Affiche française
JARDIN DES SUPPLICES - LE | JARDIN DES SUPPLICES - LE | 1976
Affiche originale
JARDIN DES SUPPLICES - LE | JARDIN DES SUPPLICES - LE | 1976
Un film de
Scénario
Date de sortie
Pays
Genre
Couleur ?
oui
Musique de

Jardin des supplices - le

Jardin des supplices - le

1926. À la suite de problèmes liés à la drogue, Antoine Durrieu, jeune médecin dévoyé, est contraint de quitter la France et embarque à bord d'un navire en route pour la Chine. Durant la traversée, il fait la connaissance de la belle et trouble Clara Greenhill, fille d'une riche et influente personnalité basée à Canton. Dès son arrivée, Antoine va pénétrer dans un monde au cadre étrangement idyllique vicié par la torture et les meurtres, tandis qu'au dehors couve une révolution populaire...

JARDIN DES SUPPLICES - LE | JARDIN DES SUPPLICES - LE | 1976

L'AVIS :

Totalement méconnu de votre serviteur, c'est avec intérêt que j'ai enclenché le Blu-Ray de ce film français de 1976 réalisé par Christian Gion, Le Jardin des Supplices, dont le titre même lui donne évidemment un attrait supplémentaire. Certes, le mot français peut rebuter ou faire fuir l'amateur tant il est vrai que notre beau pays, par trop cartésien, n'est pas connu pour son amour du cinéma fantastique, malgré de jolies réussites au cours des diverses décennies et qui cartonnent généralement à l'étranger qui plus est. Dans les années 70, Jean Rollin dominait quasiment à lui seul la production française de cinéma de genre, rejoint de temps à autre par Michel Lemoine avec son Weeks-ends Maléfiques du Comte Zaroff en 1976. Une année à laquelle il faut désormais ajouter le film de Christian Gion, plus connu pour ses comédies telles Les diplômés du Dernier Rang, Le Bourreau des Cœurs ou Sup de Fric par exemple. Unique incursion dans le domaine de l'horreur pour Gion, Le Jardin des Supplices est l'adaptation du roman éponyme d'Octave Mirbeau, paru en 1899 et que l'auteur a dédié Aux Prêtres, aux Soldats, aux Juges, aux Hommes, qui éduquent, dirigent, gouvernent les hommes, je dédis ces pages de Meurtre et de Sang, dédicace reprise à la fin du film d'ailleurs. Ce roman de Mirbeau a fait forte sensation et a choqué plus d'un lecteur, de par sa construction littéraire même qui ne respecte pas le code des œuvres romanesques mais aussi par son contenu, mettant en avant la loi du meurtre vu comme un élément positif par les puissants, eux-mêmes n'étant pas épargné par l'auteur. Le personnage de Clara Greenhill, qui trouve sa jouissance dans la torture et le meurtre justement, est aussi un élément de controverse, tout comme le sous-texte sur les atrocités du colonialisme. Bref, un roman qui peut se ranger à côté de ceux du Marquis de Sade par exemple dans une bibliothèque.

Le scénariste Pascal Lainé en a fait une adaptation qu'on nommerait de libre, puisqu'il déplace le contexte de l'histoire dans la Chine de 1926, période où la révolution entre nationalistes et communistes va plonger le pays dans le chaos et la guerre civile. Comme bien souvent dans le cinéma fantastique ou horrifique français des années 70/80, l'érotisme tient une place prépondérante et Le Jardin des Supplices n'échappe pas à la règle puisque nous assisterons à de multiples ébats ou séquences érotiques durant les 93 minutes proposées. Il y a d'ailleurs nettement plus d'érotisme que d'horreur dans le film, ce dernier élément étant relégué vers la dernière demi-heure. Au niveau du casting, on trouve le Belge Roger Van Hool qui interprète le docteur Antoine Durrieu, la charmante française Jacqueline Kerry qui joue Clara Greenhill, Ysabelle Lacamp, actrice française elle aussi mais au physique très asiatique ou bien encore Tony Taffin qui est monsieur Greenhill. Si certaines têtes peuvent être connues, elles me semblaient toutes étrangères en ce qui me concerne. Le jeu des acteurs se montre assez souvent théâtral, ce qui crée une ambiance assez bizarre, étrange. Les deux actrices, Jacqueline Kerry et Ysabelle Lacamp ne sont pas avares de leurs charmes et apparaissent bien souvent dans le plus simple appareil, en tenue d'Eve donc, se livrant à la masturbation ou au saphisme entre autres plaisirs. Il semble que Le Jardin des Supplices soit l'unique film de Jacqueline Kerry, ce qui est dommage, l'actrice ayant vraiment un physique et un visage intéressant.

N'ayant pas lu le roman de Mirbeau, je ne sais pas si toutes ces scènes érotiques sont présentes ou si elles ont été ajoutées par le scénariste, peut être sur demande de la productrice Vera Belmont, qui, d'après les dires du réalisateur lui-même, voulait surfer sur le succès phénoménal du film de Just Jaeckin, Emmanuelle. En tout cas, amateurs d'érotisme suave et raffiné, vous en aurez pour votre argent à ce niveau. Pour ce qui est de l'horreur, on sera un peu plus déçu car on n'aura pas grand chose à se mettre sous la dent mais la dernière demi-heure se rattrape un peu et nous propose enfin d'aller visiter ce fameux jardin des supplices, lieu enchanteur et bucolique, parsemé de fleurs, de plantes carnivores, de chauves-souris dans les arbres mais qui est en réalité l'antichambre de l'Enfer, permettant de laisser libre cours aux pulsions sadiques du maître des lieux et de ses petits camarades de jeu, dont la belle Clara qui cache bien son côté sadique et pervers, et qui n'hésitent pas à faire torturer, mutiler et assassiner de manière atroce des pauvres chinois, déclenchant une jouissance absolue chez ses nantis européens s'étant installés en Chine pour y faire fortune. Dans Le Jardin des Supplices, quasiment tous les personnages principaux sont nauséabonds. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, que ce soit le vendeur d'armes homosexuel, le prêtre qui a choppé la vérole à force d'aller voir les prostituées, le maître de maison qui veut se marier à une jeune chinoise de douze ans, notre Clara qui jouit de la souffrance des autres et j'en passe.

La charge de Mirbeau contre les institutions est assez virulente et se montre parfaitement retranscrite dans le film. Reste que cette dernière demi-heure ne parvient pas à dissimuler l'ennui poli qu'on ressent durant la première heure. Très peu rythmé, pourvu d'un montage assez chaotique (on a parfois l'impression que la scène n'est pas finie et hop, ça passe à la suivante), il faut s'accrocher et avoir envie de découvrir cette étrangeté qui possède autant de défauts que de qualités. Certaines séquences sont très belles, très poétiques (la découverte du jardin) et contrastent avec d'autres nettement plus ordinaires. En tout cas, ce film dont on n'avait pas entendu parler depuis des lustres n'est pas inintéressant et nous montre encore que l'être humain peut s'avérer des plus abjects quand il le veut. Le Jardin des Supplices est un étrange voyage qui en laissera sûrement plus d'un sur le côté de la route. Ceux qui iront jusqu'au bout en apprécieront certainement certains aspects et auront l'impression d'avoir assisté à une projection vraiment insolite...

JARDIN DES SUPPLICES - LE | JARDIN DES SUPPLICES - LE | 1976
JARDIN DES SUPPLICES - LE | JARDIN DES SUPPLICES - LE | 1976
JARDIN DES SUPPLICES - LE | JARDIN DES SUPPLICES - LE | 1976

* Disponible en BR chez LE CHAT QUI FUME
Boitier trois volets sous fourreau ne contenant que le Blu-Ray cette fois-ci. Le Jardin des Supplices nous est présenté sur ce support en exclusivité mondiale par l'éditeur, qui nous propose une image splendide et une version intégrale. Les voix sur certains passages sont un peu faibles mais c'est le son du film qui est comme ça. Niveau bonus, Le Chat qui Fume a été retrouvé Christian Gion, qui revient sur sa carrière et sur Le Jardin des Supplices durant 28 minutes environ.

Note
3
Average: 2.5 (1 vote)
Stéphane Erbisti