Stung
Stung
Julia est chargée de la partie traiteur d’une importante garden-party organisée par la riche Madame Perch. Soucieuse de relancer son affaire grâce à cette réception, la jeune femme compte sur son ami Paul, souvent maladroit et un poil puéril, pour ne pas tout gâcher.
Mais, malheureusement pour elle, si cette fête tourne à la catastrophe, ce n’est certainement pas à cause de son partenaire mais bien à cause d’une petite bande de guêpes mutantes venues perturber la garden-party. De tailles disproportionnées, ces vilains insectes vont s’attaquer aux convives de Madame Perch, pondant dans les corps de ces derniers pour donner naissance à des insectes énormes, bien plus dangereux que nos vilaines bestioles ailées du départ…
Réalisé par un certain Benni Diez, superviseur des effets spéciaux sur "melancholia" de Lars Von Trier, "stung" a été présenté dans de nombreux festivals européens, comme le prouvent ses apparitions au BIFFF, à Strasbourg ou encore à l’Etrange Festival.
Après les requins, les crocodiles, les araignées ou encore les serpents (sans oublier nos amis les moutons et les vaches…), c’est au tour des guêpes de se voir surdimensionnées pour le plus grand plaisir des amateurs (comme moi) de films mettant en scène d’affreuses bêbêtes bien méchantes. Hormis nos amies les araignées que nous ne présentons plus, nos vilains insectes ont déjà participé à quelques belles aventures dans le monde du cinéma fantastique, que ce soit dans des films « sérieux » dirons-nous (nous pensons inévitablement à "them !", grand classique des années 50, ou encore au plus récent "éclosion", Prix du Public à Gérardmer en 2001) ou des films à tendance humoristique ("mosquito", "ticks attack" ou encore "infestation").
"Stung" (signifiant « piqué ») se classe quant à lui dans la deuxième catégorie, ce dernier ne se prenant jamais au sérieux, avec ses allures de film rendant hommage à ces décennies passées en la compagnie d’insectes dangereux au cinéma.
Partant d’un scénario assez simple et surtout très linéaire dans son ensemble, le film de Benni Diez aurait toutefois pu faire mouche (petit jeu de mots gratuit et fort facile) si ce dernier avait pu maintenir le rythme endiablé de sa première partie.
Car il faut bien avouer que la première moitié du film tient le public en haleine sans le moindre problème : une présentation des personnages convaincante, amusante et pas trop longuette, une arrivée triomphale de nos affreuses guêpes qui vont s’en donner à cœur joie dans cette garden-party, et une mise aux abris logique pour ne pas dire inévitable.
Une première partie riche en rebondissements et en humour qui montre là quelques bien jolies scènes de transformations et quelques meurtres inventifs par le biais d’effets spéciaux mêlant animatroniques (ah, ces bons effets à l’ancienne !) et CGI plus ou moins réussis. Quel plaisir de voir des guêpes mutantes immenses sortir des corps des convives (ayant servi d’hôtes le temps de quelques minutes dirons-nous : des naissances extrêmement rapides !) ou encore des dards se planter dans la chair humaine sous des hurlements de douleur ! (non, je ne suis pas sadique mais avouons que c’est bien ce que nous étions venus chercher !). Une hystérie collective dans le grand jardin de la propriété qui rappelle par exemple un certain "piranhas" mais pendant laquelle nous ne comprendrons par contre pas pourquoi la plupart des invités ne partent pas se réfugier dans la bâtisse de leur hôte (une des très rares incohérences du script qui n’entache cependant pas vraiment cette séquence phare du film).
Une première partie durant laquelle nous faisons bien-entendu connaissance avec la galerie des principaux personnages. Passée une Jessica Cook (Julia) des plus anecdotiques, c’est surtout vers le casting masculin que nous nous tournons ici. Avec son héros maladroit rappelant un peu ce cher Simon Pegg (le personnage de Paul, interprété par un très bon Matt O’Leary), son fils à maman quelque peu penché sur l’alcool ou encore ce maire carrément à côté de ses pompes joué par ce sacré Lance Henriksen, nous avons là un casting fait pour amuser la galerie.
Malheureusement, la seconde moitié du film s’avèrera nettement moins convaincante et ce sur divers points…
Jusqu’alors parsemé de petites touches d’humour ou d’attaques jouissives de nos insectes, le scénario va progressivement sombrer dans un ennui profond en raison d’un humour en perte de régime (dû à un casting tout simplement épuré : la quasi-totalité des personnages n’étant plus de ce monde, nous nous retrouvons avec notre petit couple de survivants principalement), de guêpes forcément en manque de proies et donc moins intéressantes (les attaques se font rares et les effets spéciaux jouissifs du départ ne sont plus de la partie, ou presque plus…) et enfin d’un côté répétitif et déjà-vu regrettable (un home invasion simpliste au possible, une quête sans grand intérêt pour retrouver les clés d’un van…).
Une seconde partie qui perd énormément en efficacité et qui ne parviendra à relever la tête que lors d’une séquence, certes rappelant certains de nos films cultes (qui a parlé d’ "alien" ?), où notre looser pourtant héroïque jusque là se retrouve prisonnier de nos insectes mutants.
Un film qui reprend donc un peu de galon à ce moment du récit mais malheureusement pour très peu de temps : le final, gâché par des CGI de piètre qualité (il faut voir la gueule de notre guêpe en feu sur la carrosserie du van lancé à toute vitesse…) et par un semblant de « je n’ai plus trop d’idée alors je clos mon film », en laissera plus d’un sur sa faim. Quel dommage vraiment !
Après les animaux naturellement imposants et ceux ayant muté à cause du nucléaire, "stung" nous propose comme certains de ses semblables son petit message écologique. Car oui, ce sont bien des engrais chimiquement modifiés qui ont donné naissance à ces vilaines bêbêtes qui sont au cœur de cette petite série B ne manquant pas de fantaisie (pour ne pas dire « piquant »…) et d’effets visuels réussis dans sa première partie mais malheureusement ne parvenant pas à garder sa vitesse de croisière dans sa seconde moitié clairement décevante.