Signal (2014) - the
Signal (2014) - the
Nic et Jonah étudiants au MIT (Massachussetts Institute of Technology) et passionnés d'informatique, décident de faire une virée en voiture à travers les États-Unis pour accompagner Hailey, la petite amie de Nic, à Caltech, sa future université. Seulement voilà, leur trajet va être détourné par un génie de l'informatique, « NOMAD », qui va attirer leur attention et attiser leur curiosité. Les trois jeunes gens font alors un détour par le Nevada et se retrouvent au milieu d'une zone étrangement isolée, quand soudain tout devient totalement noir. A leur réveil, beaucoup de choses ont changé…
Il est des films comme The signal (2014) au budget malingre mais qui donnent tout de suite l’impression d’avoir été conçus par un réalisateur chevronné. Pourtant, il s’agit-là du deuxième métrage de William Eubank après un « Space Time: L'ultime odyssée » de moyenne facture. The signal (2014) commence comme un road trip banal avec deux potes férus d’informatique et la petite amie de l’un d’entre eux qui vont changer d’itinéraire à la suite de l’émission du signal (celui du titre) d’un hacker qu’ils n’ont jamais vu. Puis, le film va vite se transformer en un métrage de science-fiction « claustrophobique » lorsque les amis vont se retrouver enfermés dans un bunker fermé hermétiquement occupé par des personnes en combinaison blanche avec à leur tête le docteur Wallace Damon. Lorsqu’ils réussiront à s’échapper, le huis clos cédera ainsi sa place au thriller alors que nos jeunes fuyards auront des personnes malintentionnées à leur poursuite. C’est donc un film bien étrange qui nous est proposé là avec sa structure peu conventionnelle qui prend naissance à partir de mystérieux contacts sur Internet et qui vont mener le petit groupe dans un endroit étrange, où ils seront entourés de gens bizarres avec des motivations inconnues. Pendant longtemps, le spectateur, tout comme le personnage principal, subit un flot incessant d’événements qui se succèdent sans qu’on ne cerne ni tenant, ni aboutissant. On ne sait jamais ce qu'il va se passer, on est toujours surpris de ce que l'on voit, en permanence effrayé de ce que l'on va trouver et plein de questions se mettent ainsi en place. Ce qui finalement nous scotche à l'histoire afin d'obtenir des réponses. Ces dernières n'arriveront cependant jamais de manière franche, seulement par bribes à reconstituer ou parfois pas du tout (par exemple : Hailey a-t-elle a subi elle aussi des modifications génétiques ? Qui aperçoit-on derrière les buissons sur la vidéo ?). On ne peut ainsi que supposer et laisser libre cours à notre imagination à propos des faits passés, présents et futurs, ce qui n'est finalement pas plus mal à côté de tous ces films où les scénaristes se sentent obligés de tout expliquer à longueur de bras. Tout le charme du long-métrage réside donc dans ces non-dits, ces incertitudes, et même si nous naviguons en eaux troubles, cela fait du bien de ne pas tout savoir.
En plus d’un scénario bien mené qui repose sur une ambiance mystérieuse parfaitement maîtrisée, on a, dans la seconde partie du film que d’aucuns trouvent la plus faible, l'ajout de superbes effets spéciaux que ce soit à travers les nouvelles super-capacités physiques de Nic et Jonah ou des séquences de poursuites entre les jeunes gens et des hommes armés façon milice privée (notons que le ralenti est utilisé à merveille dans ces scènes). Autre point fort également : la photographie. Certains plans sont tout bonnement magnifiques (la scène finale par exemple) et dignes des meilleurs productions des Wachowski avec une musique captivante qui, sans être trop envahissante non plus, colle parfaitement à l'ambiance.
Les acteurs principaux s'en sortent également très bien, que ce soit Brenton Thwaites ("The mirror", "Gods of Egypt") qui est excellent ou encore le side kick super geek Beau Knapp ("No one lives") pas mal dans son genre, mais aussi la petite amie pas si fragile que cela campée par Olivia Cooke ("Les âmes silencieuses", "Ouija") et puis Laurence Fishburne (le Morpheus de "Matrix", vu aussi dans "Event horizon", "Predators") qui dégage un calme inquiétant et pour cause...
L'histoire tient donc en haleine jusqu'au bout malgré un rythme assez lent et beaucoup de bavardages. Le final assez inattendu et surprenant pour certains, qu’on appellera les « néophytes », ne sera pourtant pas apprécié par les « spécialistes » en raison d’un manque d'originalité avéré : en effet, comment ne pas penser à "Dark city" ? Mais bon, vous conviendrez qu’il y a tout de même pire comme comparaison, non ? Pour ne pas trop jouer les fines bouches ou les vieux aigris, on préfèrera rapprocher cette œuvre d’autres productions à faible budget qui ont connu, par la suite, un véritable engouement public comme "Chronicle" ou encore "District 9"…
Malgré un côté fauché et parfois un peu trop abscons, ce film a des qualités visuelles et scénaristiques indéniables. Il réussit ainsi à captiver le spectateur et à l'emmener dans son univers paranoïaque. Bien loin des blockbusters à gros budgets où les effets spéciaux tentent de couvrir l’indigence du scénario, nous assistons ici à un métrage, qui sans révolutionner le genre outre mesure quand on a un minimum de culture cinématographique en matière de SF, nous tient en haleine du début à la fin. Et ce n’est déjà pas si mal me direz-vous pour un métrage d’à peine trois millions de dollars !