Affiche française
KOMA | JIU MING | 2004
Affiche originale
KOMA | JIU MING | 2004
Un film de
Scénario
Date de sortie
Pays
Genre
Couleur ?
oui
Musique de

Koma

Jiu ming

Alors qu’elle vient de fêter le mariage d’une amie, Ching découvre dans une chambre d’hôtel une jeune femme nue, ensanglantée et rampant au sol. La malheureuse s’est réveillée dans une baignoire pleine de glace avec une cicatrice quelques centimètres au-dessus de la hanche : aucun doute, quelqu’un l’a droguée et lui a prélevé un rein !

Ching est aussitôt amenée au commissariat du secteur car elle semble être la seule à avoir entrevu rapidement celle qui semble être la voleuse d’organes. Elle reconnait alors devant les forces de l’ordre une certaine Ling qui s’avèrera être la maîtresse de son compagnon Wai ! Ling est-elle une prédatrice ou est-ce tout simplement une vengeance de Ching qui aurait découvert la trahison de son compagnon ? Rien n’est plus sûr pour la police locale enquêtant sur ce mystérieux agresseur et trafiquant d’organes…

KOMA | JIU MING | 2004

Nous vous avions déjà parlé il y a quelques temps maintenant d’un certain "ablations", film français présenté en compétition officielle lors de la 21ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer dont la thématique principale était le trafic d’organes.
Commençant d’une façon presque similaire (une victime reprend conscience et constate une cicatrice révélatrice d’un prélèvement de rein), le long-métrage hongkongais "koma" (intitulé dans son pays "jiu ming") sorti dix ans avant le film d’Arnold de Parscau s’avère être toutefois très différent, même si ces derniers sont tous deux de forts honnêtes thrillers.

"Koma" est un effet une œuvre très intéressante de part sa thématique comme nous l’avons vu précédemment (le trafic d’organes est un sujet ô combien intrigant et réaliste) mais également de part son scénario rondement bien construit. Alors que nous aurions pu instinctivement nous attendre à une enquête policière des plus banales, flirtant pourquoi pas avec du giallo ou du film de tueur en série plus généralement, nous avons au contraire ici un long-métrage qui ne va pas hésiter à emprunter des itinéraires différents, à changer de fil conducteur à plusieurs moments, au risque parfois de perdre le temps de quelques secondes le spectateur dans les méandres d’un récit bien fourni en péripéties.

Car oui, le scénario de "koma" est parfois un peu confus mais il faut reconnaître que l’on retrouve très rapidement le fil de l’histoire (le fait qu’il y ait très peu de personnages rend notamment la chose plus aisée). Les rebondissements sont en tout cas les bienvenus ici et nous évitent les presqu’inévitables clichés de nombreux films ayant pour trame principale une enquête policière (ratissage des scènes de crime, police perdue dans ses investigations, utilisation d’un leurre, séquestration d’une victime, course-poursuite…).

Dans le film de Chi-Leung Law, chaque minute a son importance et même si les nombreux indices disséminés par-ci par-là dans le scénario nous permettent parfois d’anticiper certaines séquences, d’autres péripéties sont quant à elles inattendues et créeront une véritable surprise pour le spectateur (nous ne parlerons pas du dénouement final, glaçant et émouvant à la fois).

L’ambiance qui règne tout au long du film contribue également à sa réussite. A la différence du film "ablations" évoqué au tout début de cette chronique, "koma" ne laisse aucune place à l’humour. Sérieux et froid du début à la fin, nous basculons de simples angoisses (la rencontre avec l’agresseur dans des WC souterrains, la pénétration de ce dernier dans la maison de notre héroïne en pleine nuit…) à de l’horreur pure (outre les scènes de découpes au scalpel fort soutenables, certaines séquences telles qu’une crevaison d’œil, un arrachage de dent hors-champs ou une amputation partiel de pied feront mouche, sans oublier cette « chasse à l’homme » en dernière partie de film où notre chère Ching armée d’une hache va courser notre trafiquant d’organes, se payant même le luxe de faire un clin d’œil au film culte "shining" avec cette scène de la porte défoncée à coup de hache).
Une ambiance et un rythme captivants menés tambours battants par une bande originale de très bonne facture (cuivres et instruments à cordes sont de sortie), tantôt émouvante tantôt remuante (pour ne pas dire même tétanisant) mais jamais envahissante.

Nous apprécierons enfin dans "koma" l’aspect psychologique de son scénario et le travail effectué sur les personnages principaux notamment. Nous avons ici deux femmes, Ching et Ling, toutes deux mal dans leur peau : l’une souffre de solitude et se sent impuissante devant sa mère qui est dans un état végétatif tandis que l’autre lutte contre une maladie qui l’affaiblit et lui empêche de vivre une vie normale (bien que le spectateur ait vite choisi son camp d’un point de vue manichéen, il ne pourra s’empêcher d’éprouver toutefois de la compassion pour chacune d’elles). Un jour ennemies (suspicions et méfiance, confusion, stress, désir de vengeance…) et un jour grandes amies, ces deux femmes très tourmentées par leurs problèmes personnels se livrent à un jeu du chat et de la souris reflétant une relation des plus étranges et ambigües, compliquée par l’insertion du personnage de Wai (le petit ami de Ching et amant de Ling) qui vient alors formé un triangle amoureux rendant la cohabitation scénaristique des personnages encore plus complexe et rythmée.

Certes, "koma" n’est pas le film zéro défaut que l’on espérerait mais ce dernier réussit toutefois le pari de nous livrer une histoire attrayante, rythmée par une ambiance réussie et des péripéties bienvenues, et surtout animée par des personnages bien travaillés, intrigants et fort intéressants.
La complexité du scénario par moments ou encore ses quelques incohérences (il semble si facile de faire crocheter la serrure d’un appartement qui ne nous appartient pas ou encore de faire disparaitre un camion ayant percuté quelques secondes auparavant notre héroïne de plein fouet…) ne doivent en aucun cas ternir cet honnête thriller venu de Hong Kong. Un film à voir !

KOMA | JIU MING | 2004
KOMA | JIU MING | 2004
KOMA | JIU MING | 2004
Note
4
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David Maurice