Raptor

Raptor

En territoire préhistorique et cinématographique, il y a Spielberg et les autres. Parmi eux, Jim Wynorski ("Le retour de la créature du lagon") fait office de fanfaron et nous livre cette perle Bis qui pourra ravir les novices, mais dégoûtera à coup sûr les fans de grosses bêtes.
Oublions tout de suite l'éventualité d'un scénario cohérent dans une telle production. Wynorski ("Le vampire de l'espace" avec une Traci Lords reconvertie et plutôt bien) n'en est pas à son premier coup d'éclat dans les productions à petit budget et filmés à la va-vite. Son mentor n'est autre que Roger Corman, le pape du Bis, très présent sur les tournages de son poulain.
Inévitablement donc, on retrouve tous les éléments clés qui donnent une véritable raison d'adhérer ou non à ce genre de film.

RAPTOR | RAPTOR | 2001

L'histoire, sans originalité, nous plonge au cœur d'une bourgade où, depuis quelques temps, des corps sont retrouvés déchiquetés. Un véritable casse-tête pour notre shérif local, jusqu'à la découverte d'un laboratoire secret défense, fermé depuis longtemps par le pentagone. Les expérimentations internes consistaient à étudier l'A.D.N des dinosaures…
Ce qu'il y a d'amusant et d'énervant dès lors qu'il s'agit d'un film Bis, c'est que le bon côtoie trop souvent et immanquablement le médiocre. Témoin, la scène d'introduction au film, vraiment sympa et bien gore. Hélas, la faculté de croire que le reste allait être du même acabit m'a abandonné depuis longtemps avec l'expérience. Je devrais savoir que tant que les protagonistes ne sont pas véritablement en place, il faut se méfier. Et c'est justement au final de cette intro que tout le monde surgit. Tout d'abord le shérif Jim Tanner (Eric Roberts – "Sanctimony" de l'inélégant Uwe Boll, "The prophecy 2"), flanquée de Barbara (Melissa Brasselle - "The curse of Komodo"), experte en criminologie, et accessoirement son ex-petite amie. Tout ce petit monde devra affronter le Dr Hyde, chercheur fou, interprété par Corbin Bernsen ("Le dentiste"), enfermé dans ce rôle où la solution réside dans le cabotinage, ce dont il s'acquitte aisément.

Hélas, l'aura des personnages ne semble pas être la préoccupation majeure du réalisateur. Place donc aux vélociraptors et autres T.Rex. De ce côté là, le film n'est pas avare en terme d'images et d'action. Et pour cause : bon nombre de scènes sont des stocks-shot de la trilogie "Carnosaur" que l'on remarquera facilement, notamment au niveau de la qualité de la photographie qui différe constamment.
Toujours est-il que les bestioles apporte le punch nécessaire afin de nous captiver un minimun, à l'image de leurs attaques en groupe donnant lieu à quelques poursuites plutôt funs. Néanmoins la qualité des effets spéciaux laisse à désirer, le meilleur exemple étant sans doute l'affrontement de l'animal contre la machine en fin de parcours.
En plus d'être incapable de nous offrir un scénario qui tient la route, Wynorski occulte volontairement son propre sens artistique (s'il en possède un), et s'enorgueillit de placer ses priorités dans le physique de ses héroïnes. Une raison pour laquelle il a toujours refusé de tourner pour les grands studios, estimant que ce n'était pas l'endroit ou l'on trouvait les plus jolies actrices ( Nicole Kidman et ses consœurs apprécieront…).

Impossible d'échapper aussi à l'incursion militaire à quelques minutes de la fin, nous infligeant les stéréotypes et des dialogues bêtifiants : comme d'habitude aurait-on coutume de dire.
Mais la véritable surprise ne viendra pas tant du film en lui même, mais bel et bien de la bande musicale. Un contraste surprenant : oui la musique est bonne et ne s'explique que très facilement du fait de son responsable (malgré lui): le talentueux et moultes fois récompensé James Horner ("Willow", "La foire des ténèbres"). La question est plutôt de savoir comment celui-ci ("Aliens le retour version longue") a pu atterrir dans ce style de production: et bien tout simplement par l'emprunt de sa musique par les producteurs. Mais le résultat est bien là : sa musique colle parfaitement avec le film et remplit donc ainsi son contrat.

Alors oui, "Raptor" peut faire passer un bon moment, l'action et les cascades sont bien au rendez-vous, Melissa Brasselle est bien jolie, et le film ne lésine pas sur les effets gore.
Mais où se cache le talent de Wynorski? Ses 4 films par an, et les profits via le direct-to-video lui permettent-ils de croire en son assise au sein de la véritable famille du cinéma?
A moins que ce ne soit l'appui infaillible de Corman depuis ses débuts.
Calife à la place du Calife.
Sauf que Roger a signé quelques belles productions. Wynorski, non.

RAPTOR | RAPTOR | 2001
RAPTOR | RAPTOR | 2001
RAPTOR | RAPTOR | 2001
Note
1
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Christophe Jakubowicz