date de sortie n'est prévue sur nos grands écrans. Ce serait quand même dommage : même si beaucoup de monde l'a sans doute déjà vu, c'est typiquement le genre de spectacle qui se savoure pleinement plongé dans le noir, avec un écran de plusieurs mètres et une installation sonore de malade.

“Je pense que Godzilla vs. Kong est le premier film où l’on a vraiment pu voir des séquences qui laissent de côté les humains et qui restent focalisées sur les monstres comme n’importe quels personnages. C’est une grosse avancée pour le monde des effets spéciaux, mais aussi pour celui du récit en général. S’il y a un autre film du Monsterverse, je pense que cela devrait être un film totalement sur les monstres. Cela devrait être 30% d’humains et le reste de monstres, en gros inverser le ratio que possèdent les films en général. Je pense que les gens sont prêts pour ça.”

Adam Wingard.

Se focaliser sur les monstres, et laisser de côté les humains : voilà donc la recette idéale du film de monstres selon le réalisateur de Godzilla vs Kong, Adam Wingard. Une proposition alléchante, surtout après un Godzilla II - roi des monstres qui laissait beaucoup trop de place à ses personnages sans intérêt. Encore faut-il l'assumer. Et c'est là où le bât blesse : si Godzilla vs Kong remplit parfaitement sa promesse de spectaculaire, il se loupe complètement sur les personnages qui sont, une nouvelle fois, bien trop mis en avant pour ce qu'ils ont à apporter.

On s'attendait donc à voir des monstres géants s'en foutre plein la tronche, et on ne sera pas déçus : il ne faudra que 10 minutes de films pour voir Godzilla détruire une zone industrielle et redécouvrir Kong sur son île. Les affrontements entre les deux icônes tiendront parfaitement leur promesse, notamment celui sur le porte-avion, bénéficiant d'effets spéciaux monstrueux et d'une mise en scène efficace. Tout juste pourra-ton regretter une physique fantaisiste par moments (ça bondit comme une gymnaste soviétique après 3 piqûres), ou une ville de Hong Kong où l'on ressent terriblement le côté artificiel du décor, mais ça envoie du lourd et, encore une fois, ça mériterait clairement d'être vu au cinéma.

Le problème, c'est que contrairement à ce que prétend Wingard, il y a des personnages, et ils prennent beaucoup, beaucoup trop de place. Pour rien. Au point de voir la saillie du réalisateur comme l'aveu d'un terrible échec : il y a une énorme différence entre ne pas vouloir développer ses personnages, et ne pas savoir le faire. On va ainsi se farcir les caricatures que l'on retrouve beaucoup trop souvent dans les blockbusters de ces dernières années : le sidekick comique noir (complotiste de surcroît, c'est dans l'air du temps), le pote geek obèse et peu courageux (devinez qui va sauver la mise à tout le monde ?), Millie Bobby Brown qui n'est là que parce qu'elle est connue du grand public, la gamine sourde-muette (enfin, quand ça l'arrange) qui va apprendre la langue des signes à Kong, le méchant capitaliste tellement méchant que même sa fille est méchante (devinez qui va se faire tuer par sa propre ambition ?)... Dans un genre où les meilleurs films sont ceux qui parviennent à développer les personnages humains ("Godzilla", "King Kong" et son remake par Jackson, les Gamera des années 90), il suffit pourtant de pas grand chose pour donner un peu d'intérêt ou d'enjeux : "Kong : Skull island" y parvient parfaitement par exemple. Mais même ce minimum semble inaccessible ici.

Notons enfin une campagne promotionnelle franchement ridicule : le peu de surprises qu'aurait pu apporter le film a été saboté par des bandes-annonces, des extraits, des publicités dans tous les sens, jusqu'à noyer tout le monde dans un raz de marée d'informations. Si personne n'était vraiment dupe sur le dénouement de l'affrontement entre les deux monstres, la communication autour du film a tout fait pour réduire à néant tout l'impact du seul point qui aurait pu apporter un peu de sel. Je n'en dirai pas plus, pour ne pas gâcher la surprise aux rares personnes qui ont réussi à y échapper.

Au final, Godzilla vs Kong n'offre pas exactement ce qu'on pouvait en attendre. Si on a bien du divertissement spectaculaire et sans prise de tête, le film donne une nouvelle fois trop de temps à des personnages sans intérêt et à un scénario complètement vide, contrairement à ce qu'annonçait Adam Wingard, malheureusement devenu le gentil yes-man à sa mémère. J'avoue ne pas forcément avoir hâte de le voir s'attaquer à la suite déjà prévue : Son of Kong.

GODZILLA VS KONG | GODZILLA VS. KONG | 2021
GODZILLA VS KONG | GODZILLA VS. KONG | 2021
GODZILLA VS KONG | GODZILLA VS. KONG | 2021
Bande-annonce
Note
3
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Steeve Raoult