Last broadcast - the
The Last broadcast
En 1995, Steven et Locus, animateurs de l’émission paranormale « Fact or fiction » accompagnés du perchman Rein Clackin et de Jim Suerd, un prétendu médium, se rendent en pleine forêt pour faire une émission spéciale sur le diable du New Jersey dans le secteur des Pine Barrens. Jim sera le seul à en revenir vivant. Ce dernier, sera donc rapidement accusé de meurtres et subséquemment emprisonné. The last broadcast commence alors comme un documentaire présenté et commenté par David Leigh et portant sur les meurtres de l’équipe de tournage. Comme la plupart des personnes qui ont suivi l'histoire, David s’en tient à la version officielle qui veut que Jim Suerd ait tué tous les hommes qui l'accompagnaient dans les bois selon un rituel propre à lui. Mais David Leigh a des doutes surtout depuis que Jim a été retrouvé mort de cause inconnue dans sa cellule…
Sorti en 1998 dans un relatif anonymat, The last broadcast est le film que "The Blair Witch Project" aurait soi-disant plagié. Les deux histoires sont similaires certes, mais l'approche est un peu différente, même si les deux sont des « documenteurs » à base de found footage. Le film du duo Stefan Avalos et Lance Weiler est donc un documentaire fait et présenté par David Leigh dans le but de découvrir ce qui s'est vraiment déroulé dans les bois. Plusieurs interviews ainsi que les vidéos tournées par les cinéastes en herbe nous sont montrées afin d’éclaircir le mystère sur ces étranges assassinats. Après avoir vu les deux films, nous pouvons dire qu’ils n'ont finalement pas grand chose en commun, si ce n’est que dans chacun, il y a des personnages qui enregistrent un périple dans les bois avec des caméras vidéo. Pas de quoi donc crier au plagiat caractérisé !
Contrairement à la sorcière de Blair Witch, le diable du New Jersey (également connu sous le nom du diable de Leeds) est une figure de folklore réelle en provenance du New Jersey. C'est une sorte de créature chimérique, prétendument le treizième fils de la famille de Leeds, né en 1735. La créature n'a jamais été prise au sérieux et mise à part de fugaces apparitions en 1909 et en 1930, personne ne revendique vraiment l'avoir vue. The last broadcast suit donc les animateurs de l'émission « Fact or fiction » qui ont décidé d’aller sur place dans les Pine Barrens, une région considérablement boisée, à la recherche de la créature. Pour ce faire, ils ont contacté un homme responsable du son (Rein Clackin) et un prétendu médium (Jim Suerd). On suit donc nos quatre lascars qui s’enfoncent peu à peu dans la forêt alors que Jim devient de plus en plus déprimé et belliqueux envers ses comparses. Finalement, Steven et Locus établissent le camp pour la nuit, et commencent la transmission par câble avec Internet et la diffusion simultanée en radioamateur. Précisément ce qu'ils diffusent n'est jamais vraiment clair, mais le lendemain matin, Steven, Locus et Rein sont tous morts ou disparus. Jim sort du bois seul, apparemment en état de choc, mais il a quand même la force d'appeler le 911 pour signaler la disparition de ses compagnons. Il est plus tard arrêté et « l’obsession filmée » du narrateur David Leigh commence alors, matérialisée par le documentaire que nous visionnons.
Stefan Avalos et Lance Weiler, les deux réalisateurs, utilisent ainsi le format documentaire de façon très efficace. Dès le début, on est mis au courant de tout ce qui s'est passé selon les médias et les entrevues de différents protagonistes ayant côtoyé les victimes et le meurtrier présumé. Ensuite, le mystère commence, au fur et à mesure que l’enquête progresse. Le réalisateur du documentaire élabore plusieurs théories sur ce qui s'est passé. Plus on avance et plus la tension monte. Peu à peu, les preuves cumulées confirment que les meurtres qui ont été commis ne paraissent pas être l'œuvre de quelqu'un d'humain, ce qui pourrait alors authentifier l’existence du diable du New Jersey et accréditer le fait que nos journalistes ne soient pas morts pour rien ! The last broadcast rappelle ainsi, de par son traitement, les émissions faisant du paranormal leur matière première afin d’attirer le chaland telles que « Mystères » voire « Les enquêtes de l’impossible » au style didactique et sensationnaliste très accrocheur. Dû au format documentaire, le film est ainsi très réaliste, ce qui augmente le suspense et donne l’illusion d’assister à un document vérité. Malheureusement, les dernières minutes de ce long-métrage viennent tout gâcher. Effectivement, la conclusion prend la forme d’un revirement scénaristique complètement raté et très inutile. Si tout le film est fait comme un documentaire, la fin, elle, ne l'est pas et prend l'aspect d'un métrage banal du dimanche soir, que l’on regarde par-dessus l’épaule tout en faisant autre chose. Dommage, car ça aurait pu être un classique, mais Avalos et Weiler ont loupé le coche, alors qu’un an plus tard, Daniel Myrick et Eduardo Sanchez, les réalisateurs de "The Blair Witch Project", grâce au buzz généré par le Net, auront eux, réussi leur coup marketing !
Notons quand même qu’il n’y a pas que la fin qui enfonce le métrage. On pourrait, en effet, se demander pourquoi ce film semble aussi obnubilé par Internet ? D’autant que le rendu à l’écran est risible et vient nous rappeler l’époque ô combien désuète du Minitel ! Nos gaillards trimballent tout de même un sacré équipement informatique, des piles, de la nourriture, du matériel radioamateur et d'autres engins de cet acabit dans les bois tout en transbahutant et utilisant des caméras ! De plus, The last broadcast aurait pu être un drame convaincant, mais la prestation monotone du narrateur, le jeu grotesque de certains acteurs et certaines interventions loufoques des animateurs lors de leur émission viennent grandement nuire à l’ensemble d’une entreprise à l’époque pourtant novatrice, mais désormais moult fois usitée et rongée jusqu’à la moelle. Tant pis !
The last broadcast a ainsi la malchance d’être sorti dans l’indifférence totale contrairement à "The Blair Witch Project", son successeur dont les réalisateurs auront su astucieusement assurer la promotion. Pourtant, même si les deux sont des « mockumentaries » et s’avèrent être de faux-documentaires ayant pour cadre des bois hostiles, ils ne se ressemblent pas du tout. Le côté trop amateur du casting, l’utilisation excessive et ridicule d’Internet, ainsi qu’une fin sabotée, font de The last broadcast un ersatz de l’autre mais en moins bien. Il serait donc vain de le visionner sauf si vous désirez ardemment voir le précurseur probable mais méconnu de la déferlante actuelle de « found footage movies », mais c’est une bien maigre consolation !