Affiche française
LAMB | LAMB |  2021
Affiche originale
LAMB | LAMB |  2021
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Lamb

Lamb

Un couple d’éleveurs ovins, Maria et Ingvar, travaillent dans une ferme isolée dans la campagne islandaise. Une vie de dur labeur pour des parents ayant connu très tôt la perte de leur unique enfant mais qui sont parvenus à se reconstruire, entourés de leurs bêtes qu’ils élèvent et soignent avec beaucoup d’amour et de passion.
Mais un jour, une brebis va donner naissance à un agneau très différent et affaibli dont Maria va s’occuper tout particulièrement. Un lien très étroit va naître entre l’éleveuse et l’agneau qui va alors avoir droit à une place de choix au sein du couple qui l’aime d’un amour que l’on peut qualifier de paternel…

LAMB | LAMB |  2021

L'AVIS:

Passé en 2021 par l’Etrange Festival et le Festival de Cannes (d’où il repartira avec le Prix de l’Originalité, dans la section « Un certain regard »), le film islandais "Lamb" remporta le Prix du Meilleur Film et de la Meilleure Actrice (pour Noomi Rapace interprétant le rôle de Maria) au Festival de Sitges la même année. Un Prix de Meilleur Film pas si évident à chercher quand on sait que l’année-là figuraient dans la sélection officielle "Freaks Out" de Gabriele Mainetti, "The innocents" d’Eskil Vogt ou encore "The medium" de Banjong Pisanthanakun et "Censor" de Prano Bailey-Bond, quatre très bons films qui auraient largement pu récolter en Espagne ce Prix si important.

Beaucoup se souviennent du récompensé "Isolation" de Billy O’Brien qui se déroulait déjà dans une exploitation agricole et mettait en scène les pensionnaires à quatre pattes de l’établissement. Près de 15 ans après ce film britannique, "Lamb" vient nous plonger dans la vie d’un couple d’éleveurs et tout ce que l’on peut dire c’est que nous allons là aussi rapidement plonger dans le fantastique.
Alors que nous étions plus dans la génétique dans "Isolation", nous nous dirigeons ici vers quelque chose de plus folklorique, le film s’inspirant d’un conte islandais qui baigne dans la mythologie.

Comme bien souvent dans les films scandinaves (c’est à dire la Norvège, la Suède, la Finlande, le Danemark et l’Islande pour celles et ceux qui ne sont pas ami(e)s avec la géographie), nous sommes face à un cinéma que l’on peut qualifier de « contemplatif ». Entendez par là que nous avons très peu de dialogues (surtout dans la première demi-heure de film), ces derniers laissant la place à des paysages propres à l’Islande : de grandes étendues dépeuplées souvent plongées dans le brouillard, de petites rivières qui coulent le long de montagnes entre lesquelles se trouvent de grandes plaines…
Un cadre qui nous plonge directement dans un endroit isolé où personne ne semble vivre à l’exception de notre petit couple d’éleveurs que nous suivons dans leurs tâches manuelles, difficiles et répétitives. Nous comprenons très vite que ce film d’auteur (car c’est bien ce qu’il est) ne va pas nous remuer beaucoup et va plutôt se diriger vers le drame familial à connotations fantastiques mais sans grand artifice.

Une ambiance pesante par moments, permise par une atmosphère froide et lourde (la nature environnante y est pour quelque chose assurément), qui va envelopper cette petite histoire qu’il est assez difficile d’aborder sans risque de spoiler malheureusement.

Teinté de fantastique et plus particulièrement de mythologie par le biais de cet agneau pas comme les autres, "Lamb" intrigue, fascine et interroge sur la nature humaine. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : montrer le comportement de l’Homme, dénoncer ses actes (ici on coupe les oreilles des animaux, on agrafe les étiquettes de façon très douloureuse, on tue sans pitié la mère d’un agneau pour la simple raison qu’elle réclame son petit, on trompe son mari avec son beau-frère…) et le mettre face à une nature qui va se retourner contre lui. Voilà sensiblement comment je peux expliquer ce film sans faire le moindre spoiler. C’est en tout cas comme cela que je l’ai compris, mais le film de Valdimar Johannsson a plusieurs niveaux de lecture et chacun pourra se faire sa propre interprétation de ce qu’il vient de voir à l’écran, notamment après ce final qui, à l’instar des caractéristiques bien spécifiques de notre agneau, est totalement WTF.

Un scénario un brin barré mais qui vient, par une jolie touche fantastique et mythologique (conte oblige), nous dépeindre finalement un drame familial dans lequel une mère, endeuillée par la mort prématurée de son unique fille, voit en un petit agneau pas comme les autres une sorte de don du ciel, la réincarnation de sa petite Ada, mais que finalement elle ne méritait peut-être pas…

Un lien entre cette éleveuse et son agneau qui marque, qui choque, voire même qui perturbe. Servie par des effets spéciaux saisissants, cette relation maternelle qu’ils entretiennent tous les deux met presque mal à l’aise (c’est dire la force du récit).
Et une fois de plus Noomi Rapace nous surprend par son jeu d’actrice. Cette belle suédoise que nous avions notamment vue dans la saga "Millenium", "Sisters sisters", "Prometheus" ou encore "Rupture" éblouit une fois de plus par son talent, cette sincérité et cette sensibilité qu’elle dégage dans le rôle de Maria. Une actrice qui continue son petit bonhomme de chemin et n’hésite pas à intégrer le casting de films à budget modeste parfois. Bravo à elle !

En résumé, "Lamb" ne plaira probablement pas à tout le monde, la faute à une narration lente proposant très peu de dialogue et de personnages et jouant la carte du contemplatif. Et pourtant cette revisite d’un conte islandais mêlant fantastique et mythologie vient nous plonger dans un drame familial qui nous interroge fortement sur la nature humaine, plus particulièrement la cruauté et l’indifférence de cette race dite supérieure.
Un film à voir au moins une fois (de toute façon ce n’est pas le genre de film que l’on prend plaisir à voir plusieurs fois), ne serait-ce que pour la réflexion qui entoure ce long-métrage islandais et les interrogations qu’il laisse en fin de parcours (chacun se fera sa propre interprétation, la mienne est expliquée dans cette chronique sans à aucun moment spoiler l’histoire).

LAMB | LAMB |  2021
LAMB | LAMB |  2021
LAMB | LAMB |  2021
Bande-annonce
Note
3
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David Maurice