Affiche française
THUNDERCRACK | THUNDERCRACK | 1975
Affiche originale
THUNDERCRACK | THUNDERCRACK | 1975
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oui
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Thundercrack

Thundercrack

Par un soir d'orage, un groupe de jeunes trouve refuge dans un manoir reculé et lugubre habité par une maîtresse de maison alcoolique et lubrique...

THUNDERCRACK | THUNDERCRACK | 1975

L'AVIS :

Comment parler de l'histoire du cinéma underground sans mentionner ses artistes emblématiques à l'époque de son étiquetage ? Ce caractère cinématographique si libertaire et tenu à distance des codes conformes à la culture populaire et aux structures techniques réutilisées sans modération jusqu'à maintenant.

Comment prétendre connaître ce domaine obscure sans savoir parler de Kenneth Anger, Jonas Mekas, Patrick Bokanowski, Alexandro Jodorowsky, Paul Morrissey, Richard Kern, Andy Warhol, John Waters et j'en passe ? Ces figures phares représentatifs d'un univers libérateur qui ne cesse de continuer à transgresser aujourd'hui encore les codes cinématographiques, moraux et sociaux du cinéma habituel.

Et comment parler du genre souterrain sans parler de "Thundercrack!" ?... Cet OFNI né dans l'océan qui fait suite à la libération sexuelle des années 60/70.

Comédie d'horreur pornographique... Voilà comment définir simplement ce film culte tout droit sorti de l'imagination de Curt McDowell sous l'écriture du compositeur Mark Ellinger et du réalisateur George Kuchar, ces trois figures du cinéma underground servant un cocktail unique alliant la pornographie à la série B fantastique avec une touche de mauvais goût. Comme si le monde de John Waters et celui de William Castle entraient en collision.

S'il y a bien une chose à retenir de cette création, c'est sa douce folie baignée dans une atmosphère torride et sombre allant de la comédie noire au nanars le plus absurde, abordant autant l'hétérosexualité et l'homosexualité sans aucun pointement de doigt. Une totale liberté décalée pour un spectacle d'environ 2h30 qui restera gravé dans la mémoire du cinéphile curieux.

Malgré la présence de personnages superficiels aussi inutiles que les meubles qui comblent les pièces du manoir, nous avons cette fameuse femme de maison, parfaitement interprétée par une Marion Eaton complètement folle et sans limite. Cette perverse n'hésitant pas à observer ses invités s'adonner au plaisir charnel l'un après l'autre dans une chambre prévu à cet effet, et utilisant un concombre pour satisfaire ses pulsions lubriques. Une longue séquences musicale exceptionnelle, aussi explicite d'hilarante.

Cette dame luxurieuse aux sourcils improbables reste l'unique personnage réellement intéressant. Les autres ne cesseront de copuler ou de se vanner entre eux, offrant par cette même occasion des punchlines délicieuses et magiques !

Si le temps peut paraître parfois un peu long, rien n'empêche néanmoins d'apprécier l'ambiance de l'épouvante et de l'érotisme à l'ancienne, ces deux genres réunis pour le plus grand plaisir du bisseux le plus coquin. Ce mode d'exploitation qui restera ancré dans l'histoire du cinéma underground ne serait-ce que pour sa pornographie en noir et blanc hyper diversifiée et abracadabrantesque, son histoire bien barrée portée par des personnages décalés et sa farce finale invraisemblablement absurde; l'apparition du fils caché aux testicules immenses et cet employé du cirque poursuivi par une gorille femelle nommée Medusa et amoureuse de lui... de quoi donner de belles scènes nanardesques de haut niveau, n'en doutez pas une seule seconde...

Bref, sous un ton de musique classique et de touches de piano folâtres, cette oeuvre singulière représente à elle-même l'esprit libérateur du cinéma d'exploitation des années 70. Curt McDowell s'écarte de ses courts-métrages pour pondre un long-métrage chargé d'humour, de folie et de sex. Si l'échange entre les personnages peut s'avérer parfois soporifique, plusieurs répliques piquantes surgissent gratuitement et ne manquent pas de faire sourire de nombreuses fois. Quant aux échanges charnelles, Curt McDowell sait comment filmer et le rendu tantôt expérimental, tantôt cartoonesque et tantôt sérieux donne au film un intérêt artistique non négligeable.

Que ce soit les dialogues embrasés entre personnages libidinaux, les multiples masturbations et pénétrations sous fond de musique entraînée par la démence, ou bien la fantaisie loufoque qui plane au-dessus de ce manoir ténébreux et de ses secrets muraux, aucun doute: "Thundercrack!" fait indiscutablement partie des plus grandes références du cinéma underground de son époque et doit avoir sa place, malgré ses imperfections rythmiques, dans le coeur de chaque amateur de ce genre indépendant si obscure.

THUNDERCRACK | THUNDERCRACK | 1975
THUNDERCRACK | THUNDERCRACK | 1975
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Note
4
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Nicolas Beaudeux