Virus

Virus

Superviseur des effets spéciaux sur les films de James Cameron ("Abyss", "Terminator 2", "True Lies"), John Bruno s'offrit en 1999 une belle occasion d'utiliser son savoir-faire, passant derrière la caméra pour un long métrage adapté d'un Comic Book édité chez Dark Horse et conçu par Chuck Pfarrer, déjà scénariste pour "Darkman"… et d'autres films bien plus dispensables. Au final, une série B vitaminée, faite pour enchanter les amateurs de monstres biomécaniques, mais dont les imperfections firent fuir les autres spectateurs. Jamie Lee Curtis, elle-même, préféra sauver ses meubles en déclarant qu'il s'agissait là du pire film où elle avait jamais tourné (menteuse, je peux en citer une dizaine d'autres!).

VIRUS | VIRUS | 1999

Croisant dans le Pacifique Sud, le navire de liaisons spatiales russes A.V. Volkov attend une transmission de la station M.I.R., lorsque cette dernière est frappée de plein fouet par un OVNI électrique. Ce dernier est transmis aux paraboles du navire, dont les contrôles informatiques sont aussitôt piratés.

Sept jours plus tard, en plein typhon, le cargo SEA STAR, dirigé par le capitaine Everton (Donald Sutherland), perd sa barge de transport industriel et doit gagner l'œil du typhon pour obtenir un peu de calme et entreprendre des réparations.

Détectant le A.V. Volkov sur leur radar, les membres de l'équipage se rendent à son bord et découvrent un navire inanimé, portant les signes d'un mystérieux carnage. Alléchés par la somme qu'ils pourraient gagner en ramenant ce bâtiment à bon port, ils rétablissent le courant… et redonnent ainsi vie à de redoutables occupants.

"Virus" ne risque pas de briller pour ses dialogues. En effet, ce qui peut passer dans une bande dessinée ne supporte guère la retranscription telle qu'elle à l'écran, même pour un film de genre bourré d'action; et on a beau dire, il est rare qu'un technicien d'origine comme John Bruno fasse des miracles du côté de la direction d'acteurs, aussi prestigieux soit son casting. C'est vrai, Jamie Lee Curtis joue mal, ce que la version française est loin d'améliorer, et la plupart des autres acteurs doivent s'en tenir à un registre on ne peut plus standardisé. Seul Donald Sutherland parvient à tirer son épingle du jeu en vieux renard des mers malhonnête et cupide, sa prestance naturelle supportant aisément le cabotinage. Mais cela dit, pas de quoi jeter des pierres pour autant à ce petit film essentiellement basé sur ses calamités futuristes, alliages splendidement glauques de robotique et de chair humaine! Insectes mécaniques tout droits sortis d'une boîte de mécano infernale, androïdes crasseux et belliqueux, robot massifs et tétanisants de violence, une jubilation de sale gosse semble avoir présidé à l'élaboration de ces monstres animés par courant électrique, suppléant largement la passable présence de l'équipage de chair et d'os… qui est d'ailleurs le vrai virus!

Niveau scénario, même ceux qui ne considèrent pas l'originalité comme une vache sacrée pourront lever les yeux au ciel : "Virus" a beau provenir au départ d'un Comic Book, John Bruno n'est pas allé à l'école James Cameron pour rien et se sert largement de la trousse à outil de son maître. On pourrait donc sans problème considérer "Virus" comme un gros mixage de "Terminator", d' "Abyss" et d' "Aliens le retour". Mais pour peu que vous ne soyez pas contre une séance de pur "entertainment" à l'américaine ("Houuuuu pas bien!"), c'est une tranche de pur divertissement qui vous attend, avec ses bonds gros sabots musicaux et ses épisodes d'action menés tambour battant. Tempête, découvertes macabres (Jamie dans un bain de cadavres, c'est possible), gunfights bien nourris, surprises du chef, fausse fin et happy end musclé ("Houuuuu pas bien du tout!"), rien ne manque, et pour le coup, John Bruno fait preuve d'une belle maîtrise de réalisateur. Les scènes ont du punch et dégagent une agressivité tout à fait plaisante, et en somme, on prend son pied sans se poser trop de question, ce qui peut faire beaucoup de bien!

Un film qui ne restera pas dans les annales? Sans doute. Du moins pour la majorité, les fondus d'alliages bio-cybernétiques lui faisant certainement une petite place aux côtés de "Moontrap". C'est peu, mais ce n'est pas la Bérézina!

VIRUS | VIRUS | 1999
VIRUS | VIRUS | 1999
VIRUS | VIRUS | 1999
Note
5
Average: 4.2 (1 vote)
Stéphane Jolivet