Affiche française
PYRAMIDE | THE PYRAMID | 2014
Affiche originale
PYRAMIDE | THE PYRAMID | 2014
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Musique de

Pyramide

The pyramid

En Egypte, en plein désert, des archéologues découvrent une pyramide unique en son genre. En y pénétrant, ils vont affronter bien plus qu'une malédiction. Ils sont piégés au cœur d'un labyrinthe, et quelque chose les traque...

PYRAMIDE | THE PYRAMID | 2014

Le cinéma d'épouvante se dégrade de plus en plus depuis l'énorme vague de found footages lancée il y a plusieurs années maintenant. Une vague attirant bien plus les jeunes adolescents en manque de sensations fortes que les véritables amateurs du cinéma horrifique. Alexandre Aja n'a pas hésité à se lancer dans la production de ce fameux "Pyramide" s'inscrivant dans la longue liste de films à caméra subjective.
Penser que le cinéma d'épouvante ira mieux en osant faire confiance à des réalisateurs sans talent pondant des navets sans ambiance pour adolescents tels que "Ouija", "The Baby", "Possédée", "Dark Skies", "Annabelle", "Devil Inside" etc. est une erreur monumentale et empêche toute amélioration d'un genre pouvant être sensationnel avec une bonne maîtrise. Il sera difficile de faire comprendre à ces cinéastes que les films à jump scares ne font qu'entacher un genre parfois sauvé par les espagnols ou le talentueux James Wan.

Bien que le concept soit intéressant (évidemment influencé par "The Descent"), "Pyramide" s'inclut dans le lot des films grand public ne remplissant que la liste des concepts uniques pas encore utilisés dans le milieu de l'épouvante filmée à la première personne. Après la descente dans les catacombes de Paris, la petite visite de Tchernobyl, l'ennuyeux voyage sur la lune, la découverte des trolls, les nuits dans un hôpital psychiatrique abandonné, les nombreux exorcismes accompagnés de leur slogan fétiche "inspiré de fait réels" et bien d'autres, la caméra embarquée plonge à présent dans une pyramide jamais découverte jusqu'à maintenant et renfermant un secret si gros que le fait de déterrer ce monument engendre des émeutes et manifestations au Caire sans savoir de quoi il s'agit réellement. Mais la curiosité humaine surpasse les mots d'avertissement, surtout quand nos amis archéologues et journalistes envoient leur espèce de Wall-E en éclaireur afin de capturer des images prises à l'intérieur de la mystérieuse pyramide, comme si recevoir un étrange nuage toxique après l'ouverture d'un tunnel n'était pas suffisant pour se focaliser sur sa santé plutôt que d'aller encore plus loin dans la prise de risque.

L'état du pauvre égyptien suite à l'échappement du gaz verdâtre n'a pas l'air d'avoir affecté les personnages principaux vu que ces derniers n'hésitent pas à entrer dans la pyramide pour aller récupérer leur machine en pensant que leurs petits masques à gaz les sauveront de toute contamination. Une fois dans la pyramide, les surprises se font rares et les clichés s'accumulent. Dégageant toutefois une bonne ambiance sombre et claustrophobe, le premier film de Grégory Levasseur dévoile son aspect grand public et tente de surprendre les spectateurs avec un enchaînement maladroit de jump scares placés aléatoirement. Dire qu'on ne s'attendait pas à ce genre de bêtise récurrente digne d'un mauvais film d'épouvante serait un gros mensonge de notre part.

Mais les sursauts inutiles ne sont pas les principaux défauts du film, car le jeu d'acteur respirant l'ennui et le désespoir sait parfaitement nous rendre aussi inexpressif que les personnages principaux qui ne dégagent ni signe de panique, ni signe de détresse. La VF ne fait qu'empirer la situation et rend les protagonistes insupportables, banals, simplistes et inintéressants. Cependant, "Pyramide" gère son rythme, soigne ses décors et le son, livre des petites histoires sur la mythologie égyptienne, attaque les personnages de manière inattendue et parfois efficace (on retiendra surtout l'empalement amusant accentuant la débilité des personnages qui se rappellent que l'écoulement de sang augmente suite au dégagement d'un objet transpercé seulement quand la pauvre victime est quasiment libérée de ses pointes. "Il faut la dégager, tirez !" - "Ha non, elle va se vider de son sang, remettez-là !"). On se souviendra aussi de l'arrachage de cœur très efficace apparaissant brutalement et subitement pendant un dialogue, le genre de mise à mort qui ne nous laisse pas indifférent même si les effets numériques ont tendance à agresser les yeux des adorateurs du gore à l'ancienne.

En parlant de surprise, l'arrivée de la créature divisera les spectateurs mais nous serons tous unanimes pour dire qu'on a pas vu de révélation aussi surprenante depuis "La Cabane dans les bois". Certains trouveront l'origine de la créature plutôt bénéfique pour l'originalité du film, d'autres la feront tomber dans le ridicule et l'absurdité. Personnellement je penche pour l'originalité, car en plus de bien gérer l'alternance entre le found footage et le mode filmage de base, Grégory Levasseur s'inspire des différentes idées à succès du sous-genre pour tenter d'effrayer le public le mieux possible : plan fixe et très sombre laissant à peine apercevoir les personnages, moments de tension lors des visites dans les couloirs sombres, utilisation de la vision nocturne, immobilisation totale de personnage mal positionné au mauvais moment, mises à mort sanglantes et souvent violentes ou bande sonore collant parfaitement à l'ambiance étouffante, obscure et glauque remontée à la sauce égyptienne. La malédiction pharaonique fait quand même son effet au point de divertir malgré l'atroce qualité des personnages sans profondeur...et sans cœur ! Car lorsque l'un d'entre eux se fait prendre au piège et meurt de manière atroce, il leur suffit de pleurer deux petites minutes pour oublier le drame et continuer à chercher la sortie comme si rien ne s'était passé; ce ne sont que des personnages secondaires après tout...

Quant à l'ensemble du résultat, il n'est pas assez satisfaisant pour dire que cette aventure horrifique soit honorable. La surenchère de maladresses et d'ingrédients placés volontairement comme des aimants pour attirer les plus jeunes laisse un goût particulièrement amer. Mais, comme la plupart de ce genre de films au concept original mal exploité tels que "Catacombes" ou "Les Chroniques de Tchernobyl", il est toujours possible de trouver le tout regardable et un minimum divertissant sans avoir à l'applaudir pour ses qualités minimalistes. La production du grand Alexandre Aja, ne reste qu'au final une simple petite série B peu ambitieuse et peu innovante arrivant juste à offrir quelques petits moments de frayeurs, d'angoisse et d'action assez plaisantes pour ne pas regretter de s'être lancé dans l'aventure. Mais la présence d'éléments basiques d'un film d'épouvante pour adolescents est beaucoup trop déplaisante pour rester optimiste et généreux vis-à-vis de "Pyramide", surtout après des dernières minutes tirées par les cheveux et grand-guignolesques faisant perdre totalement la crédibilité de la créature numérique tout de même appréciable pour sa popularité et son histoire.

Une fois de plus on ne s'écarte pas du cinéma d'épouvante mainstream de base et on tente de supporter une quantité infernale de jump scare destinés à ceux qui continuent de confondre "sursaut" et "peur réelle". Mais dire que le film essaie constamment de nous faire sursauter serait vraiment de mauvaise foi car il a au moins la gentillesse de dégager une atmosphère assez oppressante pour nous faire ressentir quelques sensations de frayeurs agréables mais encore trop soft pour les vrais amateurs du cinéma d'épouvante. Grégory Levasseur est certainement plus habile dans l'écriture que dans la réalisation.

PYRAMIDE | THE PYRAMID | 2014
PYRAMIDE | THE PYRAMID | 2014
PYRAMIDE | THE PYRAMID | 2014
Note
2
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Nicolas Beaudeux