Slender Man
Slender Man
Dans une petite ville du Massachusetts, Wren, Hallie, Chloe et Katie, un groupe d'amies fasciné par la légende Internet du Slender Man, tente de prouver qu'il n'existe pas, jusqu'à ce que l'une d'entre elles disparaisse mystérieusement…
L'AVIS :
Depuis 2009 (l’année de sa création par Victor Surge sur un forum), le phénomène Slender Man a fait un sacré bout de chemin sur Internet, construisant une véritable légende urbaine autour de ce nouveau boogeyman qui enlèverait des gens voire les rendrait complètement fous pour ceux qui aurait eu le malheur de l’apercevoir. Ainsi, il y a eu des jeux vidéos à son effigie, un documentaire produit par HBO en 2016, des courts-métrages en 2011, 2012, 2014 et 2017, ainsi qu’un film sorti anonymement en 2013 et maintenant un long-métrage calibré pour le cinéma mais surtout pour les ados passionnés par ce genre de phénomène viral. Notons à ce sujet le fait divers choquant qui s’est produit aux Etats-Unis en 2014 et relatant l’histoire de jeunes filles âgées de 9 à 12 ans en ayant entraîné une autre dans un bois isolé afin de la poignarder au nom du Slender Man qui leur aurait ordonné ce meurtre ! Avouons que quand la réalité rejoint la fiction, ça fait froid dans le dos !
En ce qui concerne le long-métrage de Sylvain White (coupable du très laid "Souviens-toi…l'été dernier 3"), ça commence de manière classique avec ces quatre adolescentes américaines n’ayant a priori jamais vu de films d’horreur qui, afin de tromper leur ennui, vont visionner, à l’instar des protagonistes de "The ring", une vidéo virale sur le Slender Man. Et hop c’est parti, avec le fantôme sortant de l’écran en moins puisqu’ici on a le droit à un effet de montage ridicule à base d’images psychédéliques sur un simple ordinateur ! On peut alors dire que dès son entrée en matière, le métrage échoue à installer un climat convaincant ! Pourtant, avec un personnage aussi terrifiant et devenu emblématique sur la toile, on pouvait s'attendre à quelque chose d’angoissant ou tout au moins d'original. Et bien non, le film est, d’un point de vue scénaristique, très banal ! C’est bien simple, il reprend tous les codes clichés du genre dans le style « attention jump scare ! Mais non c'était un rêve ! Ouf, on s’en sort bien et hop jump scare à nouveau ! Mais non bande de benêts, c'était un rêve dans le rêve ! ». Ce n’est toutefois pas tout dans le style bateau car les personnages font trop souvent des choix peu crédibles (comme par exemple se balader seule en forêt la nuit quand on est une jeune fille !), les adultes sont très peu présents dans le film à tel point qu’on se demande pourquoi les maisons sont-elles toujours vides et où sont passées les familles de ces jeunes filles livrées à elles-mêmes et qui, du coup, font n’importe quoi ? De plus, l'univers informatique est assez peu exploité : ça n'ira pas plus loin que la vidéo prise au téléphone et les forums sur le Net. Comble du comble : n’importe qui pourra trouver celui consacré au Slender Man !? Enfin, alors que le métrage pouvait prendre une autre voie que celles dictées par les contraintes sociales actuelles en clair par les jeunes qui visionneront le film, il exploite mal les quelques bribes d'intrigues lancées çà et là ! La sœur hospitalisée et les recherches sur le croquemitaine hantant la toile ? Sans intérêt, donc on ne va pas plus loin et après on s’étonne que le scénario tourne en rond et que les personnages soient pas mal stéréotypés !
Certes, la mise en scène n'est pas trop vilaine : les images sont soignées, certaines séquences de cauchemars éveillés sont très belles et effrayantes et la scène dans la bibliothèque est vraiment flippante, mais ce sera à peu près tout car après le coup de la vidéo vue sur l’ordinateur vraiment tournée avec les pieds, Sylvain White semble mal positionner sa caméra : soit l'angle est trop évident en ce qui concerne les jump scares qui deviennent de fait prévisibles, soit il n'y a aucun effort de suggestion et on nous balance juste le boogeyman de manière frontale et débrouillez-vous avec ! Reste un monstre au design magnifique qui, s’il avait été exploité autrement aurait pu faire des ravages, ainsi qu’un groupe d’actrices assez convaincantes et de surcroît mignonnes mais c’est tout de même une bien maigre consolation !
Hormis une séquence dans une bibliothèque bien anxiogène et quelques scènes de cauchemars visuellement bien foutues, ce film d'horreur avec pourtant un nouveau croquemitaine ressasse les mêmes poncifs et autres jump scares éculés afin de tenter d'effrayer l'ado lambda. Pour le reste, cela manque cruellement de rythme et de prises de risques, le film n’y allant pas franchement alors que certaines scènes répétitives (allez hop, on va dans la forêt cette nuit pour la cinquantième fois du film !) ou pas d’ailleurs (celle de la sœur à l’hôpital) n’apportent pas grand-chose à l’ensemble, dommage ! Alors véritable analogie sur les méfaits d'Internet ou bien métaphore sur l'adolescence et la matérialisation des peurs ainsi que le désir de changer d'air ? On se le demande encore, tellement tout est mal exploité et que ce Slender Man surfe paresseusement sur cette vague de films d'horreur déferlant depuis quelques années et qui sont conçus exprès pour les jeunes décérébrés avides de sensations fortes sans se donner la peine de réfléchir !